La Part des choses
de Benoîte Groult

critiqué par Marvic, le 31 janvier 2022
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Trois couples sur un bateau
Marion et Yves n’étaient pas faits au départ pour vivre ensemble. Un homme volage, une femme qui se veut libertaire mais qui souffre de ses infidélités. Maman de deux filles devenues adultes, elle supporte mal qu’elles aient toutes deux abandonné leurs brillantes études pour devenir mères au foyer.
"On dirait que les femmes ne croient pas aux spermatozoïdes, que même aujourd’hui les filles ne peuvent pas attendre pour remplir cette fonction physiologique qui semble seule capable de leur donner le sentiment d’exister ! C’est à croire qu’en les mariant, on les mène au taureau. l’insémination suit immédiatement la cérémonie nuptiale comme si elle en était le but inavoué."

Jacques et Patricia forment un couple bourgeois très classique. Jacques est un ami proche de Marion ; dentiste, il ne compte plus ses heures pour que les 5 enfants de "matricia" ne manquent de rien jusqu’à ce qu’un infarctus le contraigne au repos.

Et puis Alex et sa richissime épouse Iris qui ne supporte pas sa cinquantaine et qui offre à ses amis un tour du monde de 6 mois sur un yacht, véritable palace flottant, afin que Yves réalise un film.
"Après, il ne reste plus qu’à s’habituer mais c’est entre quarante et cinquante que tout arrive : la première atteinte de la vieillesse, la certitude de mourir un jour que l’on ne tenait pas encore pour acquise jusque-là ; la disparition de ses propres parents alors qu’on commençait à comprendre ce qu’ils étaient ; la découverte de la relativité de l’amour ; enfin la dispersion définitive de cette cellule familiale qui semblait la substance même de la vie... "

Ils seront rejoints par Tibère, cinéaste professionnel et par la jeune et jolie Betty de 26 ans.

Mais ce long huis-clos à bord du bateau, malgré des escales passionnantes, ou paradisiaques, n’empêchera pas les tensions ; particulièrement à l’intérieur des couples.
Et l’on assiste au délitement des relations de ces trois couples, ces hommes et ces femmes incapables de communiquer, et donc incapables de se comprendre.

Le début du roman n’est pas passionnant, intéressant sociologiquement avec son panorama de la vie bourgeoise il y a 50 ans. J’ai retrouvé dans le personnage de Marion, la virulence, l’engagement féministe de l’autrice, avec parfois un langage étonnamment direct voire cru.
Un livre bien sûr daté mais qui offre de belles pertinences surtout quand, comme moi, on apprécie Benoîte Groult.