En l'absence des hommes de Philippe Besson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le premier roman de Philippe Besson
Il est plutôt amusant de redécouvrir un livre que la critique a découvert comme "premier roman" alors que l'on sait le succès et la considération dont jouit aujourd'hui Philippe Besson, romancier confirmé plutôt que jeune auteur. C'était son premier roman et déjà il savait séduire comme il a pu le démontrer dans ses "succès successifs", Son frère, L'Arrière-saison...
C'est après avoir lu Paroles de poilus et Douze lettres au soldat inconnu que Philippe Besson se lance en 1999 dans l'écriture avec En l'absence des hommes. Nous sommes en 1916? Les hommes sont à la guerre.
Le narrateur se nomme Vincent de L'Etoile. Il a 16 ans et n'est donc pas mobilisé. Dans les salons parisiens où Vincent évolue, il fait la connaissance d'un grand auteur (qui n'a pas été mobilisé car il est asthmatique)
Le grand homme succombe vite à son charme et leurs rendez-vous se multiplient, instants hors du temps et à mille lieues des horreurs de la guerre. Et tant pis si les gens les observent et jasent. Arthur, un jeune soldat de 20 ans en permission meurtri par les jours terribles qu'il vit dans les tranchées au milieu des cadavres et des explosions, apparait à Vincent et lui demande : "prends-moi dans tes bras, pour que je sois autre chose que ce soldat crotté, cet anonyme des tranchées du nord de la France, cette ombre grise et sale". Et leur amour se fait à la fois sublime et terrible car il est menacé par la guerre et la fin de la permission d'Arthur. Tour à tour journal intime et roman épistolaire, En l'absence des hommes s'impose comme un roman maitrisé et très bien écrit. Philippe Besson sait raconter cette histoire d'amour avec beaucoup de pudeur et restitue le destin de tant de jeunes hommes plongés dans l'enfer des tranchées, qui combattaient la peur au ventre. Lui, Arthur, se sert de l'image de Vincent pour ne pas sombrer dans la folie. Leurs lettres et leur amour sont bouleversants tant il s'agit d'un amour pur, la tendresse seule leur permet de lutter contre l'horreur. Ce magnifique premier roman, qu'Edmonde Charles-Roux qualifia de "divine surprise" augurait de belles heures de lecture, ce que Philippe Besson confirma par la suite. En l'absence des hommes a reçu le prix Emmanuel-Roblès, décerné par l'académie Goncourt.
Les éditions
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En l'absence des hommes [Texte imprimé] Philippe Besson
de Besson, Philippe
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266144322 ; 7,30 € ; 15/03/2004 ; 214 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Un double intérêt
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 12 mars 2019
Un roman d’une belle écriture à conseiller à :
1. Tous ceux intéressés par la vie dans les tranchées de 14-18.
2. Tous les parents déboussolés devant des ados à tendance homo.
C’est ce qui s’appelle un double intérêt. Chapeau à Philippe Besson !
Extrait :
(C’est la mère d’Arthur qui parle) : Arthur n’avait pas quinze ans quand j’ai compris qu’il était perdu pour l’amour des femmes et, plutôt que d’en être catastrophée, j’ai accepté cette découverte, je l’ai accueillie comme quelque chose contre quoi il ne servait à rien, sans doute, de tenter de lutter. Je n’ai pas réfléchi. Il n’y a pas eu non plus de bienveillance de ma part, pas de complaisance. Cela s’est passé, c’est tout. Nous n’en avons jamais parlé. Et chacun d’entre nous savait que l’autre savait. Cela n’a jamais été une difficulté, jamais un sujet de discussion non plus. Juste une certitude entre nous, paisible et silencieuse.
Un roman magnifique
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 14 septembre 2013
La présence dans l'absence
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 15 juillet 2010
Des phrases courtes qui donnent force à la rencontre de Vincent avec Marcel, l’homme aux phrases tellement longues que l’on s’y perd. Et c’est assez de cela dont il s’agit.
Un jeune homme de seize ans, brun et beau, blasé dans une bourgeoisie étriquée trouve ou croit trouver son salut dans une certaine forme de rébellion, qui ne s’avère en fait que l’érection de la liberté en dogme absolu, (thème qui m’est cher) et qui le même jour, rencontre l’amitié avec Marcel son ainé de 30 ans et l’amour avec Arthur de retour de permission du front de Verdun en pleine grande guerre.
Puissance de la rencontre, puissance de l’interdit de cette histoire d’amour et d’amitié unissant trois hommes plus qu’on ne saurait l’imaginer en commençant ce très court ouvrage.
De très très belles phrases sur l’amour, l’amitié, la passion des corps, le fil du rasoir permanent sur lequel vacillent forcément toutes les relations passionnées.
Loin d’être un livre sur l’homosexualité, c’est une déclaration d’amour de 200 pages et c’est cela qui compte.
Un dénouement certes inattendu mais qui n’apporte guère à la force du tout sauf peut-être de séparer ces trois hommes finalement inséparables.
Petite pépite
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 2 juin 2010
Mais la guerre n’a pas l’intention de se faire oublier, et une autre rencontre va vite faire basculer Vincent de l’insouciance à la maturité. Le troisième homme de cet été 1916 est Arthur, jeune soldat de vingt-et-un ans qui rentre chez sa mère pour quelques jours de permission. Pour quelques jours de repos, avant de retourner au combat. Arthur est cassé, tant physiquement que moralement, et ressent une urgence à vivre pleinement ces instants car il n’y aura peut-être pas d’autre retour à la maison.
Alors dès qu’il retrouve Vincent, qu’il connaît depuis l’enfance, le soldat lui déclare sa flamme sans préambule. Et Vincent s’abandonne à cet amour absolu.
Ce roman est le premier de Philippe Besson, auteur que je viens de découvrir à l’occasion de cette lecture. Et ce premier livre est également mon premier gros coup de cœur de l’année, tant cette histoire dramatique est belle et grande. Dans un style élégant, sobre et d’une grande pudeur, l’auteur nous emporte avec lui au cœur de cet amour fou et libre, superbe et déchirant.
Dans la seconde partie du récit, après le départ d’Arthur, la liaison entre les deux hommes devient épistolaire et leur passion enfle encore. Les lettres qu’ils s’adressent sont toutes plus bouleversantes les unes que les autres.
Epistolaire également devient la relation entre Vincent et Marcel, et leurs missives sont très touchantes, Marcel devenant le confident de Vincent qui n’en peut plus de taire cet amour.
Poignant enfin est le rapprochement entre Vincent et la mère d’Arthur, unis tous deux par la douleur du manque de l’être aimé et la terreur de le perdre. C’est alors au tour d’Arthur de devenir le confident de cette femme pour qui la vie n’a pas été tendre, et qui afin de se soulager va dérouler pour lui le fil de son existence. Ce qui achève de faire de ce livre un roman auquel on ne peut rester insensible et dont il est impossible de sortir indemne. Malgré l’ultime coup de théâtre proposé par l’auteur, qui m’a quelque peu gênée mais que je ne retiendrai pas tant l’ensemble est une véritable pépite.
Faut arrêter de se pâmer !
Critique de Dominiq (, Inscrit le 18 mars 2005, 60 ans) - 24 avril 2009
Encore un de ces auteurs influencés par la médiocrité littéraire d'aujourd'hui, me disais-je ! On en retrouve la paresse et la molesse.
L'idée en est pourtant originale quoique légèrement bancale et capilo-tractée (Proust ! Une filiation autre que littéraire !). Et s'il y avait eu un réel travail littéraire, pourquoi pas !
Mais "en l'absence de" ce travail, ça confine au ridicule. C'est tout l'enjeu du travail littéraire que de donner vie et vraisemblance à une idée. Mais là, non, c'est raté: scénario léger, mêmes tics d'écriture partout, aucune démarcation dans l'expression (et donc dans l'identité) des "personnages" (Besson incapable de créer des personnages, ni, a fortiori, de les rendre vivants), dans la partie "roman à lettres", les lettres du front sonnent cruellement faux, et Besson est inapte à rendre le style et la subtilité de Proust dans ses lettres (qui sont d'un débile !..), prétention et bavardage creux et convenu, sentences à deux balles au coin de chaque paragraphe, invraisemblable ton du personnage de 16 ans, anachronismes (en 1916, Proust avait très peu de notoriété: il n'aura le Goncourt qu'en 1919). L'évocation de Proust m'évoque tout sauf Proust, et Besson croit, en étalant sa science proustienne (ce que tout le monde peut lire dans une bonne biographie), masquer son absence de talent.
Bref, ça a été un pensum d'aller jusqu'au bout. Heureusement, c'est court !
Un diamant dans la boue des tranchées
Critique de Spiderman (, Inscrit le 14 juin 2008, 62 ans) - 19 juin 2008
Ce livre est une merveille de sensibilité et de finesse, à conseiller à ceux qui voudraient vraiment comprendre l'inéluctabilité de l'attraction entre deux hommes, malgré l'hostilité morale et sociale ambiante.
Une lecture attentive, ouverte, permettra de voir qu'il n'y a rien ici en relation avec la pédophilie et que Vincent, du haut de ses seize ans, est un homme qui assume ses choix et dont la maturité impressionne et passionne un Marcel (Proust) dont l'attachement n'est que platonique.
La deuxième partie, épistolaire, est particulièrement bouleversante. Comment ne pas rêver avoir pour correspondant Arthur ou Vincent et vivre un tel éblouissement amoureux au milieu de l'horreur ?
C'est merveilleux, beau à en pleurer
Critique de BONNEAU Brice (Paris, Inscrit le 21 mars 2006, 40 ans) - 15 avril 2008
Quelle magnifique et émouvante histoire que celle de ce jeune Vincent de l’Etoile, parisien de 16 ans, « né avec le siècle », les cheveux noirs, les yeux verts en amande, une peau de fille. Fils d’une famille aristocrate, il échappe à l’horreur de la guerre, et jouit des plaisirs parisiens pendant que le reste du pays s’enlise dans une guerre qui semble ne plus en finir.
Vincent rencontre Marcel, vieil écrivain « pas joli », journaliste, qui préfère la compagnie des hommes à celles des femmes. Des jeunes hommes, même, comme Vincent, auprès de qui il trouve un ami plein de surprises et objet d’une grande affection.
Vincent découvre Arthur, le fils de leur femme de maison, le jour où, rentré du front pour une permission d’une semaine, ce dernier avoue son sentiment amoureux à l’égard du jeune adolescent gracieux. Ensemble, ils partagent une idylle amoureuse, le premier découvrant ses sentiments pour un jeune homme, le second oubliant l’horreur de la guerre au profit d’un amour accompli.
Vincent navigue habillement dans sa vie parisienne, profitant de son amitié pour Marcel, et entretenant la flamme de son amour pour Arthur, retourné à son devoir pour la patrie.
Et nous, lecteur. Nous au milieu de tout ça, amené à tout savoir, tout connaître, parce que l’auteur en a voulu ainsi. Vivre cet amour, vivre la douleur des épreuves, la douceur des caresses, la jalousie des amis. Vivre le silence des secrets, les larmes de la consolation. Nous, lecteur, nous sommes ébahis et touchés par cette histoire singulière, celle du premier amour d’un adolescent de 16 ans, cheveux noirs, yeux verts, peau de fille.
La vie à pleines dents
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 4 avril 2006
A mes yeux, il s'agit plus que d'une amitié, il s'agit d'une échappatoire, d'une véritable délivrance. Vincent ne veut pas mourir, les tranchées de Verdun très peu pour lui et comme on le comprend ! Il est plein de vie et de fougue, il veut vivre avec passion et c'est ce qu'il fera. En plongeant à corps perdu dans l'oeuvre de Proust qui lui permet d'oublier la guerre et ses horreurs. Une liberté d'esprit qui lui offrira, le temps d'une trop courte permission, les plaisirs d'une relation amoureuse interdite avec un autre militaire prénommé Arthur.
Il se dégage une telle hargne et une telle envie de vivre de ce roman, un tel appétit d'amour et aussi beaucoup de désillusions.
L'histoire de Vincent
Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 12 mars 2006
Mais le charme a opéré , je ne sais pas quand , à partir de quelle phrase , peut-être est-ce la rencontre avec Arthur qui a été une source d'émerveillement mais pour moi également . Cet amour , bien qu'interdit est décrit avec une telle finesse , pudeur , pureté qu'on en vient presque à oublier que ce sont deux hommes . A travers cet amour on découvre la guerre des deux côtés , le front et l'attente pour les personnes qui ne sont pas mobilisées . Personne ne peut comprendre ce que l'autre vit .
Je ne sais pas comment expliquer mais pour moi le plus important dans ce livre est bien cet amour qui lie Arthur à Vincent et non cette amitié que Vincent noue avec Marcel , dans la deuxième partie du livre (la séparation des corps -je dois avouer que l'idée de séparer le livre en trois parties oserais-je dire en trois actes? est elle aussi très intéressante , et ajoute encore un peu plus de poids au livre ) , je disais donc que lorsque Marcel "mettait en garde " Vincent , je pensais mais de quoi se mêle-t-il ? Même si les amis veulent nous empêcher de commettre leurs erreurs et souhaitent que leurs expériences nous profitent également.
On ne peut pas empêcher une expérience et Vincent le voit bien lorsque Arthur lui demande de l'oublier c'est impossible , inconcevable il prendra tout le bonheur qu'il a vécu aussi bien que le malheur qui le guette . On comprend que Marcel aide Vincent à traverser cette épreuve mais on se rend compte que malgré tout il est seul face à lui-même , face à l'attente , face au silence .
Hormis cela on ne comprend pas en quoi cette amitié apporte quelque chose à Vincent .
La fin , on s'y attend , on la comprend avant même de la lire , mais quand on lit le dernier "acte " on finit ce livre avec une certaine amertume en se disant que Vincent est seul , définitivement .
Pas tout à fait convaincue…
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 30 octobre 2005
Ce qui est certain, c’est que Philippe Besson réussit à raconter les amours entre hommes sans choquer ni se cacher derrière des formules elliptiques, même lorsque les ébats physiques sont abordés. L’évocation de l’amour homosexuel est tout à la fois franche et subtile. Vincent, 16 ans, entame deux relations en même temps : l’une, charnelle et puissante, avec un jeune soldat de 21 ans en permission et l’autre, qui tient plus de l’amitié ambiguë, avec un écrivain célèbre de 45 ans, Marcel P. (les allusions à Proust sont nombreuses).
L’auteur utilise une technique un peu lourde dans la première partie du récit qui consiste en un journal intime : pas de dialogue au sens strict, mais des phrases précédées de « il dit », « je dis », ou même « je pense ». J’avoue que cela m’a dérangée.
Une large place est consacrée aux silences, les silences plus éloquents que n’importe quelle parole, les silences qui marquent l’approche de deux êtres, les silences qui précèdent l’explosion des sens, les silences des faces à faces où deux inconnus se reconnaissent.
Beaucoup de positif, donc, malheureusement ceinturé par un style qui ne m’a pas convaincue…
Envoûtant
Critique de Mary'M (PARIS, Inscrite le 26 août 2005, 57 ans) - 26 août 2005
Très prometteur, déjà ...
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 28 septembre 2004
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