Le bouddha de banlieue de Hanif Kureishi
( The buddha of suburbia)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Asiatique
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L'Angleterre des années 70 vue par un "Paki"
Karim, 17 ans, mène sa petite vie, assez médiocre dans la banlieue londonienne. En apparence parfaitement adapté, il peine à se "trouver" tiraillé par sa double culture. D'un côté, la famille de sa mère, anglaise bon teint, avec la tante Jean, alcoolique notoire et l'oncle Ted, chauffagiste raté ; famille aux principes bien installés mais au demeurant débrouillarde et ambitieuse. De l'autre côté, la communauté pakistanaise, avec l'oncle Awar, qui après 10 ans d'apparente intégration, se tourne vers l'islamisme en voulant imposer un mari à sa fille Jamila, grande militante, gendre qui se révèlera être un bon à rien hideux mais terriblement attachant.
Au centre de tout ce petit monde, la famille de Karim s'adapte. Jusqu'à ce que Haroon, le papa, commence à donner des séances de bouddhisme privées dans les quartiers plus huppés. Karim y découvrira un nouveau monde qui lui donnera l'ambition de réussir. Surtout quand Haroon quittera son épouse pour Eva, une quadragénaire dynamique, véritable femme d'affaire, qui les emmènera, lui et Karim, mener la grande vie à Londres.
Karim découvrira alors le monde impitoyable du théâtre, avec ses dérives dans l'alcool et le sexe. Son meilleur ami, Charlie, passera du dandy chic à la superstar punk. Et tout cela sur un rythme décadent et conté avec un humour désopilant.
Hanif Kureishi évoque l'Angleterre des années 70-80, la politique, l'émigration, le racisme, le monde superficiel des vedettes, etc sur un ton décalé, dans un roman peuplé de personnages loufoques et dingues.
C'est parfois décousu, souvent osé mais Hanif Kureishi a l'art de toucher juste, de déceler les vrais problèmes et d'analyser finement l'époque, tout cela s'en se prendre trop au sérieux et avec un véritable sens de la dédramatisation.
Les éditions
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Le bouddha de banlieue [Texte imprimé] par Hanif Kureishi trad. de l'anglais par Michel Courtois-Fourcy
de Kureishi, Hanif Courtois-Fourcy, Michel (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264018199 ; 8,10 € ; 23/04/1993 ; 416 p. ; Poche -
Le Bouddha de banlieue
de Kureishi, Hanif Courtois-Fourcy, Michel (Traducteur)
Christian Bourgois
ISBN : 9782267008692 ; 24,39 € ; 01/10/1991 ; 414 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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SO MUCH SEX
Critique de Thomas Mornuty (, Inscrite le 14 mars 2021, 23 ans) - 14 mars 2021
Ado de 17 ans d'origine indienne dans les années 70 à Londres
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 6 décembre 2020
Hanif Kureishi happe son lecteur par sa façon de mener son récit, à la fois photographie de l'intégration des communautés indienne et pakistanaise dans Londres, et récit vivant et amusant sur cette famille dans laquelle on extériorise facilement ses ressentis. Tout est verbalisé, même ce qui pourrait être embarrassant, je pense surtout au personnage de Changez qui ne semble pas bien pudique. L'auteur s'amuse à nous confronter à des personnages qui s'affranchissent des conventions sociales et qui se libèrent moralement et sexuellement. Quand on lit ce roman, nous avons vraiment l'impression que l'auteur retranscrit tout simplement la vie, sans fioritures ni censure.
L'appartenance à une communauté, l'amour et la découverte de la sexualité, la gloire sont les thèmes principaux de ce roman. Il est difficile de poser ce roman tant l'écrivain possède une plume vive et capable de saisir avec un grand naturel certaines situations. Ce roman peut être considéré comme un roman d'apprentissage. On pourrait penser à Balzac ou à Stendhal, mais transposé dans les années 70 avec un style en accord avec son époque. Le personnage déménage ou voyage. Ses déplacements marquent les étapes de sa formation, de la banlieue à Londres, puis de Londres à ... Les personnages secondaires ne manquent pas de sel comme ce pauvre Changez qui vient d'Asie pour épouser Jamila, le charmant Charlie dont la beauté emporte tout sur son passage, Eleanor cette comédienne bohème ...
Les passages qui concernent les relations familiales sont les plus réussis. Ils sont pittoresques et amusants. Le roman ne tombe jamais dans le misérabilisme. Le narrateur et personnage principal peut faire preuve d'une certaine audace et se montre entreprenant dans beaucoup de domaines. Les personnages ne se morfondent pas et prennent le taureau par les cornes. Ils crient, ils s'aiment, vivent. Hanif Kureishi a rédigé un roman vif, touchant et juste. A la fin du roman, le lecteur a vraiment l'impression de bien connaître ce monde à jamais immortalisé par l'auteur.
Multiculturalisme à la sauce british avec beaucoup d’épices
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 22 juillet 2009
Pendant un long moment, je croyais lire un livre de Jonathan Coe. Comme lui, Kureishi campe admirablement des personnages étoffés dans le contexte social d’une époque. Tout est là, les classes, le climat, la religion, le sexe, la culture etc. En dépit d’une traduction moyenne, l’humour et l’authenticité du récit nous happe.
(Prix Whitbread 1er roman)
Londonistan
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 8 janvier 2008
Avec Le bouddha de banlieue, c'est un roman fortement autobiographique qui raconte la jeunesse à Londres d'un fils d'émigré Paki ...
[...] Comme beaucoup d'indiens, mon père, quoique petit, était beau et bien fait avec des mains délicates et des manières gracieuses. À côté de lui, la plupart des anglais donnaient l'impression d'être des girafes maladroites. [...] Il était en particulier aussi fier de sa poitrine que nos voisins l'étaient de leur cuisinière électrique. Au moindre rayon de soleil, il enlevait sa chemise, se précipitait dans le jardin avec un transat et son journal.
et d'une mère British ...
[...] Ma mère était une femme potelée qui n'attachait guère d'importance à son corps. Elle avait un visage rond et pâle et de gentils yeux mordorés. Elle considérait son corps comme un objet gênant qui l'entourait, uen sorte d'île déserte, inexplorée, sur laquelle elle aurait échoué.
Hanif Kureishi est fin et plein d'humour tendre envers ses personnages et il n'est jamais aussi bon que quand il décrit sa famille paki émigrée dans la banlieue Sud de Londres : les parents, les frères, la cousine émancipée, les tantes ou les oncles épiciers, ...
On parcourt ainsi les rues de Londres mais aussi les années 70 (puis 80) et c'est, pour ces immigrés comme pour beaucoup d'autres, les années de la découverte de la liberté : Soft Machine, Pink Floyd (ahh Ummagumma !), King Crimson, Emerson Lake & Palmer, tout y est avant plus tard les punks ...
Une époque où les drogues n'étaient pas encore dures et où le désir n'était pas synonyme de maladie sexuellement transmissible (Karim, le héros de Kureishi s'essaie à tous les plaisirs et fonctionne à voile et à vapeur).
On a lu en diagonale un passage un peu plus lourdingue quand Karim se lance dans le théâtre (l'agit-prop des années 70 !) et se regarde un peu trop le nombril (pour ne pas dire un peu plus bas) préfigurant ainsi la gay generation dont la seule préoccupation existentielle semble être de savoir avec qui coucher ce soir.
Mais cela ne suffit pas à gâcher cette intéressante et amusante plongée dans les années passées et les milieux indiens de Londres.
MAGNIFIQUE!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 13 septembre 2007
«Le bouddha de banlieue» raconte le passage à l’âge adulte d’un jeune homme -Karim justement-, qui a tout juste 17 ans au début du roman, et qui découvre la vie.
Karim est un jeune garçon comme tant d’autres qui vit dans la banlieue pauvre de Londres, dans l’Angleterre des années 7O. Il va à l’école, mais sans aucune envie, il drague mais n’a pas beaucoup de succès (il est d’ailleurs bisexuel), il a une famille, mais celle-ci l’ennuie mortellement…
Jusqu’au jour où son père Haroon, décide de l’emmener à une réunion chez sa maîtresse Eva, où il officie comme une sorte de gourou New Age, Karin y rencontre Charlie, le fils d’Eva pour qui il a des sentiments, et à partir de ce jour là, sa vie va changer.
Haroon quitte sa femme Margaret (une anglaise blanche) pour Eva, qui déménage avec eux pour le centre de Londres. Karim qui ne va plus à l’école, découvre une nouvelle vie, devient comédien et décroche son premier rôle au théâtre.
Et tandis que sa famille se désintègre, Karim reçoit l’aide et les conseils de sa cousine Jamila, qui est aussi sa maîtresse, malgré son récent mariage avec Changez, un indien incapable de se prendre en main seul.
Karim devient célèbre, part en tournée aux Etats-Unis d’Amérique et y rejoint son demi-frère Charlie devenu entre temps un musicien punk adulé par ses fans. Karim expérimente la drogue, et explore sa bisexualité… trouvera-t-il le chemin pour enfin devenir un homme?…
L’écriture d’Hanif KUREISHI est vraiment très belle, parfois très crue, il faut dire que le romancier anglais ne fait que transcrire le langage des jeunes de cette époque.
Malgré un style d’écriture très volatile, l’histoire reste elle très linéaire, et on suit sans peine l’évolution des différents personnages. L’évolution physique, et surtout l’évolution psychologique de Karim, avec tous les troubles provoqués par le passage à l’âge adulte.
Les portraits des personnages sont très beaux, l’oncle Ted, la cousine Jamila, et son mari «Changez» (surnommé «bouboulle»), sont vraiment saisissants et inoubliables…
Enfin, la description du Londres des années 70, et des différents mouvements qui s’y côtoient (punk, révolutionnaires de gauche, communautés hippies…) est elle aussi très belle, bien que très réaliste, ce qui ne fait que renforcer l’intérêt du livre.
J’ai été déçu de ne trouver sur CL qu’une seule critique, (et un seul livre critiqué) d’Hanif KUREISHI, parce que nul doute qu’il s’agit là véritablement d’un très grand écrivain, qui j’en suis sûr est promis à une très grande carrière dans le monde des lettres.
Il faut vraiment découvrir ce livre, et cet auteur sans tarder car il vaut la peine d’être lu.
Je tiens enfin à rendre hommage à Féline, pour sa très belle et très intéressante critique de ce livre, qui m’a vraiment donné envie de lire ce livre, et à mon libraire, qui me voyant hésiter au moment de l’achat m’a dit «Vous verrez, il est vraiment bien»… il avait tout à fait raison!
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