Fay
de Larry Brown

critiqué par Renald, le 23 septembre 2004
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Dur comme la vie
Fay est une jeune femme de dix-sept ans. Elle est belle, troublante, innocente et les hommes se retournent sur elle. Un matin elle fugue. Elle laisse derrière elle un père alcoolique, violeur, brutal, incapable, une mère folle et un frère de 15 ans chargé de les nourrir tous. Sur sa route elle rencontre Sam un homme marié. Il est bon, simple mais désespéré suite à la mort de sa fille. Elle accepte son aide et va vivre avec lui et sa femme. Après quelques mois d’une vie troublante et passionnelle un drame l’oblige à fuir. Elle reprend la route et après d’autres aventures elle croise Aaron. Il est videur dans une boite de nuit. C’est un homme fort, rassurant mais souvent violent. Malgré ses craintes et parce qu’elle a besoin d’aide Fay accepte de vivre avec lui dans une maison en bord de mer. Après quelques mois Fay pense toujours à Sam, à sa famille et à son frère en particulier, elle se sent coupable et reprend contact avec Sam et lui demande de venir la chercher, mais rien ne se produit comme prévu et Fay devra de nouveau fuir.
Larry Brown avec une écriture simple et juste prend le temps de nous montrer les villes, les campagnes, les routes, les hommes et les femmes d’une Amérique profonde que l’on voit rarement. Les hommes sont brutaux, alcoolique, incapable d’exprimer leurs sentiments. Ils traînent de bar en bar et conduisent sans but sur des routes interminables à bord de leur « pick up » une arme sous le siège et une glacière remplie de bière fraîche à porté de main. Les femmes sont à la merci des hommes, convoitées ou exploitées. Elles tentent de se faire une place, de se faire aimer et disparaissent avant qu’il ne soit trop tard. La grande qualité du roman de Larry Brown n’est pas dans l’histoire mais dans la consistance de ses acteurs. Dès les premières pages Fay est une personne de chair et de sang que nous n’avons pas envie de quitter tout comme les personnages qu’elle croise. Il y a beaucoup de pudeur dans le regard de Larry Brown sur ces êtres, un mystère, une interrogation. On aimerait que la chance tourne mais le destin/l’auteur est toujours plus fort et Larry Brown garde sa vision de la vie. Il est souvent comparé à William Faulkner. Il y a effectivement une continuité dans l’observation et le regard porté sur les hommes mais aussi sur l’importance des lieux et du paysage. Il fait partie de ces écrivains américains bien ancrés dans leur terre natale et qui après avoir fait de multiples petit boulots, écrivent des romans sincères capables de nous toucher. Je recommande la lecture de « Joe » ( écrit en 1994 ) qui retrace la vie de la famille de Fay avant son départ.
la température de la bière 2 étoiles

"La grande qualité du roman de Larry Brown n’est pas dans l’histoire mais dans la consistance de ses acteurs"
dit renald. C'est aussi mon opinion pour ce qui concerne Fay et on pourrait à son sujet (à la rigueur, en étant très gentil) évoquer Faulkner à condition de ne pas tenir compte de l'écriture, c'est à dire du talent littéraire, mais pour ce qui concerne les autres personnages, tous sont décrits à travers des stéréotypes bien lassants.
Cependant le début , disons le premier tiers du livre, est bon, travail d'écrivain assez talentueux mais comme c'est très fréquent dans ce genre de littérature le reste se perd dans un magma écrit par un tâcheron sans plus aucune inspiration. Cette profusion de détails totalement inutiles, ces descriptions répétitives et totalement gratuites, et la ritournelle obsessive sur les bières qu'on boit, qui sont fraiches ou déjà tièdes deviennent même franchement ridicules ... Enfin la grossièreté ou la vulgarité recouvre salement toute la narration, c'est à dire l'écriture.

Phineus - Bordeaux - 87 ans - 21 avril 2012