L'eau du bain
de Pascal Morin

critiqué par Monito, le 24 septembre 2004
( - 52 ans)


La note:  étoiles
révélations dans une piscine
Une piscine, un été, trois frères, un père, un grand-père, une demie-soeur...
Le poids des non-dits, le poids d'une histoire, de drames, de petits drames. Le poids d'une mentalité, de convenance. UN besoin d'air frais, de rafraichissement, un piscine comme échappatoire. Des morts, une piscine comme déclecheur d'une libération, une piscine révélatrice. Un style simple, une écriture faite de réflexions à soi-même. UN bon premier roman, peut être un peu court et pas assez fouillé psychologiquement. Une inconnue...la soeur ?
l'eau salvatrice et malfaisante 8 étoiles

Ce premier roman de Pascal Morin est stupéfiant et laisse entrevoir un auteur prometteur. Décidément la ligne éditoriale de la Brune au Rouergue me plaît bien : on retrouve ici aussi cette atmosphère moite et trouble, le mal qui agit en douce, subrepticement, alors que l'on cherche à comprendre cette violence sourde qui soudain explose. Le narrateur a fui la terre pour la ville, il revient à la campagne seulement pour la piscine que le père a bien voulu céder sur le jardin du grand-père. Description d'une famille d'hommes burinés par le soleil et le travail, les femmes sont absentes (où sont-elles?),qui est cette petite fille encombrante qui annonce le malheur ? et peu à peu les trois frères font le vide autour d'eux, pour le seul plaisir d'un bain dans la piscine. Dérangeante au possible, cette eau du bain, qui si elle est salvatrice pour le narrateur, est mortelle pour les autres.
Une belle découverte, juste après "l'office des vivants" de Claudie Gallay, dans la même collection chez le même éditeur.

Laure256 - - 52 ans - 26 juillet 2005


Excellent, ce premier roman ! 9 étoiles


Quel plaisir de parcourir les pages d'un livre aussi captivant ! Pour une entrée dans l'arène littéraire, Pascal Morin saute à pieds joints et impose applaudissements ! "L'eau du bain" est une histoire à la fois hallucinante, grinçante et ironique. Mortelle !.. On n'en soupçonne pas l'impact au début, et ça nous surprend au détour d'une phrase... paf ! "Je m'approche, je lui dis bonjour, et je le jette à l'eau." ... Le sang nous glace, mais avant ça qui aurait pu s'en douter ? Car le narrateur vient de la ville passer ses vacances à la campagne, lieu de son enfance, où résident toujours le grand-père, le père et les deux frères, Emmanuel et Franck. Tous sont des gars de la terre, des authentiques produits du terroir, du pays que le narrateur a fui, toutes voiles devant. Pourquoi il revient cette année ? profiter du soleil, bronzer, paresser ... et se baigner dans la piscine ! Car ça y est, le grand-père a cédé : une piscine a été creusée à la place du potager ! Victoire ! Le grand-père pleure ses haricots et ses fraises, les trois frères barbotent avec bonheur !

Ce livre a le charme des histoires silencieuses, une piscine, du soleil et la mort. Celle-ci arrive subtilement et avec fracas. "Il va y avoir du malheur" répète à longueur de journée la petite, une fillette qui rôde autour du narrateur, une espèce de Manon façon Pagnol. Parmi ces présences masculines, fortes, redoutables et mystérieuses, il y a les ombres des femmes, on n'en sait rien mais on devine tout. Au centre, le narrateur et ses frères évoluent tout en noirceur, un rien capricieux ("C'est ma piscine que je veux.") et impénétrables. Bref, voici un roman qui vous donne le frisson : bonheur, plaisir, réjouissance, affolement, désarroi, trouble, crainte, etc... Il est URGENT de le lire très vite !!!

Clarabel - - 48 ans - 11 mars 2005