Tite et Bérénice de Corneille
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« Par quels ordres, grands Dieux, est-elle revenue ? »
« Par quels ordres, grands Dieux, est-elle revenue ? »: voici ce que s'exclame Tite, le nouvel empereur de Rome, quand il apprend que la reine Bérénice de Judée est revenue sans prévenir à Rome, ravivant l’amour qu'il porte à la princesse étrangère. Mais voilà, l'empereur s’était déjà quasiment engagé à épouser la belle Domitie, quant à elle issue d’une prestigieuse famille romaine de pure souche, ce qui conviendrait sans doute mieux au Sénat et au peuple romain...
Ce Tite et Bérénice n’est pas franchement la pièce du dramaturge normand que j’ai pris le plus de plaisir à lire. J’ai trouvé la pièce poussive, l’intrigue et les allers-retours entre les protagonistes pas forcément très lisibles, méandreux. Ils ne m’ont pas non plus particulièrement touché, je ne saurai vraiment dire pourquoi, à l’exception de Domitie. Figure « secondaire », quoi qu’elle tienne une grande place dans l’intrigue, elle s’avère posséder un comportement ambigu. On a en effet beaucoup de mal à savoir si elle veut accéder au rang d’impératrice en épousant Tite, uniquement pour sa gloire (et celle de sa famille) ou si elle l’aime vraiment, sachant que par ailleurs elle semble être l’amante sincère de Domitian, le propre frère de Tite... Même quand elle exprime son affection pour Tite (« Tous mes emportements pour la grandeur suprême / Ne vous déguisent point, Seigneur, que je vous aime »), le lecteur ne sait pas s’il doit la croire, ou pas, et Tite non plus d’ailleurs (« Elle ne m’aime pas, elle chercher à régner » se dit-il avec amertume).
C’est bête à dire mais j’ai été troublé également par le fait que « Domitian » et « Domitie » soit d’une homophonie très proche (mais historique : ils correspondent au futur empereur Domitien et à sa femme Domitia). Il m'a semblé enfin que la conclusion de la pièce était assez faible et peu cohérente: le Sénat accepte de faire Bérénice citoyenne romaine pour que Titus puisse l'épouser, mais celle-ci, craignant une ruse, refuse de devenir impératrice et repart dans son royaume, rassurée par le fait que Titus lui ait confirmé son amour pour elle. Bref, en tout état de cause, si je devais choisir ou comparer, ma préférence irait plutôt à la Bérénice de Jean Racine.
Les éditions
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Tite et Bérénice
de Corneille,
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ISBN : 9781508480617 ; 9,44 € ; 14/02/2015 ; 76 p. ; Broché
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