L’auteure écrit les dernières années de sa mère, le lent déclin, la perte d’autonomie progressive. Elle tient ce journal « pour tenir le choc du vieillissement accéléré de ma mère. J’écris pour être, avec elle, plus douce. J’écris pour lui consacrer sa juste place ».
Sa mère, autrefois si dynamique, qui ne s’ennuyait jamais, ne sait plus marcher et devient quasi aveugle. Caroline Lamarche décrit les relations qu’elle entretient avec sa mère, cette femme qui interdit de pleurer (même à l’enterrement de son mari), qui ne s’autorise pas l’expression des sentiments ni de la tendresse. Sa fille espère que l’approche de la mort rendra sa mère plus tendre et facilitera les confidences ; hélas, elle reste dans l’ensemble sur sa faim.
La mère et la fille espèrent que la première pourra mourir chez elle. Tout est fait pour : les aides sont embauchées à domicile, etc., mais le covid intervient et enferme la mère avec la sœur de Caroline sur qui tout repose puisque le personnel a dû partir. Cela devient ingérable, trop lourd. La mère est finalement placée et est en proie aux maltraitances classiques dues entre autres à l’habituel manque de personnel. Et le covid n’arrange pas les choses. Cette situation fait froid dans le dos. Finalement, Madame L. meurt en 2021 à 98 ans et est enterrée avec quinze proches.
Caroline Lamarche espère à de nombreuses reprises que sa maman décède, pour ne plus devoir subir tous les affronts de la vieillesse. A un moment, elle s’indigne parce qu’on a implanté un pacemaker à sa maman à l’âge de 89 ans, pour prolonger sa vie de dix ans (l’âge des piles) et y voit de l’acharnement thérapeutique, alors qu’elle la sentait prête à partir. D’un autre côté, sa maman affirme vouloir atteindre les cent ans… Ambivalence...
L’auteure décrit une situation que vivent beaucoup de familles, qui espèrent pouvoir tout faire pour garder leur parent à la maison jusqu’au bout, mais n’y arrivent pas toujours. Devoir constater la négligence voire la maltraitance face à ceux qu’on aime et se sentir impuissant est terrible et révoltant !
Ce récit est très proche du réel, de la vie qui s'éloigne parfois de ce qu'on avait rêvé, sans fioriture de style particulière pour embellir la réalité.
Pascale Ew. - - 57 ans - 21 octobre 2022 |