Les Clowns sacrés
de Tony Hillerman

critiqué par Tistou, le 8 juillet 2022
( - 68 ans)


La note:  étoiles
11ème opus de Tony Hillerman
Tony Hillerman est un auteur de polar ethnique, centré sur les Navajos et les Hopis (Sud-Ouest des USA, entre Nouveau-Mexique et Arizona), qui, entre 1970 et 2006 a publié 18 ouvrages qui constituent un tout, une suite, avec pour protagonistes principaux Joe Leaphorn, puis Jim Chee, tous deux de la Police Tribale Navajo.
Les trois premiers ouvrages constituent la trilogie Joe Leaphorn, les trois suivants la trilogie Jim Chee. Les romans de Tony Hillerman se distinguent par une volonté quasi ethnographique d’informer le lecteur des us et coutumes navajos, des paysages dans lesquels Hopis et Navajos évoluent. Une intrigue policière soutient le corps du roman et Joe Leaphorn comme Jim Chee sont là pour la résoudre.
Pour qui a pu voyager dans ces déserts de la région des « Four corners », la lecture de Tony Hillerman résonne terriblement. Pour ceux qui prépareraient un voyage par là-bas, sa lecture est des plus profitable.

»A ce moment-là, de l’autre côté de la plaza, retentirent des éclats de rire.
- Les koshares qui arrivent, avertit Cowboy.
Quatre personnages étaient apparus sur un toit, en face d’eux. Ils portaient une sorte d’étoffe autour des reins ; leurs corps étaient zébrés de rayures noires et blanches, leurs visages peinturlurés de blanc avec un immense sourire noir peint autour de la bouche, leurs cheveux se terminant vers le haut par deux longues cornes coniques, chacune d’elles surmontée d’un toupet qui semblait composé de spathes de maïs. Les koshares. Les Clowns Sacrés des habitants des pueblos. La première fois que Chee avait vu des clowns similaires en action c’était à une cérémonie hopi à Moenkopi, quand il était enfant, et depuis il en avait revu à d’autres danses hopi. Ceux-ci semblaient exactement semblables. »


Jim Chee n’est à ce moment, où s’ouvre ce roman, pas forcément ravi d’assister à cette cérémonie. Son supérieur, Joe Leaphorn, l’a envoyé là afin d’essayer de retrouver un écolier en fugue, dont on a de bonnes raisons de penser qu’il pourrait être présent à cette cérémonie. Alors que le meurtre d’un professeur d’atelier de l’école de Thoreau vient d’être commis ; une affaire autrement importante. Mais les choses vont se précipiter puisqu’un des clowns va être retrouvé lui aussi assassiné au cours de cette fête. Et il va très vite devenir évident que les deux meurtres sont vraisemblablement liés.
Jim Chee reste fidèle à sa réputation d’enquêteur doué mais impulsif et pas vraiment respectueux des codes et procédures et cela va causer quelques remous, notamment à l’encontre le Lieutenant Joe Leaphorn, son supérieur, au bord de la retraite, méticuleux et respectueux à l’extrême. Un peu l’attelage de la carpe et du lapin, mais qui fonctionne …
Et ce qui fonctionne surtout c’est le bonheur et l’aisance qu’a Tony Hillerman de nous placer en situation, géographique comme sociologique de cette zone des Four Corners. Au point qu’on a l’impression que les multiples enquêtes – car je ne vous ai pas tout dit – sont un prétexte à nous entretenir des peuples navajo, hopi et de leurs particularités.