Cher connard de Virginie Despentes
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Liaisons dangereuses à l'heure de Me Too
Rebecca, actrice en vogue, aussi belle qu'assez brutale dans son mode d'expression, dénonce sur les réseaux sociaux un écrivain qui a pu se montrer indélicat dans le passé, à l'époque de leurs jeunes années. Oscar, l'intéressé, commence à échanger avec elle, pour évoluer la violence dont il se sent victime, après tant d'années. Réfractaire au début, elle se prête au jeu, ce roman retraçant leur échange épistolaire par messageries interposées. L'amertume de l'un, la lucidité et la recherche très cash de dignité de l'autre caractérisent les propos, alors que les relations se ne normalisent et s'apaisent quelque peu.
Leur correspondance est entrecoupée de publications sur les réseaux sociaux de Zoé Katana, jeune féministe en mal de considération et de respect, qui s'en prend plein la tête et s'obstine vaille que vaille.
Ce roman très dans l'air du temps, audacieux en la forme et surtout dans le ton employé, à l'instar de ce que l'auteure nous a habitués, traite du féminisme, de la prise de conscience collective, aussi nécessaire qu'il peut parfois être brutal, comme de la virulence des réseaux sociaux. Il fait réfléchir, énergiquement, souvent rudement, mais tout aussi sûrement, sur des sujets assez variés. Il vaut le détour selon moi, à condition d'avoir l'estomac bien accroché.
Les éditions
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Cher connard
de Despentes, Virginie
B. Grasset
ISBN : 9782246826514 ; 22,00 € ; 17/08/2022 ; 352 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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mise à jour
Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 46 ans) - 18 mars 2024
Cher Connard; au début j'ai eu du mal à rentrer dedans puis c'était parti, le roman fait comprendre sa logique entre le jubilatoire cocasse de leurs situations pathétiques et l'envie de comprendre mieux les deux êtres qui s'y révèlent.
Il y a bien un fond sentimental dans ses romans, jamais gnangnan car souvent passant par la réalité crue, brutale, celle souvent de ceux qu'une pensée consensuelle décrirait comme marginaux et qui sont pourtant légions dans un monde qui n'est pas idéal.
Côté marginaux ici nos protagonistes sont des figures du showbiz, un écrivain à succès et une grande actrice.
Tous deux en perte de vitesse, tous deux toxicomanes et faisant face à la redescente qui indique que leurs addictions sont loin d'être sans conséquences.
A travers une partie du livre ce sont leurs échanges et la rencontre de deux personnes( loin des poncifs/amourettes ) par mails interposés, s'entrecroisent leur parcours de vie à leur enfance ( croisée puisque la soeur de l'auteur est une amie d'enfance de l'actrice).
Même plus loin que la rencontre c'est pour l'auteur et son égo (un peu le point central du roman) une plongée dans la compréhension de lui-même, une chute pour les deux dans les méandres de leur quotidien angoissé d'ados qui sont confrontés à leur maturité et ses exigences dans la vie parce qu'à un moment l'âge et les situations l'imposent. Quand dénuée de leur prestige d'antan, honni pour l'auteur désigné comme harceleur par une ancienne collaboratrice.
Tout le côté showbiz j'ai un peu du mal à m'y identifier cela n'en rajoute pas un petit côté autobiographique, jamais loin chez Virginie D. parce que ses romans parlent au viscéral dans une sorte de contrepoint au réalisme magique, son opposé même la magie s'évanouissant pour le réel avec défauts et avantages.
Bien construit, plutôt prenant une fois que s'approfondissent les personnages par leur correspondances et que les intrigues s'entrecroisent en chutant dans les introspections des 2 personnages principaux.
Conséquemment à la forme correspondance on retrouve moins la stylistique dialoguée/parlée qui fait la marque de cet autrice et ce n'est jamais un manque.
Et puis (cela doit être dit déjà) très actuel, très ancré dans le contemporain numérique (plus vraiment "modernité") et sa machine à forger l'opinion à raison comme à tort: les réseaux sociaux.
Empreinte aussi de la crise du Covid et des restrictions sanitaires et répercussions sur les angoisses, révélateur que tout un chacun a pu avoir à différents degrés dans l'urbanité chamboulée.
Mine de rien une réflexion intelligente et fine sur l'aspect public de notre ère d'information, sa capacité et faculté à faire ou défaire les réputations,
Aussi de comment traverser certains passages de la vie avec ses aléas et aspirations blessées mais aussi ses bonheurs mais qui sont jamais faciles ni tout à fait merveilleux (ex: l'auteur père divorcé qui essaie de renouer avec sa fille ado ).
Un bon Despentes où deux êtres indépendants et paumés finissent par s'épauler en partant de l'injure et du dédain, un espoir pour nos cyber échanges? Rien n'est moins sûr mais dans ce roman le lien virtuel semble finir plus fort que celui de la famille pour l'écrivain luttant contre ses déboires alcoolisés avec la diva abusive qui a pris trop d'âge et de poids pour continuer à l'être.
Moderne
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 4 mars 2024
Mon ami le crétin
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 13 novembre 2023
Il poste sur un réseau un commentaire assassin sur cette rencontre. Mais Rebecca Latté répond à ce "connard", qui lui révèle alors qu’ils se connaissaient enfants, et qu’elle était amie de sa sœur Corinne et combien il l’admirait.
Au fil des échanges, Rébecca va parler, expliquer sa toxicomanie, ses addictions, livrer une analyse sombre du monde du cinéma, de son fonctionnement , la façon pour une actrice de décrocher un rôle
" Je ne m’aime pas et je ne t’aime pas non plus."
Mais Oscar va avoir du mal à faire face et lui aussi à comprendre ce qui lui arrive quand une jeune secrétaire dont il était amoureux, Zoé Katane révèle sur Metoo, le harcèlement permanent de l’auteur
Chacun va se dévoiler, "s’apprivoiser", se confier, s’aider. "Je me sens moins connard qu’hier".
Même si l’évolution des échanges est prévisible, les courriers entre ces deux personnages tombant de leur piédestal donnent l’occasion de très marquants ou touchants passages sur l'âge :"Je ne sens la beauté des choses que dans le rétroviseur" ; sur la responsabilité, la relation parent enfant "Il y a cette conviction. Si nous n’avions pas été de mauvais enfants, nos parents n’auraient pas été de mauvais parents. Le mal qu’on nous a fait est toujours celui pour lequel nous sommes le plus responsables" , ou la maternité avec un paragraphe marquant sur les féminicides
Des souffrances qui se rencontrent, de belles phases, un livre touchant que j’ai finalement beaucoup aimé (malgré son titre!).
Quel ennui...
Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 44 ans) - 22 septembre 2022
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