Minuit dans la ville des songes
de René Frégni

critiqué par Darius, le 18 octobre 2022
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Itinéraire d’un écrivain
J’ai lu tous les comptes rendus des livres de René Frégni et ils traitent tous du même sujet : Un cancre à l’école qui devient écrivain, qui anime des ateliers d’écriture dans des prisons ou lecteurs de livres en gériatrie, ainsi qu'un amour pour sa mère et sa région natale Marseille, Manosque et la Corse pays de ses ancêtres .

J’ai adoré ce livre car il a connu et aimé les mêmes auteurs que moi, tous les classiques qu’il découvre en prison.
La prison, il la connaît bien ayant été une forte tête à l’armée, un service militaire encore obligatoire à l’époque .

J’ai beaucoup aimé ses allusions à Giono, Camus, Dostoïevski, Céline, le grand Meaulnes et des tas d’autres..
Il nous présente tous ces écrivains très simplement et nous conte comment ils l’ont touché et poussé vers l’écriture .

Son amour de la nature, sa solitude, m’ont impressionnée également. Je me suis tout à fait identifiée à cet écrivain dans ce qu’il avait de plus simple, de plus pur. Un livre, un paysage, une maison isolée, le ciel, le vent , le petit chat qui vous attend sur le pas de la porte .

En plus, il y a pas mal de suspense dans ce livre car l’auteur est recherché par la police militaire et il passe son temps à fuir jusqu’au développement final où il ne sera condamné qu’à 1 an de prison avec sursis vu ses bons états de service dans un hôpital psychiatrique où il est adoré par le personnel et la direction.

Toutes ces pérégrinations lui permettront in fine de devenir écrivain.
Récit d'une vie éparpillée et recentrée sur la lecture 7 étoiles

René Frégni revient sur sa jeunesse faite d’errances. (Il commence par « Je suis né déserteur. ») Parce qu’il n’y voyait goutte, il a choisi l’école buissonnière à Marseille et filé du mauvais coton avec des délinquants en tous genres. A dix-sept ans, après quantité de renvois, il déserte totalement l’école et part sur les chemins, au grand désespoir de sa mère. Il vit de petits boulots et voyage en Espagne, à Londres… jusqu’à ce qu’il soit appelé à faire son service militaire. Il se présente à Verdun avec quelques semaines de retard et est envoyé au cachot où il retrouve un compagnon nommé Ange-Marie Santucci. Ce révolté lui inculque la rébellion et – ce qui va le sauver – le goût des mots et des livres. C’est une véritable révélation pour René, qui se met à dévorer tous les livres que l’aumônier lui fournit. Tout un univers s’ouvre à lui et René devient insatiable. Il a soif d’apprendre et de s’évader par l’esprit.
Entre la Provence, la Corse, l'Italie, la Grèce et la Turquie, René semble fuir toujours quelque chose ou la police. Il se passionne pour la psychologie, la littérature, etc., entre en contact avec les groupes extrémistes communistes et révolutionnaires. Mai 68 résonne dans les amphis.
Finalement, il travaille dans un asile et assiste au passage de l’ancienne psychiatrie à l’ère moderne avec ses neuroleptiques.
Il finit par décider d’arrêter de fuir et de faire face à la situation et à ses responsabilités.
Après dix ans, René se retire au calme dans un cabanon rudimentaire à Manosque et se met à écrire...
Bel hommage à la lecture ! René Frégni évoque tous les auteurs qu’il a découvert, ce que leurs romans lui ont apporté et sa soif fait plaisir à lire.
Toutefois, je ne sais dire ce qui l’emporte en moi des horreurs qu’il a commises ou de sa soif de liberté. En effet, le personnage ne m’est pas spécialement attachant. Et je ne comprends pas très bien où l’auteur a voulu en venir : il raconte sa vie, mais y insère peu de conclusions, peu de réflexions existentielles.

Pascale Ew. - - 57 ans - 21 septembre 2024


Un cancre au destin surprenant 9 étoiles

L'auteur raconte sa propre vie de cancre et de voyou marseillais désertant et l'école et l'armée pour fuir jusqu'à Istanbul en passant par la Corse.

Au cours de cette tranche de 40 ans de vie, qui débute avec une inadaptation à toutes disciplines quelles qu'elles soient, le narrateur est touché par la grâce de la lecture tandis que la lente maturation qu'elle lui apporte le transforme en ... écrivain !!!

Même si le style de l'écriture n'est pas particulièrement recherché, le lecteur est ici plutôt séduit par l'aspect aventureux du récit de vie dont le déroulement est émaillé de surprises, bonnes et mauvaises.

Cet opus constitue un vigoureux témoignage selon lequel un faux départ dans l'existence ne s'ouvre pas forcément sur un destin écrit d'avance et que la vie peut aussi offrir d'imprévisibles métamorphoses,

Ori - Kraainem - 89 ans - 29 octobre 2023