Le bagnard et autres nouvelles
de James Lee Burke

critiqué par Tistou, le 11 octobre 2004
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Intro à BURKE
9 nouvelles dans ce recueil, dont la dernière, Le Bagnard. Les valeurs traditionnelles de James Lee BURKE y sont présentes : sens de la nuance, amour du Sud profond et de la LOUISIANE en particulier, prédominance des sentiments (amour, amitié), plume douée pour les descriptions de situations extrêmes, celles où la violence prend le pas sur la raison.
On trouve là comme des esquisses de ce qui va constituer l'essentiel de son oeuvre, la naissance de son héros récurrent Dave ROBICHEAUX, la description des environs de New Iberia. Et puis des nouvelles portant sur la guerre de Sécession (on est dans le Sud, quand même), sur la difficulté qu'a ce Sud à dépasser les conflits relationnels Blancs/noirs. Petit extrait en passant :
"William FAULKNER a dit un jour que pour les Sudistes, la ségrégation n'était rien d'autre qu'un simple fait, elle était tout simplement là.Elle avait toujours existé, elle existerait toujours. Elle ne suscitait pas plus de réflexions en nous que le climat chaud aux parfums de magnolias sous lequel nous vivions."
Une autre sur la guerre de COREE, situation de violence là encore, situation où réellement James LEE BURKE excelle. Mais pas noire et désespérée comme les traiterait un Larry BROWN par exemple. Violence mais sous contrôle des sentiments "nobles" humains.
Tous les ingrédients sont présents, manque le liant 7 étoiles

Le Burke que l’on connaît bien s’essaie ici au genre de la nouvelle, avec plus ou moins de bonheur. Une fois n’est pas coutume, je vais citer la quatrième de couverture : « Elles (les 9 nouvelles) ont en partage un monde où l’innocence est vaincue par la guerre et les préjugés, où l’amour est confronté à l’absence, où l’héroïsme et la peur se confondent devant une mort inéluctable ». C’est exactement ce qui ressort de ces nouvelles : une espèce de naïveté de certains personnages qui fait leur beauté mais qui en même temps sera source de désillusion. Un dosage subtil entre noirceur et humanité. Mais lorsque l’une entre en conflit avec l’autre, les âmes crient plus qu’elles ne chantent…

On trouve dans ces nouvelles ce qui fera la force de Burke dans ses romans, mais ces éléments sont ici en sourdine. Dommage, mais normal. La traduction m’a également semblé à l’origine de phrases pas toujours très correctes grammaticalement…

Pour terminer, encore une citation, mais de Burke cette fois. Voici comment il décrit la mort d’un soldat : « L’obus explosa devant lui, et pendant cette seconde où rugirent terre et lumière, il crut sentir un doigt se tendre pour lui oindre le front au passage d’un petit signe fortuit. » Pas mal, hein…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 26 décembre 2008