L'été où tout a fondu
de Tiffany McDaniel

critiqué par Pacmann, le 18 novembre 2022
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Un drôle de diable
Nous sommes en 1984 à Breathed, petite ville de l’Ohio, et le très rigide procureur Autopsy Bliss, dont la fonction est plus une vocation qu’un métier, décide d’inviter l’incarnation du mal absolu en la personne du Diable.

Quand son plus jeune fils, Fielding Bliss, fait la rencontre d’un jeune garçon de couleur qui attend devant le tribunal, à l’instar du Messie, personne ne croit celui qui se présente comme l’invité de son père.

Ce qui apparaît d’abord comme une mauvaise blague d’un gamin fugueur, se transforme au fil des jours en une forme de malédiction quand plusieurs phénomènes étranges, en particulier une chaleur exceptionnelle de cet été 1984, mais aussi des incidents à répétition qui se produisent sur le sol de cette petite cité. Qui est donc vraiment le prénommé "Sal" (contraction de Satan et Lucifer), ce gamin à l’étrange maturité et à la répartie étonnante ?

Fielding, qui se transforme en narrateur, décrit cette atmosphère à la fois délétère, malsaine et pesante qui s’est abattue sur les habitants et cela sans jamais sombrer dans le glauque d’un roman de gare.

Des personnages dignes des plus bons récits fantastiques parsèment le roman qui, malgré des longueurs typiques des romans américains, vont vous tenir en haleine, et ce jusque dans un futur indéfini puisque le narrateur, si mes calculs sont corrects, fait des sauts en avant jusqu’au-delà de 2040.

Ce roman n’est donc pas seulement une histoire bien ficelée et bien écrite, mais elle tente aussi de nous pousser à une méditation sur nos propres comportements. Certes, cela reste un vecteur romanesque, mais je ne rejette pas cette méthode qui permet de joindre l’utile à l’agréable.
Un été caniculaire qu'on n'est pas prêt d'oublier 8 étoiles

Présentation de l'éditeur :
Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L’Été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant.


Mon avis :
Après le phénomène Betty, je me suis jetée sur cet autre roman d'une auteure qui m'avait emballée. Là encore, le lecteur se retrouve dans une petite ville du fin fond des USA où préjugés et suspicions à l'encontre de quiconque est différent sont de mise. Ici, la cible de toutes les attaques prend la forme d'un jeune garçon noir, Sal, débarqué d'on ne sait où et doté (ou accusé) de drôles de capacités. Et qui en plus prétend être le diable. Ajoutez à cela un été étouffant et un environnement oppressant et vous avez l'atmosphère plombée de ce roman. Tiffany McDaniel a le don pour dépeindre des ambiances, pour camper des personnages frappants et/ou attachants, jamais ni tout blancs ni tout noirs. le récit, qui nous est raconté par la voix du personnage principal bien des années plus tard, alors qu'il est devenu un vieil ermite à moitié fou, en tout cas encore très perturbé par les événements de cet été-là de son enfance.
On se plonge avec un mélange de délectation et d'émotions dans le déploiement implacable de cette tragédie. Encore une lecture marquante de cette auteure décidément à suivre.

Missef - - 58 ans - 4 août 2024