Ripley Bogle de Robert McLiam Wilson

Ripley Bogle de Robert McLiam Wilson
( Ripley Bogle)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 11 octobre 2004 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 355ème position).
Visites : 6 291  (depuis Novembre 2007)

Un Irlandais à Londres

Ripley est un sans-abri londonien qui nous raconte sa vie présente et passée. Ses nombreux flash-back prennent le lecteur à témoin : Ripley essaie de nous expliquer les petits riens qui, additionnés, ont engendré son vagabondage. Dans cette tentative, son père et sa mère en prennent pour leur grade. Les amours de Ripley adolescent sont puissantes, assez pour qu’il quitte le domicile parental, assez pour qu’il quitte l’école. Mais malheureusement son premier amour, loin d’être aussi pur qu’il le croyait, ne lui apportera pas le bonheur. Quant à la deuxième jeune fille, peut-on même parler d’une relation entre eux ?

Ce livre a plusieurs attraits. Avant tout, il y a ce style : lourd, utilisant un vocabulaire choisi, il demande toute notre attention de lecteur pour ne pas en rater une miette. Car ce style est au service d’un scénario poignant, autour du thème très actuel des sans-abri. Par exemple, Ripley décrit le phénomène de la faim, de la vraie faim, de celle que l’on ressent après trois jours de diète totale et là, il excelle. Le troisième intérêt du livre tient au mélange d’humour (mais on rit très jaune) et de tendresse pudiquement ébauchée.

Quelques exemples de ce style particulier…

« Je mesure un mètre soixante-quinze. Mon poids, variable, n’est pas très bon en ce moment, pas bon du tout même. Mes yeux sont verts (et fabuleux !), mon visage blême et mes cheveux noirs – mais actuellement d’une couleur indéterminée à cause d’une somptueuse patine de crasse, bref négligés mais noirs. J’ai vingt et un an, je m’appelle Ripley Bogle, mes activités sont la faim, le froid et des crises de larmes hystériques. »

« Soudain, la ville étincelle durement dans un bref rayon de pâleur matinale qui tombe comme un trait de feu du sombre couvercle des nuages flétrissant le ciel cadavérique. »

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les pensées d’un SDF irlandais au cours de la journée,

9 étoiles

Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 31 janvier 2015

L'intrigue de Ripley Boggle se déroule sur 4 jours, avec un narrateur peu fiable. Au lecteur de voir qu'il est affabulateur et manque de maturité.

Les aventures sont pleines de cocasseries et d'outrances mais elles posent aussi la question de la violence. Finalement ne serait-ce pas une tentation, à laquelle les Irlandais succomberaient facilement ? demande -et se demande, l'auteur...

résumé de Ripley Bogle, un premier roman qui paraît avoir bien des qualités.

Ripley Bogle, jeune Irlandais en rupture de ban, vit à Londres, ou plus exactement, il y survit. Il est devenu SDF. Durant quatre jours, cet intarissable conteur nous raconte sa descente aux enfers. Arrogant, schizophrène et génial, Bogle est un aristo de la dèche, un Candide clochardisé qui pousse sa galère entre l'Irlande de la guerre civile et l'Angleterre des homeless

Ripley Bogle, chez Belfond, ressemble bien à son auteur, tel qu'il apparaît en public : il bouscule tout, manie l'ironie et la verve, crache sur ce qui lui déplaît, mais en faisant sourire.

les références à Dickens se montrent dès le début : mais au lieu de décrire sa naissance en termes convenus, le narrateur en rapporte les différents cris initiaux :

Aaaaaaaaeeeeeeeiiiiiiccchh !

puis

Aaaaauuuuuuuuurrrrrrcccttttttttccchhhhh !

je passe sur quelques cris intermédiaires pour en arriver au stade final

Oooooooohhh !

Eructant un rôt paisible et apaisé, Mdame Boble achève sa tâche mûrie. Entre ses jambes écartées sur les étriers, gloupe un fils. Anonyme et hideux, il impressionne peu le monde réuni là. Un augure de son existence à vau-l'eau.

Viennent ensuite des hommages assassins à sa mère et à son père, et, mélangeant les genres, du théâtre à la comptine cynique, le narrateur nous fait part de toute la gamme de ses humeurs.
il s'étonne qu'

"un vagabond ranci et puant comme [lui] puisse se pavaner au milieu de cette débauche d'argent."

Mâtiné de gallois et d'irlandais (une putain de calamité) il se trouve à Regents Park, en SDF...

Ripley Bogle ou les pensées d’un SDF, telles qu’elles viennent au cours de la journée, avec parfois des souvenirs de la vie d’avant la débine. L’auteur multiplie les formes de présentation qui vont du narrateur (« je »), à l’interlocuteur (« Tu »), ou à l’acteur (« Ripley », ou « il »).

Les propos sont toujours surprenants, comme cette justification de l’existence des pauvres indispensable à l’existence du Riche, parce qu’elle flatte son ego.

La scolarité de Ripley fut mouvementée, marquée par des bagarres entre catholiques et protestants d’Irlande, nulle quant aux résultats obtenus, alors que Ripley est doté d’ un cerveau précoce et brillant - dont il cache les performances.

Des drames, il y en eut aussi , comme cette « nuit de l’internement » où les soldats anglais firent irruption dans les maisons irlandaises, occasionnant quelques « bavures ». La force du texte tient à la relation, apparemment désinvolte, qui ne suscite pas la réaction émotive, mais s’en tient aux seuls faits, tels que vus par Ripley.

Le lecteur saura donc ce qu’est la faim omniprésente dans la vie du clochard, ce qu’il fait de ses interminables nuits, comme les relations qu’il entretient avec ses aînés , battant comme lui le pavé ou demeurant dans des abris de fortune.

La langue alerte, pleine d’expressions savoureuses, sert à merveille les sautes d’humeur de Ripley, et son regard sur le monde, à la fois caustique et joyeux, d’une verve qui conquiert la sympathie.

Un auteur tonifiant dont la lecture est à recommander.

Mythomane

6 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 17 septembre 2006

Il faut reconnaître à Robert Mc Liam Wilson de commencer ses romans pieds au plancher. Ce Ripley Bogle débute tel un solide uppercut au foie. Ca fait mal dès le départ. On y fait la connaissance de Ripley donc. Bogle de son état, un pauvre hère qui erre dans les rues de Londres et parle comme un charretier. Il a faim, il a froid, mais il s'en fout, c'est sa vie. Comment en est-il arrive là? Un concours de circonstances. Comme toujours dans ces cas-là sauf que chez ce natif d'Irlande, le moindre choix est assumé. Pas d'autoflagellation donc chez ce clodo pas très catho.
On passe de Londres à l'Irlande en un tournemain lorsqu'il nous raconte son enfance, son adolescence tumultueuse, ses années étudiantes. Avant d'arriver sur les trottoirs, Ripley a vécu cent vies. Cent vies qui n'en font qu'une.
Robert Mc Liam Wilson campe ici un drôle de zigoto qu'on prend tout de suite en affection. Le roman alterne les différentes époques de Ripley avant de retomber dans son quotidien sordide à Londres. Autre curiosité de ce roman: Mc Liam Wilson est capable d'enchaîner des parties humoristiques et très crues, voire vulgaires avec des descriptions limite poétiques des parcs londoniens. Pour le coup, ça m'a fait sourire.
Il n'empêche, Ripley Bogle n'égale pas pour moi "Eureka Street" où, derrière la façade humoristique d'une bande de potes dans Belfast, se jouait la guerre civile. Mais si l'on doit reconnaître une chose à ce pavé, c'est qu'il recèle quelques surprises… de taille.

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