Les écrivains
de Michel de Saint Pierre

critiqué par CCRIDER, le 12 octobre 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
La littérature n'est qu'une marâtre
Un roman comme on n'en écrit plus. Plein de vie, de sens, évident, facile à lire. Tout le sujet est dans le titre et dans des personnages puissants : un vieil écrivain célèbre, Alexandre Damville a sacrifié toute sa vie à la littérature. Il vit comme un moine-soldat misanthrope, se protégeant de ses contemporains qui lui semblent tous acharnés à le détourner de son oeuvre. Son fils Georges est un écrivain à succès, lui aussi, mais il mène une vie dissipée et multiplie les excès et les provocations. Je ne m'éternise pas sur l'intrigue qui se déroule sur quelques jours et se termine d'une façon un peu dramatique car là n'est pas l'essentiel. Saint-Pierre profite de cette histoire pour développer ses idées sur la littérature et sur le rôle de l'écrivain dans la société. Car, quoi qu'il en dise au début en avertissement, ce n'est, bien entendu pas un roman à clé, pourtant, on ne peut s'empêcher de penser que Damville c'est lui pour une large part avec certaines analogies avec la vie de Montherlant dont il a pu s'inspirer ainsi que les deux Bazins ? Les deux Des Cars et des deux Queffélec. Le face à face entre le père et le fils est frappant et dramatique.
"Mon but aura été de montrer à la jeunesse future que l'ordre et la durée sont les seules choses qui comptent au monde, avec la Vérité. "
Livre tonique d'un homme de conviction, toujours d'actualité alors qu'il est un peu oublié aujourd'hui. Et c'est bien dommage.
Rivalité entre écrivains... 10 étoiles

Ce qui oppose Georges Damville à Alexandre Damville est plus qu'une simple rivalité professionnelle. S'ils avaient été frères, peut-être... Mais Alexandre est le père de Georges : une génération les sépare.
Alexandre est un "grand" de la littérature contemporaine. Peut-être le plus grand. Il fuit les mondanités, et se moque du qu'en-dira-t-on. Là où il n'écrit pas, il se sent comme un poisson hors de l'aquarium. Moitié misanthrope, moitié séducteur, sa relation ambiguë avec les femmes et les hommes du monde, si elle paraît condescendante, est en réalité très éclairée et assez pessimiste.
Si Alexandre, qui désespère de la jeunesse, laisse des empreintes indélébiles dans la littérature, son fils Georges, engagé en politique, écrit pour son époque.

Dans ce livre, la littérature prend les mille visages qu'on lui connaît tour à tour. L'oeuvre spirituelle et froide du père contre l'oeuvre temporelle et bouillante du fils. Pourquoi écrit-on ? Pour la réussite, par foi, par plaisir, par amour des mots, pour l'immortalisation des idées, pour détruire ce qui fut, pour édifier quelque chose de nouveau ?
Derrière la lutte des Damville, c'est la lutte du progrès et de la réaction. De la révolte et de la sagesse. De la nouveauté et de l'ancienneté. D'une part comme de l'autre, il y a l'intelligence, et surtout la certitude que le pouvoir réside bel et bien dans l'écriture.

On parle des femmes, meilleures lectrices qu'écrivains, mais qui sont pourtant ce qui exerce le plus de fascination sur les Damville.
Dieu est évoqué aussi, ce qui ne surprendra guère les lecteurs de Michel de Saint-Pierre, par le personnage d'Yvonne Lebrun. Car Alexandre, tout athée qu'il soit, est l'héritier du catholicisme parce qu'il va à contre-courant de la modernité. Aujourd'hui où la modernité est devenu le prétexte facile à toutes les absurdités, lire ce livre permet de mieux comprendre les raisons de ceux qui, sans être attachées au passé, ne se fatiguent guère de courir après l'avenir.

Il faut lire ce livre, il est très facile, parfois drôle, et les personnages sont d'une finesse que l'on ne rencontre plus beaucoup. Un incontournable auteur de la littérature catholique et désabusée, tombé dans l'oubli, certes, mais qui ne connaît pas de rides.

Martin1 - Chavagnes-en-Paillers (Vendée) - - ans - 20 juillet 2014


Bon Dieu !... 5 étoiles

Tu as été retourner les fonds de bibliothèque de tes parents pour trouver ce livre ?...

Voilà un auteur plutôt tombé dans l'oubli... J'ai lu ce livre quand j'avais 14 ans et j'avais plutôt aimé. Il a aussi écrit "Les aristocrates" que j'ai également lu à l'époque. Pas mal, mais cela ne m'a vraiment pas marqué ! C'était aussi l'époque où j'ai lu "Les saints vont en enfer" mon seul et unique Cesbron... Toute une époque entre Dumas et... Camus, Sartre, Steinbeck, Hemingway, Mauriac, Pagnol, Giono, Gide et les autres.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 12 octobre 2004