L'embaumeur ou L'odieuse confession de Victor Renard
de Isabelle Duquesnoy

critiqué par Septularisen, le 28 novembre 2022
( - - ans)


La note:  étoiles
VIE DE VICTOR RENARD, EMBAUMEUR DE SON ÉTAT.
Au début de l’histoire, nous sommes en France en 1798, sous le Directoire. Nous suivons le procès du jeune Victor Renard, embaumeur de son état, qui nous raconte les évènements qui l’ont amené devant la justice des hommes, où il va d’ailleurs bientôt être condamné à la peine capitale…
Nous ne savons pas pourquoi Victor est sur le banc des accusés, mais au cours des onze jours que va durer son procès, ou plutôt devrais-je dire son récit, rien (mais alors rien, eihn!..), ne nous est épargné de la terrible confession de l’embaumeur.

Tout y passe! Son père, sonneur de serpent, qui le prend pour un enfant retardé parce qu'il est né avec un torticolis congénital et qui le bat sans arrêt, sa mère, La Pâqueline (une mère odieuse, un véritable monstre de cruauté!..) qui le méprise et l’accuse d’être responsable de la mort de son frère jumeau, Isidore. Angélique, la femme qu'il veut séduire malgré son physique disgracieux, l’amour de sa vie, qui exerce une profession fort peu vertueuse, Franz son ami, toujours en train de préparer une escroquerie et sa sœur Judith qui, elle, a des vues sur Victor… Mais aussi et surtout Mariel Joulia, le maître de Victor qui lui apprendra le métier d'embaumeur, le commerce des organes, l'art de momifier le cœur des défunts et deviendra pour lui un véritable père de substitution…

Mais ce que l’on ignore toujours est… le crime commis par Victor et pourquoi il va être condamné à mort!..

C’est vraiment très bien écrit et pas seulement dans un style qui correspond très bien à l’époque… Avec un humour noir très décapant! C’est aussi très subtilement raconté! Ainsi p. ex. quand Victor s’adresse au public venu assister à son procès, on comprend très vite que c’est en fait le lecteur que celui-ci interpelle. On se surprend un peu comme un voyeur en train de… disons, "écouter" les détails tous plus scabreux et horribles les uns des autres, du récit de Victor…

Il y a aussi l’aspect historique à ne pas négliger, l'histoire elle même ayant été écrite d'après des faits aussi horribles, que parfaitement avérés. En plus de tout ce que l’on apprend sur l’embaumement, il y a la vie et les mœurs de la France, dans les années qui ont suivi la révolution… La restitution de l'époque est absolument époustouflante! Il y a vraiment les odeurs, la saleté, la faim, la pauvreté, la crasse, les taudis, les maladies, la mort, les incendies, l'alcoolisme, les meurtres, la violence endémique de la ville, le trafic des dépouilles et des organes, les bas-fonds de la ville de Paris, avec ses rues qui sont des véritables coupe-gorges etc etc…

[Attention Divulgâchage]

J’ai donc aussi découvert que certains peintres français avaient utilisé les cœurs embaumés des rois de France, dont après les avoir écrasés, on en extrayait une sorte de pâte (mummie), pour en faire des couleurs pour leurs peintures, notamment des rouges et des bruns… On retrouve donc ce "jus" sur des peintures exposées dans les plus grands musées nationaux français. Je vous jure qu'après avoir lu ce livre, vous ne regarderez plus jamais les peintures d’Alexandre PAU De SAINT-MARTIN (1751 – 1820), ou de Martin DRÖLLING (1752 – 1817), de la même façon...

[Fin du Divulgâchage]

Je finis ébloui par l’écriture et la connaissance de son sujet et de l’histoire dont fait preuve Mme. Isabelle DUQUESNOY (*1960), c’est vraiment une conteuse d’un talent incroyable. On commence la lecture, on se fait happer par l’histoire, on rentre dans l’histoire, on est entraîné dans l'histoire, on tourne les pages sans même s’en apercevoir, et on regrette d’être déjà arrivé à la fin de l'histoire… Seul petit bémol, la fin, - justement -, un peu trop précipitée et un peu trop rapide, pour bien conclure le tout! J’aurais sans doute aimé quelques explications supplémentaires pour avoir une vue plus globale sur l’histoire…
Mais, rien n’étant vraiment parfait, n’hésitez surtout pas, même pas le début du commencement d'une seconde à lire ce livre, et à découvrir cette très, très grande écrivaine. Croyez-moi, c'est vraiment de la très, très grande littérature…

P.S. : En raison des scènes très crues et très glauques décrites dans ce livre, on évitera de le donner à lire aux plus jeunes et aux âmes sensibles…

Rappelons que "L'Embaumeur, ou l'odieuse confession de Victor Renard", a reçu le Prix du Roman Saint-Maur en Poche 2018, ainsi que le Prix Passeurs d'encre de la ville de Bayeux 2018.
Remarquable ! 10 étoiles

Ce livre se lit d'une traite tellement on est accaparé par l'histoire.
Certains détails sont très crus voire choquants...
Cette autrice me fait penser à un autre remarquable écrivain : Jean Teulé.
Elle s'appuie sur des faits historiques et façonne son récit.
On en retire un certain nombre de connaissances sur l'embaumement, les techniques utilisées en peinture (qui d'ailleurs à l'heure actuelle feraient grincer des dents !!!), les coutumes liées à la mort, la vie à l'époque de Victor Renard...
Isabelle Duquesnoy nous livre un travail d'artiste accomplie avec ce livre.
Son talent est sans faute car elle a su très bien se documenter pour écrire les confessions de Victor.
A lire absolument...

Jordanévie - - 49 ans - 4 avril 2023