Qui se souviendra de Phily-Jo ? de Marcus Malte

Qui se souviendra de Phily-Jo ? de Marcus Malte

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Psychééé, le 29 novembre 2022 (Inscrite le 16 avril 2012, 37 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 779ème position).
Visites : 3 014 

Original et surprenant !

J’avais beaucoup aimé Le garçon du même auteur grâce à sa maîtrise singulière de l’art du récit. Quant à Phily-Jo et à ce livre en particulier, je m’en souviendrai probablement encore longtemps !

Il s’agit d’une enquête vertigineuse et palpitante à propos de la mort étrange de Phily-Jo, un savant qui aurait inventé un appareil destiné à produire une énergie libre. Tour à tour, plusieurs personnes poursuivent cette enquête qui va provoquer de nombreuses disparitions, tant les intérêts communs sont importants. C’est d’abord Gary Sanz, le beau-frère de Phily Jo, puis Dipak, un étudiant qui s’intéresse aux couloirs de la mort, Barbara, une avocate justicière, puis Sylvia …Tous, les uns après les autres, tentent de démêler le vrai du faux et semblent y parvenir à la lumière des éléments en leur possession.

On s’aperçoit qu’on est face à un véritable roman sur l’art de la manipulation. Très intelligent, digressif et brillant. La manipulation de l’auteur envers le lecteur, celle des médias, des lobbies, des scientifiques, celle de l’industrie pétrolière, du tabac et du grand capitalisme. De manière tout à fait rocambolesque, on se laisse entraîner dans ce récit en spirale où l’auteur parvient avec brio à nous manipuler. A la fin, on se retrouve finalement face à une thèse qui se tient. Faut-il la croire ? Tous les éléments convergent. Comme celles menées par les précédents enquêteurs. A moins que nous n’ayons été à notre tour manipulé ?

Une fois de plus, je trouve cet auteur hors du commun, original et absolument surprenant ! J’ai eu l’impression d’être dans un roman de Steinbeck chez la vieille Tante avec l’ambiance créée, tellement Marcus Malte a le don pour raconter des histoires avec forces détails et un grand réalisme. Le ton, le vocabulaire, les éléments d’enquête, l’humour, tout y est ! Un roman vraiment original et jubilatoire !

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Les éditions

  • Qui se souviendra de Phily-Jo ? [Texte imprimé]
    de Malte, Marcus
    Zulma / Littérature
    ISBN : 9791038701038 ; 26,50 € ; 18/08/2022 ; 576 p. ; Broché
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Leurre sur la marchandise

5 étoiles

Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 12 janvier 2025

Je serai nettement moins laudateur que les deux premières critiques.

Qui se souviendra de Phily-Jo ? part indubitablement d'une excellente idée et la première partie, qui fait tout de même plus de deux cents pages, condense tout le savoir faire de l'auteur dans un récit qui est tout à la fois une enquête ponctuée par les doutes du narrateur, en l'occurrence le beau-frère de ce savant cherche-tout décédé à la suite d'une chute invraisemblable et saugrenue, et la propre biographie de ce professeur de littérature, qui nous fait part aussi bien de ses émois amoureux que de sa pusillanimité quand il commence à penser qu'une organisation malfaisante est peut-être à l'origine de cette mort étrange. La composition du personnage et de sa version des événements est très réussie, les vers de mirliton et autres procédés littéraires foireux de ce poète injustement ignoré étant régulièrement moqués entre parenthèses par ce qui ressemble aux notes d'un critique littéraire peu amène qui auraient été superposées au récit, ce qui ajoute à la fois un autre plan et un autre regard. C'est adroit et passablement amusant.

La suite du roman est moins réussie tant pour le style que pour la démarche narrative. Le nouveau narrateur délaisse l'enquête concernant la mort de notre inventeur excentrique pour questionner la vérité du premier récit et ajouter sa propre histoire. Le procédé, bien que passablement frustrant pour le lecteur, pourrait être acceptable s'il amenait des éléments et des points de vue réellement différents sur le premier récit, mais ce n'est qu'incidemment le cas, un nouveau récit s'ajoutant au roman et la question essentielle devenant est-ce que l'État (et dans ce cas on dirait l'État profond) et les puissance de l'argent ne cherchent pas à faire disparaître toute tentative de produire une énergie gratuite et abondante. Le problème est qu'à mesure que le roman avance et que les narrateurs se succèdent, l'exposé de type essai prend une place de plus en plus importante pour, dans les derniers chapitres intitulés pièces à conviction, constituer l'essentiel du texte.

Dès le second narrateur, le lecteur a un pressentiment désagréable avec un exposé scolaire du système pénitentiaire aux États-Unis et une dénonciation des États autorisant la peine de mort. Il ne nous est épargné aucun poncif concernant les erreurs judiciaires, les exécutions ratées et les conditions de détention. Le dernier tiers du récit est, lui, une dénonciation pêle-mêle des multinationales, des think tanks, des politiciens (républicains) et de tous les méchants s'efforçant de freiner ou d'abroger tous les accords verts afin d'opprimer pour leurs simples intérêts sordides la plus grande partie de l'humanité avec un grand H.

Soit. Mais ce n'est absolument pas ce que j'attends d'un roman. J'attends de la littérature qu'elle restitue une certaine complexité de la vie, que les bons aient leurs faiblesses et leurs fêlures et que les méchants ne ressemblent pas à des caricatures de dessins animés. Je ne vois absolument pas l'intérêt de me farcir une dissertation manichéenne de lycéen de seconde qui tirerait ses sources de wikipédia et rêverait de s'engager en politique hésitant encore entre les trop soumis et les vert-de-gris. C'est d'autant plus imbuvable que la toile est envahie de blogs tenant exactement les mêmes propos et avec une logique aussi approximative.

Si Marcus Malte est convaincu de l'urgence de communiquer ses opinions politiques, qu'il le fasse sous forme d'essai, mais qu'il ait le bon sens de ne pas flinguer ses ambitions romanesques.

PS: le reste du récit éclaire la décision de Gary Sanz d'accepter son destin. Son sosie Zubrinsky n'y trouve plus ni poésie, ni humour.

« Que croire ? Qui croire ? »

10 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 13 mai 2023

Phily-Jo, Philip Joseph Deloncle, adossé à une rambarde, tombe et meurt.
Meurtre, suicide ou pas de chance (tomber du premier étage mais sur un ornement de capot de Rolls Royce…) ?

Phily-Jo disait avoir inventé un appareil permettant d’extraire gratuitement de l’énergie du vide. Vrai ou faux ?

Comment vous donner envie de lire ce livre sans vous gâcher le plaisir de sa découverte ?
Si j’ai apprécié de lire des critiques (trop détaillées) de ce livre après sa lecture, leur lecture avant aurait été une mauvaise idée…

Un roman sur quoi ? sur les manipulations, que ce soit celles de l’auteur, ou dans la vraie vie ?
Sur le complotisme ?
Sur Phily-Jo ?

Un exemple : dans la page de titre, une mention « roman traduit de l'anglais par … » alors que Marcus Malte est un auteur français.

Un roman gigogne, un roman où chaque nouvelle partie remet en cause ce qu’on croyait avoir compris…

Un de ces romans où on attend impatiemment d’avoir enfin le temps de s’y replonger tout en redoutant qu’il ne soit trop vite terminé…

Jubilatoire !

« dans tout écrit, récit ou fiction, l’auteur manipule le lecteur, que ce soit intentionnel ou pas. Ne serait-ce que parce qu’il choisit les éléments qu’il délivre et la façon de les délivrer. Il impose son point de vue. »

« La lecture, il a dit, c'était essentiellement une question d'entraînement. Pour savoir lire, il fallait lire. Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. »

« Quand l'histoire est belle, quand elle nous conforte dans nos attentes, dans nos espoirs et nos rêves, on est tout prêt à s'en laisser conter. »

« Ne vous rendez jamais à l'évidence. »

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