Contrecoups - Malik Oussekine
de Laurent-Frédéric Bollée (Scénario), Jeanne Puchol (Dessin)

critiqué par Shelton, le 11 décembre 2022
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
In memoriam...
A chaque temps fort de notre histoire, on cherche des moments clefs, des héros ou/et des victimes, du sens, une morale, et avec tout cela on écrit ou tente d’écrire une légende dorée, un mythe, une mémoire collective… A l’arrivée, on a « notre histoire » !

Seulement, penser que cela nous dispenserait de rechercher les faits et d’en comprendre l’enchainement, serait une erreur qui nous pousserait, de façon insidieuse, à répéter les erreurs sans fin… L’affaire Malik Oussekine, le dossier Malik Oussekine, la mort de Malik Oussekine ou la violence policière ayant entrainé la mort de Malik Oussekine mérite mieux qu’un oubli, un classement sans suite ou un vague mythe sans queue ni tête…

Nous sommes donc dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, à Paris. Depuis quelques semaines, les étudiants manifestent dans la rue contre le projet de loi Devaquet, une loi qui devait réformer l’Université en France. En très rapide, il y avait là l’envie de sélectionner les étudiants à l’entrée en faculté et de mettre les universités en concurrence.

Cette nuit-là, donc, trois policiers vont poursuivre un jeune homme, Malik Oussekine, et vont le frapper à mort dans le hall d’un immeuble. Ces policiers sont des voltigeurs, un groupe d’intervention créé par Robert Pandraud. C’est une bavure, un crime, un abus de pouvoir… tout ce que vous voulez d’autant plus que l’individu en question, Malik Oussekine n’est pas un gréviste ou un activiste… Loin de là !

C’est cette histoire que racontent Jeanne Puchol (dessin) et Laurent-Frédéric Bollée dans cette bande dessinée parue pour la première fois en 2016 et qui vient d’être republiée chez Casterman. Il ne s’agit ni d’une bande dessinée historique ni d’une version politique. En fait, je dirais qu’il s’agit-là d’un ouvrage basé sur l’humain. Ce soir-là, des êtres humains avaient rendez-vous avec la mort, avec l’histoire… Les auteurs en racontent un certain nombre et progressivement on glisse vers le drame…

Fort, puissant, acte engagé au sens républicain du terme et bande dessinée à lire et faire lire… Trente-six ans après les faits, il est important de ne pas perdre la mémoire !