Suite française de Irène Némirovsky
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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pas de fin malheureusement
L'histoire de ce manuscrit mériterait à elle seule un autre roman. Inconnu pendant plus de 60 ans, ce roman d'Irène Némirovsky voit le jour comme un hommage qu'une fille peut rendre à sa mère, comme un témoignage dont l'humanité et les Français particulièrement ne sauraient se passer.
Roman et verbatim historique, cette Suite Française, découverte récemment, perturbe. En pleine débâcle, en pleine occupation, directement menacée, Irnèe Némorovsky dépeint ces moments de notre histoire sous un angle d'une humanité touchante, d'une humanité dégoutante.
La galerie de portraits de ces femmes et de ces hommes jetés sur les routes de France au moment de l'exode, à une deuxième partie qui dépeint davantage les deux premières années d'occupation, tout nous confirme que nous fûmes sans doute 40 millions de pétainistes...
De cette période plus que trouble où l'auteure va perdre la vie, elle ne perd pas une miette de la société qui l'entoure. Du couple simple aux grands bourgeois en passant par quelques paysans, cette francoscopie est bouleversante autant qu'écoeurante.
La veulerie, la mesquinerie, l'égoisme et le chacun pour soi ressortent crument de la première partie.
Dans un second temps, nous nous réconcilions avec la nature humaine, nous quitttons un manichéisme facile. La finesse d'analyse de cette femme menacée dans sa chair parce que juive, sur les rapports entre hommes et femmes qu'ils fussent français ou allemands est une promesse: la promesse que dans ses pires moments, l'Homme peut quand même faire preuve de grandeur...non d'humanité.
Enfin, le style d'I Némirovsky: un vocabulaire riche, un amour de la langue perceptible dans les moindres détails, donnent à cet ouvrage contemporain, parce que lu pour la première fois 60 ans après avoir été écrit, une véritable originalité: on écrit plus comme cela...
Les éditions
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Suite française [Texte imprimé], roman Irène Némirovsky [préf. par Myriam Anissimov]
de Némirovsky, Irène Anissimov, Myriam (Préfacier)
Denoël
ISBN : 9782207256459 ; 15,00 € ; 23/10/2004 ; 434 p. ; Broché -
Suite française [Texte imprimé] Irène Némirovsky préface par Myriam Anissimov
de Némirovsky, Irène Anissimov, Myriam (Préfacier)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070336760 ; 10,30 € ; 16/03/2006 ; 573 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (44)
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Poignant
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 30 juillet 2019
Quand on le lit, on ne se pose pas la question longtemps. En effet, le style de l'auteur, cette oeuvre en deux parties distinctes et complémentaires, cette galerie de portraits lui donnent une vraie force.
La première partie sur l'invasion et l'exode et son impact finalement différent selon aussi les moyens financiers de chacun est intéressante tout comme la seconde davantage centrée sur les rapports humains pendant cette terrible période.
L'ensemble est très beau et bien construit... et que dire de cette fin qui manque….
Un coup de coeur
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 10 août 2017
Un roman dans un roman
Critique de Valotte (, Inscrite le 31 décembre 2011, 60 ans) - 17 juillet 2016
L’histoire du manuscrit retrouvé est elle-même digne d'un roman. Elle est racontée dans l'introduction, complétée des correspondances qui attestent des efforts collectifs pour sauver Irène, puis, l'espoir de la sauver étant perdu, pour assurer un avenir à ses filles.
J'imagine qu'Irène Némirovsky n'aurait pas apprécié qu'on qualifie de chef-d'oeuvre son roman incomplet. Mais on peut rêver au chef-d'oeuvre qu'elle aurait pu écrire, à tous les suivants, et à la vie qu'elle aurait pu vivre.
Hommage.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 7 février 2016
Le livre se présente en deux parties : D'abord "Tempête en juin" qui raconte l'invasion allemande et l'exode de ceux qui fuient. L'aspect le plus marquant est la description d'une guerre à deux vitesses. Celle des pauvres et celle des riches. Cette vision donne une perception oubliée de ces moments troubles.
La seconde partie c'est "Dolce". Un village français occupé, les logements réquisitionnés par les officiers et par la force des chose les contacts entre des gens qui se haïssent. C'est très habilement présenté, avec beaucoup de pudeur.
Le texte reste inachevé mais l'essentiel a sans doute été écrit.
Irène Némirovsky, née le 24 février 1903 à Kiev, morte le 17 août 1942 à Auschwitz.
Magnifique !
Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 14 juin 2015
Ce roman, hélas inachevé, pour cause d'arrestation et de déportation de l'écrivain, comprend 2 parties achevées sur les quatre projetées par Irène Nemirovsky.
La première partie est relative à la débâcle de juin 1940 à travers le destin de plusieurs familles ou personnages représentant plusieurs milieux de la société parisienne. Ça prend vraiment aux tripes, c'est terriblement réaliste et d'une grande richesse psychologique.
La deuxième partie raconte le début de l'occupation un an plus tard, dans un petit village. Les personnages principaux ont été croisés dans la première partie (ils ont hébergé une partie des protagonistes de la première partie lors de leur exode de juin 1940).
On devine à la fin de cette seconde partie que l'auteur souhaitait poursuivre sa narration par l'arrivée à Paris d'un jeune paysan du village qui cherche à échapper à la traque de l'occupant après avoir tué un officier allemand et à rejoindre la résistance.
Je suis particulièrement intéressé par la guerre quarante (notamment par la débâcle et l'occupation) de par sa proximité temporelle (mes parents les ont connues) et par ce qu'elle peut révéler de la nature humaine. J'ai été comblé par ce grand roman.
Un dernier mot sur le style d'Irène Nemirovski qui est splendide, tout à la fois précis, poétique et d'une grande densité psychologique. On est très loin du manichéisme souvent de mise dans les récits concernant cette époque.
C'est d'autant plus poignant quand on sait que l'écrivain est morte en déportation après avoir été arrêtée en 1942 en laissant ce roman inachevé...
Le premier versant de la deuxième guerre mondiale
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 1 janvier 2015
Dans la première partie, nous voyons la débâcle vécue par différents protagonistes issus de différentes couches de la société, montrant comment ce choc a pu être vécu de l’employé de bureau aux derniers représentants de l’aristocratie. La seconde partie se déroule dans un petit village : de nombreux hommes sont morts ou encore prisonniers, les femmes font tourner les fermes comme elles peuvent, une brigade allemande stationne. Comment sont-ils accueillis, considérés, comment les relations se mettent en place pour le maire, les notables, les commerçants… Dans les deux parties, c’est étonnamment juste psychologiquement, à peine appuyé pour bien camper chaque personnage et chaque situation, avec les lâchetés, les arrangements, les compromissions puisqu’il faut bien vivre avec la réalité.
Le roman est d’autant plus juste qu’il a été écrit entre 1941 et 1942, achevé juste avant qu’Irène Némirovsky ne soit déportée à Auschwitz, pas modifié à la lumière des événements qui ont suivi. C’est donc une fresque peinte sur le vif, un regard porté par une observatrice incisive et lucide, parfois ironique, un témoignage écrit par petites touches dans un français très pur qu’il faut absolument avoir lu.
Un autre regard
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 24 mai 2014
"Tempête en juin", première partie de cet ouvrage, m'a beaucoup plu par son rythme d'écriture. Cette partie dépeint l'histoire de nombreux personnages au cours de l'exode, leurs réactions, leurs craintes, leurs déboires et malheurs. Pour certains, le destin est dramatique. Pour d'autres, on peut imaginer, et d'ailleurs on l'apprend par le biais des annexes jointes à "Suite française", qu'on aurait pu les retrouver au cours des prochains tomes.
"Dolce" m'a paru beaucoup plus lent. Ce roman se passe pendant l'occupation, les allemands s'installent chez les habitants, s'imposent et disposent de presque tout. Que cette période a dû être pénible ! On sent ce sentiment de gêne tout au long de l'histoire. Lucile m'a inquiétée, beaucoup, au fil des pages je me demandais où elle allait, comment elle réagirait, ce qui se passerait ensuite. Pas de réel suspense, mais un intérêt certain pour cette jeune femme courtisée par l'Officier allemand qui vivait dans sa demeure.
De grands regrets sincères que cette oeuvre soit inachevée. Elle offre un autre regard sur la seconde guerre mondiale en France.
Ils connaissent pas la vie
Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 20 mai 2014
Dans tempête de juin, la première partie retraçant l’exode de plusieurs familles, les notions de biens et de possessions passent au-delà des valeurs morales ou patriotiques. (page 56 « qui pensait aux malheurs de la Patrie ? Pas ceux-là, pas ceux qui partent ce soir. La panique abolissait tout ce qui n’était pas instinct, mouvement animal frémissant de la chair. »)
L’important pour les aristocrates, au-dessus de la notion de survie, reste, de ne pas se mélanger avec les autres classes sociales. Sur le chemin de l’exode, ils ne partagent leur pain qu’avec une personne de niveau égal. Ceci vaut aussi pour le peuple: «On ne devrait pas prendre une fille de l’Assistance, on ne sait pas d’où ça vient. Ce qu’il imaginait, ce qu’il redoutait ce n’était pas quelque ascendance d’alcoolique ou de voleuse, mais cela, ce sang bourgeois qui la faisait soupirer : Ah ce qu’on s’ennuie a la campagne ! page 273)
L’anarchie et le manque de repères est magnifiquement orchestrée avec la mort du curé Philippe chapitre 25. La révolte des enfants sans famille envers ce prêtre de remplacement, représentant l’autorité mais aussi la bonté gratuite, qui en ces temps de guerre, ne sont pas les bienvenus.
Dans Dolce, la seconde partie décrivant les trois mois d’occupation d’un village par les soldats allemands, les valeurs morales patriotiques sont remplacées par l’avidité des intérêts individuels de chacun. Le soldat allemand n'est pas représenté comme le symbole du nazisme ou un barbare sauvage mais comme un être humain, un homme, cultivé ou bien élevé. Contraste entre la propagande ou d'autres oeuvres de l'époque, Irène Némirovsky choque peut-être, mais elle "approfondit la vie quotidienne, affective et surtout la comédie que cela présente" (annexe)
La couturière par exemple, qui a une relation avec un soldat allemand, justifie son choix par le fait que sans la guerre, elle n’aurait jamais eu la possibilité de côtoyer un jeune homme de cette classe « C’est un garçon des villes, il est soigné comme le sont pas les gars d’ici, il a une belle peau et des dents blanches. Quand il embrasse, il a le souffle frais, ça ne sent pas l’alcool comme les gars du pays. » (page 302). Ou Lucile, qui finalement ne veut seulement être libre de ses choix et simplement heureuse. Page 346, elle se rebelle contre « l’esprit de ruche » et l’esclavage « cela vaut mieux qu’un chien qui se croit libre quand il trotte derrière son maitre. Ils ne sont pas conscient de leur esclavage »
Enfin, Dolce démontre les différentes réactions par rapport à la défaite française : la vicomtesse qui accepte totalement l’occupation et l’utilise à son escient, ou les petits mouvements de résistance qui commencent à se former. Dans les annexes et ses notes manuscrites, l’auteur note « Mon Dieu ! que me fait ce pays ? Puisqu’il me rejette, considérons-le froidement, regardons-le perdre son honneur et sa vie. ». Mission accomplie.
Le style d’Irène Nemirovsky est très précis, les descriptions rappellent un genre de Zola, mais de la haute société. Ici, une image parfaite d’une certaine classe française est retracée : les bourgeois, les paysans sont présents. Les ouvriers comme Jules (Chap 15) sont au front et les écrivains comme Corte sont riches. Un acte de résistance est ébauché. Dans la population, les juifs ou étrangers sont complètement évincés. Dans les notes à la fin du livre, on trouve une explication à ce choix page 398 « si je veux faire quelque chose de frappant, ce n’est pas la misère que je montrerai mais la prospérité à côté d’eux ». J’apprécie particulièrement que le style des dialogues est adapté à chaque personnage, du patois ou langage particulièrement châtié.
J’ai attendu, dans une première partie portant le nom de tempête, une activité frénétique, et j’ai été assez déçue. Assez lent au niveau de l’action, les personnages sont présentés l’un après l’autre… pour finalement disparaitre. Charles Langelet n’a fait qu’une brève apparition, tout comme Gabriel Corte. Dans Dolce, on ne retiendra que les Pericaud, Les Michaud et les Angellier.
Je note quelques réflexions philosophiques qui laissent pensive, comme le soldat allemand qui quitte le village et essaie de démontrer qu’il ne représente pas la vision de la nation allemande et qu’il doit exécuter les ordres comme un soldat français, sans en avoir le choix, et qui décrit le soldat sans âge, si jeune et déjà mort, page 308, enfermé dans le village comme dans une tombe.
Tout au long du récit et plusieurs fois, Irène Nemirovsky note « que l’humanité était laide et basse ! » (page 271 par exemple). Ces paroles sont exprimées par la vicomtesse ou les bourgeois observant le monde. Mais, comme dit Aline page 99, « ce n’est pas qu’ils soyent méchants. Ils connaissent pas la vie »
Toutes les références de pages se rapportent à l’édition Denoël de 2004.
DOLCE
Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 77 ans) - 19 mai 2014
« Mon Dieu ! Que me fait ce pays ? Puisqu'il me rejette, considérons-le perdre son honneur et sa vie. Et les autres, que me sont-ils ? Les Empires meurent. Rien n'a d'importance. Si on le regarde du point de vue personnel, c'est tout un. Conservons une tête froide. Durcissons-nous le cœur. Attendons » (Annexe )
Mais en aucun cas, ce village, tel qu'il est présenté par l'auteure, ne peut prétendre représenter un témoignage ; ce que manifestement on a voulu faire croire ; sans doute Irène Némirovsky a t-elle choisi de montrer les différents aspects des comportements en période d'occupation allemande en fonction de son état d'esprit du moment et de certaines réalités constatées, mais surtout de la construction de son roman. Car il s'agit réellement d'un roman comme le confirment les notes annexes de l'auteure, d'ailleurs particulièrement émouvantes, et qui, je crois , reflète, au travers des personnages, les tourments, les doutes, les déceptions d'Irène Némirovsky sur l'humanité, et cette période que malheureusement elle a vécue et terminée dramatiquement , en a été le révélateur ;
Ce qui est intéressant, et là les notes annexes et les correspondances sont importantes, et on ne peut dissocier, à mon avis, la personnalité d'Irène N. de l' œuvre, c'est que cette dernière est écrite « en direct » ; même si l'auteure, en sa qualité de romancière, manipule les personnages en fonction de la dramaturgie, le déroulement des événements réels va influer directement sur l'histoire du roman :
« Gare au danger : oublier les modifications de caractères. Évidemment, le temps écoulé est court. Les trois premières parties, en tous les cas, ne couvriront qu'un espace de trois ans. Pour les deux dernières, c'est le secret de Dieu et je donnerai cher pour le connaître. Mais à cause de l'intensité, de la gravité des expériences, il faut que ces gens à qui ces choses arrivent soient changés (..) »(Annexe ).
Ce qui est le mieux décrit, à mon avis, sont les états d'âme féminin où elle excelle dans l'introspection. Elle installe parfaitement les lieux, les atmosphères, les senteurs, les états d'âme ; le fait de décrire justement ce que peuvent ressentir certains personnages (en particulier la première scène superbe entre l'officier allemand et Lucile) de manière indirecte, par les yeux d'un autre personnage, là une petite fille, est une belle trouvaille littéraire ; il règne dans ce village une sorte de paix qui permet au soldat allemand et aussi à la population de faire une pause (d'où le titre « Dolce »). Irène Némirovsky condamne la guerre , subie par l'armée allemande (non nazie) constituée d'hommes avant tout , et apparemment mais beaucoup moins, par la population en dehors du problème du rationnement. Il y a aussi comme une sorte de délectation à faire ressortir le mauvais côté des personnages. Loin de contester cet aspect qui est certainement souvent réel , l'impression générale reste que si humanité il y a dans les portraits de ces villageois, elle n'est pas empreinte d'humanisme mais plutôt d'amertume. Irène Némirovsky n'avait sans doute pas beaucoup foi en l'homme et sa condition de juive, même si rejetée par elle-même, ne pouvait certes pas lui permettre d'en avoir. Malgré un milieu social riche, où elle avait vécu une vie facile , le traumatisme du non-amour d'une mère égoïste est, à mon avis, à l'origine certainement de ce doute et pessimisme envers la nature humaine. Mais autour de cette sorte de bulle troublante, amoureuse et magique dans laquelle se trouvent Lucile et l'allemand, et qui à elle seule montre l'absurdité de la guerre, les autres personnages sont assez caricaturaux, les paysans sont presque des bêtes, l'aristocrate est vilaine et méchante, la vieille bourgeoise est parvenue et près de ses biens, les enfants jouent avec des soldats allemands gentils mais un peu bébêtes dans une sorte de grand parc d'attractions qu'est devenue la maison occupée...
Il reste le talent littéraire incontestable, que l'on retrouve dans d'autres œuvres, et qui est un peu faussé, à mon avis, dans le Dolce de « Suite française ». Son ressentiment qui peut tout à fait se justifier, envers la France qui l'abandonne (voir les lettres annexes où l'on peut constater la situation dramatique dans laquelle elle et sa famille se trouvent) la pousse à condamner avant tout le comportement des français au lieu de celui des allemands. Cela me semble néanmoins assez incompréhensible même si, retirée un peu loin de tout, dans ce bourg, elle ne pouvait avoir réellement une vue d'ensemble sur la réalité de l'occupation. Les lois anti-juives étaient pourtant explicites et renier cette identité juive, ce qui était d'ailleurs parfaitement son droit, ne pouvait être suffisant pour s'en sortir ce que apparemment, elle a cru (voir lettres annexes dans lesquelles elle fait bien ressortir le caractère anti-juif de ses principaux romans).
On ne peut s'empêcher de penser aux villages détruits (comme dans le Vercors), aux populations violentées par des soldats allemands bien différents de ceux de Dolce. Pourtant il ressort de certaines phrases que l'auteure avait connaissance des exactions . On sait qu'elle avait, d'après ses notes, prévu une suite « captivité » où il aurait été question des camps de concentration et de la collaboration.
Personnellement si cette « pause » , au plaisir littéraire certain, me laisse un sentiment de malaise c'est parce que moi , lectrice, je sais ce qui s'est passé par la suite mais pas Irène Némirovsky qui a pu vivre un moment dans l'espoir de peut-être échapper à la persécution finale... allant jusqu'à effectivement écrire dans des revues antisémites et adopter la religion catholique , ce qui ne servira pourtant à rien ; et c'est là où ce livre justement prend un aspect particulièrement émouvant et d'une ironie dramatique c'est lorsqu'on connait cette terrible fin dans un camp de la mort, camp organisé par cette Allemagne nazie qui avait envahi la France, selon Irène Némirovsky, en « douceur »...
Si forte et si fragile.
Critique de Amalia (Cagnes sur Mer, Inscrite le 3 mai 2013, 69 ans) - 26 mai 2013
Bien sûr il s’agit d’un roman inachevé et dans les notes en fin de volume, Irène Némirovsky décortique son ambitieux projet d’écrire Le Roman de la France qui irait de l’Exode à la fin de la guerre. Elle commente également les pages déjà écrites qu'elle devra modifier pour gommer le côté "mélo" de certaines figures : "pas de chichis. Raconter ce que deviennent les gens et voilà tout" (note d'avril 1942).
Beaucoup de commentaires confirment la qualité de ce roman, et j’y adhère vraiment, cependant deux réactions me tiennent à cœur :
Irène Némirovsky, issue d’une sphère privilégiée par l'argent, tandis qu’elle décrit très bien la conduite « discutable » de certains français, ne peut traduire complètement l’état de la France à partir de Juin 40. En finira-t-on avec deux idées reçues ? La France d’alors c’était quarante millions de pétainistes, et seuls les Résistants, communistes ou pas, se sont engagés et sacrifiés avec héroïsme. Non, il y eut dans cette France beaucoup de gestes spontanés pour sauver, par exemple les élèves juifs des écoles et lycées, non tout le monde ne dénonçait pas son voisin à la Kommandantur. Oui, il y eut des foyers, de tous milieux, d’où sont partis spontanément dans la clandestinité des jeunes gens pour rallier, au péril de leur vie, par leurs simples moyens, les forces de Charles de Gaulle .
Enfin je dois dire que je suis sidérée par la polémique autour d’Irène Nemirovsky, certains de ses coreligionnaires l’accusant d’avoir renié sa religion et de s’être fait baptiser pour fuir la menace nazie, lui reprochant de décrire dans « Dolce » l’occupant allemand avec charme. Même si cela était, Irène Némirovsky dont la dynastie avait fui les pogroms de Kiev, puis la Révolution Russe, n’aurait-elle pas eu le droit, la légitimité de tout faire pour se sauver elle, son mari et ses enfants ? Est-ce que parce qu’elle était née juive elle aurait dû, alors qu’elle n’avait pas la foi, subir délibérément le martyre. Cette querelle est désarmante et abjecte. Irène Némirovsky fut un écrivain ô combien talentueux, et une femme d’une sensibilité et d’un courage énormes. Oui, si forte et si fragile.
Si possible, faites lire à nos ados Suite Française, ce roman qui témoigne de notre histoire récente. Ils auront peut-être l’idée de transposer les faits à notre époque actuelle, se demandant quels seraient alors les comportements des uns et des autres.
TOUT SIMPLEMENT DECUE
Critique de Esblandin (colomiers, Inscrite le 11 novembre 2011, 43 ans) - 1 février 2012
La première partie, récit de l'exode, de la fuite des grandes villes vers les campagnes, ce chacun pour soi qui caractérise l'être humain dès qu'il est en danger. Cette partie aurait mérité d'être un peu plus liée, finalement on suit un certain nombre de personnages, qui ne se rejoignent qu'au dernier chapitre de cette première partie, comme si finalement l'auteur ne savait plus quoi en faire.
Puis une deuxième partie l'occupation allemande, où on se demande qui est victime qui est bourreau. On retrouve la grandeur d'esprit de l'auteur de ne pas rendre l'allemand, le peuple allemand dans sa totalité responsable de l'horreur perpétrée au nom d'Hithler, surtout quand on sait qu'au moment où elle écrit ces mots elle ne sait pas encore qu'elle sera victime de cette guerre.
En définitive, un roman long, désordonné, je me suis même demandée si j'allais aller au bout, mais j'ai tenu bon et je ne regrette pas même si c'est quand même une déception.
question embarassante
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 11 juillet 2010
Cette fresque du chacun pour soi et de la violence tapie en chacun de nous n’épargne aucun membre de la société, du banquier à l’auteur à succès, au collectionneur, aux pauvres, aux ouvriers, aux fermiers et commerçants hypocrites. Avarice, cupidité, les péchés capitaux font rage. Le meurtre est là : orchestré par une bande d’orphelins, le bouc émissaire est un prêtre jeune, beau, idéaliste et amoureux de la raison autant que de la grâce. Introduction musicale: avec l’assassinat de deux beaux lézards bleus et gris mis à mort pour rien et à la vitesse fulgurante de jets de pierre. Incompréhension.
Un magnifique chat pitre est consacré au chat Albert, et à ses jouissances perverses… . Cela rime avec... . Ni vraiment complaisante ni hargneuse, l’écriture classique est magnifique, au dessus de la mêlée, aristocratique, elle a la précision d’un entomologiste, le ravissement de planches botaniques, et la beauté d’esquisses musicales au parler fleuri. Certaines phrases sont de purs alexandrins. Toute une richesse langagière… un essai de confondre le mal absolu et révéler l’humanité ? Celle qui aussi est en chacun de nous.
Mais le livre est inachevé, comme la symphonie, et le troisième volet est indicible. Ainsi l‘a voulu le Destin.
Néanmoins, la deuxième partie porte un drôle de titre, Dolce… Dolce vita ? Il est vrai que la France ‘libre’ jouit d’un climat fort doux…et certains mangent encore des desserts. Mais les conditions de vie, la faim, les menaces perpétuelles de mort, les carnages, les rafles, tout cela passé sous silence ? Par peur du bolchevisme ? C’est trop pour moi. Quelle est cette rage de présenter l’envahisseur de façon si positive ? Et j’ose poser la question: L'auteur se cache-t-elle derrière une écriture collaboratrice pour éviter le pire ? La question est ouverte. Comment peut-elle feindre d'ignorer ce qui se passe depuis 1933?
"Les loups sont entré dans Paris, soit par Issy, soit par Ivry..." comme le chante Serge Reggiani des années plus tard car il se souvient. La ville d'Issy, justement, où a séjourné Irène Némirowsky. Manichéisme à rebours: regarder autour d'elle et dire que tous les français étaient pétainistes… et de toutes façons les seuls 'bons' me semble une profonde injure à tous ceux qui dans l’ombre ou dans la folie patriotique ont offert leur vie pour la liberté. Cela ne concorde absolument pas avec les récits de ma famille. Je frissonne à chaque fois que quelqu’un me dit : ils ont occupé la maison, mais ils étaient si corrects ! La guerre n’est pas correcte. L’agression et l’invasion sont effroyables, et le spectre du fascisme autant de la part des allemands nazis que des collaborateurs français est le mal personnifié, négation de la vie qu’il faut sans cesse débusquer…
Bien sûr même Irène Némirowsky n’a pas échappé aux fours crématoires… et c'est une tragédie atroce, mais le ton de la deuxième partie de son projet de livre m’étonne quand même et me laisse perplexe… Surtout quand on sait qu’elle était juive convertie au catholicisme par convenance à la veille de la guerre et collaboratrice à des journaux d’extrême droite pour assurer son ascension littéraire!
Ce livre aurait été honni à la sortie de la guerre, s’il avait été publié, mais peut-être qu’à force, on oublie…
C'est pourquoi je ne peux donner la moindre étoile.
N’a pas pris une ride
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 1 avril 2010
Critique de Dolce in Suite française d'Irène Némirovski
Critique de Tush (, Inscrite le 27 octobre 2008, 71 ans) - 28 octobre 2008
Le récit est construit d’une manière dichotomique. Il y a d’un côté les bons (les allemands, et ceux qui entretiennent des relations d’amitiés et de complicité avec l’occupant) et de l’autre côté les personnages négatifs.
Personnellement je pense qu’écrire un roman dans le contexte des années 1940, représentant des nazis et des collaborateurs d’une manière aussi avantageuse, relève de l’indécence pure. Lisant Dolce, je me suis continuellement demandé ce qui avait dû se passer dans l’esprit d’Irène Némirovsky, à Auschwitz, victime alors de ces hommes auxquels dans son for intérieur, elle vouait tant d’admiration.
La version complète de la critique est disponible ici :
http://critiqueslibres.com/static/divers/…
Absolument magnifique
Critique de Campanule (Orp-Le-Grand, Inscrite le 10 octobre 2007, 62 ans) - 2 juillet 2008
L’exode vécu, l’occupation racontée
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 27 janvier 2008
Ce livre en deux parties, dont la première s’intitule « tempête en juin », Irène Némirovsky nous décrit l’exode de certaines familles (parisienne en l’occurrence) avec toutes ses péripéties et les moyens de chacun selon son ‘niveau social’, la description des personnages est formidable, saisissante de vérité et de précision.
La seconde partie « Dolce », l’auteur nous emmène dans un petit village occupé par les Allemands, et là c’est l’attitude de chacun par rapport à l’occupant, en personnage central Lucile dont le mari est prisonnier.
L’auteur voulait écrire son « Guerre et Paix » et comme ce grand chef d’œuvre de Léon Tolstoï, le récit des évènements passe très souvent par l’intermédiaire de ses personnages, ce qui donne toute sa grandeur à cette œuvre.
Je ne ma lasse pas de découvrir cet auteur, et bien d’autres œuvres m’attendent et je vous invite à les découvrir aussi, très bonne lecture.
la croisée des destins
Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 13 décembre 2007
Il existe peu de romans sur l'arrivée des allemands et sur l'occupation allemande c'est pour cela que ce livre est d'autant plus imposant , j'ai été émerveillée par ces caractères si décrits qui sont l'image de la France à cette époque-là , Hubert Pericand m'a bouleversé , le prêtre également et Lucile et Bruno sont un exemple d'un sentiment tout à fait humain mais qui était interdit, tabou , dans ces circonstances ,
Oui ce livre croise des destins, des destins de femmes et d'hommes ordinaires mais qui deviennent par les circonstances , par leurs décisions, leurs caractères, des femmes et des hommes extraordinaires.
Jusqu'à la fin mais...
Critique de Loras (, Inscrite le 13 juin 2007, 37 ans) - 14 novembre 2007
J'ai aimé ce labyrinthe entre les personnages, j'ai souffert au moment de l'assassinat du prêtre et j'ai avancé jusqu'à la dernière page pour savoir quel dénouement Irène Némirovsky allait pouvoir donner à cet engrenage terrible que tout le monde connaît aujourd'hui grâce à ces témoignages.
Mais cette fin m'a hélas laissé un goût d'inachevé...
pour suite il manque la faim
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 28 mars 2007
Sous les bombes lors de la débâcle française de 1940, où les malheureux riches convives harassés ripaillent avec démesure d'un peu de foie gras, assurant bon train à l'hôte protégé.
Ce nécessaire besoin de s'entourer de futilités, fait citer Edmond Rostand , par un des protagoniste « c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ». Là c'est difficile à digérer, par mes oncles et tantes qui n'ont pas vécu la même débâcle.
Il est plus facile de méjuger le comportement d'un individu apeuré, enclin parfois à la bassesse et à l'animalité de ces gestes de survie, que de lui tendre la main.
Une leçon d'histoire transcrite avec méthode par l'auteur. La tenue de ce journal garde en mémoire les ignominies des hommes en déroute, des personnes affamées, terrorisées.
Ce témoignage a le mérite d'exister mais sûrement pas d'être glorifié.
Suite française. Un réseau de personnages
Critique de MaríaGM (, Inscrite le 20 mars 2007, 47 ans) - 27 mars 2007
Dans la première partie, dans laquelle l'auteur raconte la fuite de Paris, l'armée envahisseur est à peine mentionnée ; les injustices, les désordres et les outrages proviennent toujours de compatriotes. La guerre ne se montre pas proche, sauf dans quelques scènes. Les français dans sa fuite désespérée, eux-mêmes, sont ceux qui se dégradent comme êtres humains, en volant entre eux les aliments ou l'essence, en abandonnant à son sort les plus défavorisés et en ayant un comportement comme celui des animaux irrationnels. Les personnages sont très bien conçus, naturels. Ils montrent toutes les possibilités de la grandeur et de la bassesse humaine. Les mêmes envahisseurs apparaissent avec une touche d'humanité qui les éloigne de la description de perversité. La description de paysages est aussi ravissante. En résumé, l'auteur décrit les circonstances de personnes concrètes au milieu de la foule, qui souffre la guerre.
En ‘ Dolce ’ la seconde partie, l'histoire se place quelques mois après, quand les troupes allemandes se sont établies dans le pays. La narration se concentre en montrer une coexistence inévitable de gagnants et vaincus qui provoque des situations de nature bien différent : d’un côté des heurts violents, d’un autre côté des personnes qui tombent amoureux avec trop de passion. Lucile Angiller apparaît en scène et c’est évident qu’elle sera un personnage central dans l'oeuvre, qui jusqu'à ce moment était un roman choral. La France envahie est un pays de femmes qui ont leurs fils, frères, pères ou époux prisonniers, morts ou blessés ; elles vont coexister avec des soldats allemands.
Le roman a son meilleur atout dans le sujet qu'il touche, et pas comme œuvre littéraire. Mais c’est un fait que l'auteur était doué pour la création de personnages. Ses personnages vivaient une histoire en temps réel, les événements que l'auteur prétendait raconter se produisaient à ces moments là. Pendant qu’elle écrivait, la France était soumise, pendant qu'elle donnait de la vie à ses personnages, les allemands entraient à Paris.
Destins croisés à cause de la guerre
Critique de Leticia M. (, Inscrite le 26 mars 2007, 47 ans) - 27 mars 2007
La deuxième et dernière partie, "Dolce", montre l’occupation allemande dans un petit bourg, Bussy, au moyen de la réaction de leurs habitants: les paysans, les bourgeoises, les enfants… Dès la haine et la froideur des uns (comme madame Angellier ou Benoît Sabarie) à même la tendresse ou l’amour des autres envers l’ennemi (comme Lucile Angellier). Il ne faut pas oublier les enfants qui, fascinés et loin de connaître la cruauté de cette guerre, profitent le temps de l’invasion. D’autres, comme la vicomtesse de Montmort, qui fait semblant d’être scandalisée avec le comportement des Allemands mais elle essaye de se bénéficier de cette situation. D’autre côté ce sont les Allemands, surnommés Boches par les gens du bourg, des soldats qui seulement font leur travail et qui rêvent à rentrer chez eux avec leurs familles.
Un roman bouleversant et touchant que j’ai bien aimé et que je recommande à tout le monde.
DE L'EXODE À LA COLLABORATION
Critique de Anushka (, Inscrite le 24 mars 2007, 75 ans) - 26 mars 2007
L'oeuvre intitulée "SUITE FRANÇAISE", qui devrait être composée de cinq parties, en comprend, hélas! seulement deux. Elle n'aura plus le temps.
La première partie, "TEMPÊTE EN JUIN", est une chronique romancée d'une "tranche" de l'histoire. Elle dépeint le désordre tragique des familles françaises lors de l'exode de juin 1940 qui touche toutes sortes de personnes, des plus huppées aux plus modestes. Celles-ci fuient les bombardements de Paris et s'engouffrent sur les routes chargées de l'argenterie, des matelas, des voitures toujours en panne d'essence et montrent toute une sorte de portraits. Des personnes avec leurs petites bassesses, mais aussi avec leurs élans de générosité parfois.
Dans une seconde partie: "DOLCE", l'auteur narre comment réagissent les habitants d'un petit bourg, Bussy, face à l'arrivée de l'occupant allemand et nous montre que malgré la méfiance, la haine, les relations parfois troublantes, l'amour peut naître. On peut réussir à force d'égards, de bon procédés à établir entre envahisseurs et vaincus des relations humaines. Après tout, ils sont des hommes comme les autres qui font seulement leur métier.
C'est une vraie étude psychologique qui nous dévoile la grandeur de l'homme capable, même, de pardonner à l'ennemi. On ne doit pas s'en vouloir de cela.
Bref, un livre d'une humanité touchante, à tenir compte.
Une symphonie inachevée
Critique de Garcesius (Huesca - Espagne, Inscrit le 6 mars 2007, 74 ans) - 22 mars 2007
L’œuvre est composée de deux parties, des cinq prévues. La première, «Tempête en juin » raconte, avec un rythme cinématographique, la fuite de Paris, devant l’occupation nazie, d’une série de personnages : un banquier et sa maîtresse, un écrivain et sa maîtresse en titre, un collectionneur d’art qui emporte sa précieuse porcelaine sur le siège arrière au lieu de sa maîtresse, et une famille bourgeoise avec un grand-père paralytique, qui sera oublié dans une des étapes du voyage. C’est la narration d’une désertion, non exempte de ridicule, des classes dirigeantes qui n’ont pas su défendre la France. Seul un couple modeste, les Michaud, garde sa dignité.
La deuxième partie, « Dolce », narre l’occupation allemande dans un milieu rural. Les attitudes des Français à l’égard des occupants sont explorées ; ou plutôt, avec les hommes au front ou prisonniers, celles des Françaises envers les Allemands qui sont dépeints avec bienveillance : des gens polis et même distingués, au cas des officiers, dont la tenue et les manières sont délicates et élégantes. Irène Némirovsky est très intéressée par la description des classes sociales. La vicomtesse de Montmort, un des personnages de la deuxième partie, avait beau être une ardente patriote, elle arrivait à se féliciter de la présence de l’ennemi, une barrière efficace contre le penchant bolchevique des paysans, et c’est parce que Mme de Montmort sait que « ce qui sépare ou unit les êtres, ce n’est pas le langage, les lois, les mœurs, les principes, mais une manière identique de tenir son couteau et sa fourchette » Toute une amère leçon d’histoire vécue.
A lire au moins une fois dans sa vie
Critique de Morphée (, Inscrite le 7 décembre 2005, 44 ans) - 3 janvier 2007
Dans une première partie, l'auteur nous fait vivre l'exode de différentes familles toutes classes sociales confondues. On découvre alors aussi bien les faiblesses humaines que la solidarité qui peut exister durant une période aussi pénible.
Dans une seconde partie, Irène Némirovsky s'intéresse à l'occupation allemande. Elle décrit avec impartialité le vécu de cette occupation aussi bien du point de vue allemand que de celui des Français. Ressortent alors des sentiments d'amour mêlés à des sentiments de culpabilité. L'auteur décrit parfaitement la difficulté humaine à accepter l'autre à la fois comme une personne et comme un ennemi.
Ce livre est une réussite. Je le conseille à tous ceux qui désirent plonger un moment dans ce contexte de guerre afin de mieux comprendre ce qu'ont pu ressentir les gens pendant cette période. A lire au moins une fois dans sa vie.
Vae Victis !
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 6 novembre 2006
l'originalité du récit, le choix des personnages, la qualité extraordinaire de leur analyse psychologique, la beauté du style...
Il est intéressant de remarquer que l'auteur(e), dans ses notes, invoque Tolstoï et La Guerre et la Paix. Elle nous dit qu'elle relisait le maître russe pendant qu'elle rédigeait son roman.
Comme lui, elle écrivait "sur le tas", c'est à dire au moment où se passaient les événements, ce qui leur donne "à posteriori" une intensité exceptionnelle. Et elle se proposait d'attendre le cours des événements pour donner une orientation à ses prochains volumes.
Ailleurs encore, elle nous dit qu'il faut laisser parler l'Histoire sans faire de jugement : "quand Tolstoï porte un jugement, dit-elle, il fait tout tomber d'un seul coup". (C'est tellement vrai, qu'il existe, paraît-il, des éditions de La Guerre et la Paix sans les jugements personnels de l'auteur !).
Aussi Irène Némirovsky se garde bien de juger les événements et particulièrement l'invasion et l'occupation allemandes. Mais, un peu comme dans La Guerre et la Paix, le récit des circonstances passent le plus souvent par l'intermédiaire de ses personnages, ce qui donne à son récit ce côté narratif d'une qualité incroyable.
C'est le genre de livre qu'on relit presque entièrement, en laissant passer les heures de la nuit, au moment d'en faire la critique, tellement c'est beau !
Quelqu'un, dans une critique précédente, parle de cette tentative de baiser à Lucile ...un grand moment de littérature, en effet !
Moi je suis tombé en arrêt sur le passage où la promenade des amoureux est racontée par une toute jeune adolescente qui les observe ...une narration vibrante de sensualité ...un véritable régal ! Et c'est écrit dans un style "comme on n'en fait plus". On peut parler de perfection !
En fait, pratiquement tous les passages de cet extraordinaire roman valent la peine d'être relus.
Et puis la consternation d'apprendre que ce sont les deux premiers épisodes d'un livre qui devait en contenir cinq !
On l'a dit, l'auteur(e) a été assassinée à Auschwitz ...Un assassinat, doublé d'un crime contre le patrimoine artistique de l'humanité !
Les deux destins
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 8 octobre 2006
L’auteur écrit dans l’événement, engluée dans la matière de l’Histoire au point d’en mourir, mais capable aussi d’un recul intellectuel hors norme, ce qui donne une résonance particulière à tout son récit.
Dans la seconde partie, par exemple, elle évoque les rapprochements amoureux avec l’armée d’occupation et l’un de ses personnages se fait la réflexion suivante : « C’était déplorable, mais personne ne le saurait demain. Ce serait une de ces choses que la postérité ignorerait, ou dont elle se détournerait par pudeur ». Si elle avait écrit ce passage après la guerre, il aurait été très différent : sans doute que les futures « tondues », exhibées lors de séances empreintes d’une joie ignoble, auraient été évoquées autrement. C’est finalement de ces scènes infâmes que la postérité s’est détournée, honteuse.
Que de passages on a envie de mettre en exergue !
Je choisis celui-là.
La bourgeoise de province emploie la même personne à demeure depuis 27 ans, mais elle fait en sorte que cette domestique ne se sente pas chez elle : « [Elle] mettait tous ses soins à ce que Marthe n’oubliât jamais qu’elle n’était pas dans sa propre maison, mais chez autrui, qu’elle pouvait être forcée à chaque instant de quitter ses plumeaux, ses casseroles, son fourneau, comme le fidèle doit, d’après les rites de la religion chrétienne, se souvenir sans cesse que les biens de ce monde ne lui sont accordés qu’à titre temporaire et peuvent être retirés du jour au lendemain par une fantaisie du Créateur ».
En une seule phrase, passer ainsi du très particulier au très général, de l’individu au communautaire…
A propos de son livre en cours, Irène Némirovsky note le 2 juin 1942 (elle sera arrêtée le 13 juillet et assassinée le 17 août) : « ne jamais oublier que la guerre passera et que toute la partie historique pâlira. Tâcher de faire le plus possible de choses, de débats…qui peuvent intéresser les gens en 1952 ou 2052 ».
Elle a incontestablement réussi à donner à son récit une portée qui dépasse de loin les événements qu’elle décrit.
Son œuvre est incomplète ? C’est vrai qu’elle souhaitait lui donner une autre ampleur et que certains des personnages présentés dans la première partie paraissent comme suspendus dans le temps, mais – elle le dit elle-même dans ses notes sur son livre en cours – « le livre (…) doit donner l’impression de n’être qu’un épisode…ce qu’est réellement notre époque, comme toutes les époques bien sûr ».
Et elle précise, à propos de ce jeu qu’elle élabore entre le destin des individus et celui du monde : « Le salut, c’est qu’en général le temps qui nous est dévolu est plus long que celui dévolu à la crise (…), le destin communautaire est plus court que celui du simple individu ». Mais elle corrige aussi – et en cela elle va à la rencontre de son propre destin – : « nous ne nous intéressons qu’aux secousses ; les secousses, ou bien elles nous tuent, ou bien elles durent moins que nous ».
la symbiose
Critique de Orchidée (, Inscrite le 26 septembre 2006, 75 ans) - 26 septembre 2006
livre très subtil. dans ces descriptions de la vie quotidienne.
les annotations annexes de l'auteur et la rédaction des télégrammes de son mari Michel Epstein m'ont très impressionnée.
Symphonie inachevée
Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 52 ans) - 17 septembre 2006
Ce livre se déroule sur 2 périodes :
D'une part l'exode en racontant de façon alternée l'histoire de différentes familles qui fuient les bombardements de Paris .
D'autre part, la collaboration dans un petit village qui voit l'arrivée de l'occupant allemand. Dans cette partie nous retrouvons par moment les protagonistes de la première partie.
Ecrire ce roman dans le feu de l'histoire révèle un grand courage car cela n'était pas sans danger mais cela permet aussi une chose essentielle, c'est que ce livre n'est pas "corrompu" par les diverses analyses qui n'ont pas dû manquer après guerre.
Irène Nemirovski a également su éviter l'écueil de rendre l'occupant allemand totalement sanguinaire et a réussi la prouesse de séparer l'histoire du soldat allemand de base et l'Histoire avec un grand H, gardons toujours à l'esprit les circonstances particulières de l'écriture de ce livre.
Il est fort dommage que ce livre n'ait pas pu être mené à son terme, il aurait dû contenir 4 à 5 parties au lieu des 2 restantes , Irène étant rattrapée par le triste cours de l'histoire.
Il faut préciser que les annexes sont fort passionnantes , on y trouve d'un côté les notes d'Irène Nemirovski sur son livre et d'autre part la correspondance poignante et les recherches de son mari suite à sa disparition, ces annexes donnent quelques ébauches de ce qu'auraient pu être les autres parties , il convient de préciser que les parties manquantes n'enlèvent pas la force du livre et qu'il suffit de prendre ce livre comme une chronique romancée de la guerre prise sur le vif.
Bouleversant
Critique de Chrisair (Yvelines, Inscrite le 13 septembre 2005, 47 ans) - 13 juin 2006
Comment ne pas penser à tout ce qu'a vécu Irène Nemirovsky.
Petit bémole cependant, j'ai trouvé qu'il y avait trop de personnages surtout dans la 1ère partie.
Mais dans Dolce, quelle bonheur. Comment ne pas être sensible à la douce Lucille et à son histoire d'amour avec un beau soldat allemand.
J'avais déjà adoré le bal, je vais continuer à lire l'oeuvre de cette grande romancière
pas une page d'ennui
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 31 mars 2006
c est un livre à lire ! sans aucun doute, j'ai été très touché par le personnage (stendhalien) de Lucile !
le moment où Bruno tente de l'embrasser... grrr...
les paysans sont hypocrites, les bourgeois mesquins et avares, et les nobles hautains.
en fin de compte, il semble qu'Irène Nemirovski semble avoir de l'admiration pour les soldats allemand... elle décrit le pouvoir érotique que ces jeunes soldats véhiculent auprès des jeunes filles du village.
le chapitre de la fuite du chat, et sa découverte des odeurs du "vrai monde" est une perle !
bonne lecture .
Manuscrit inestimable
Critique de Gilou (Belgique, Inscrite le 1 juillet 2001, 76 ans) - 23 janvier 2006
Mon enfance a été bercée d’anecdotes de l’Exode de mai-juin 1940 ainsi que du récit (bribes par bribes) de mon père prisonnier de guerre dans un stalag. C’est dire que ce livre émouvant m’a un peu ébranlée.
Irène Némirovsky a été déportée et est morte en 1942. Elle n’a pas pu finir son roman.
Ses documents et ébauches de son futur roman ont heureusement été sauvés et mis en lumière par sa fille, en 2004.
Les petites bassesses de chacun, pendant cette période mouvementée de l’histoire y sont décrites si naturellement, comme pour une rédaction scolaire. Des mots simples et compréhensibles par chacun des lecteurs. Son écriture est naturelle.
J’ai apprécié la partie « Annexes » du livre. Quelle minutie dans ses notes et dans la recherche de véracité des faits. Elle n’a rien laissé au hasard. Elle avait encore beaucoup de choses à dire.
Elle laisse entendre cependant qu’elle ne survivrait pas à son manuscrit ! Comme une prémonition !
Un extrait de ses notes : Annexes p.535-536.
< 2 juin 42 – Commencer à me préoccuper de la forme qu’aura ce roman terminé ! Considérer que je n’ai pas encore fini la 2ème partie, que je vois la 3ème ? Mais que la 4ème et la 5ème sont dans les limbes et quels limbes ! C’est vraiment sur les genoux des dieux puisque ça dépend de ce qui se passera. Et les dieux peuvent s’amuser à mettre 100 ans d’intervalle ou 1.000 ans comme c’est à la mode de dire : et moi je serai loin. Mais les dieux ne me feront pas ça. Je compte aussi sur la prophétie de Nostradamus.
1944 Oh ! God. >
Son message : elle a simplement voulu mettre l’accent sur l’égoïsme et le chacun pour soi, exacerbés pendant cette période de misère et de famine. La véritable nature humaine dépeinte avec justesse. Elle écrivait admirablement bien. Beaucoup d’écrivains ont écrit sur la guerre 40-45, l’exode etc… mais ce roman a une valeur inestimable pour sa famille et pour nous.
A lire pour les amateurs de cette période historique.
A lire absolument
Critique de Jemangeleslivres (, Inscrite le 25 mai 2004, 51 ans) - 4 novembre 2005
Suite tragique
Critique de Jpoix27 (saint-Etienne de tulmont, Inscrit le 27 septembre 2005, 56 ans) - 30 septembre 2005
Quelle découverte !
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 22 septembre 2005
La préface est passionnante, on y relate les péripéties de ce manuscrit qui vient seulement d'être publié. On apprend que Irène Némirovsky, une juive ukrainienne née en 1903, dut fuir la Russie pour s'exiler en France. Dès son premier roman elle s'impose dans le monde littéraire. Ensuite c'est la guerre, Némirovsky est déportée et assassinée par les nazis en 1942. Elle était en train d'écrire un grand roman et le manuscrit fut presque miraculeusement sauvé par sa fille pour refaire surface seulement maintenant. Sa situation difficile au début de la guerre, alors que la plupart des français se détournent d'elle, explique en partie ce roman dans lequel elle dresse un portrait sans concession du peuple Français.
La première partie se situe en pleine débâcle, en juin 1940 : les fuyards s'entassent sur les routes pour fuir les bombardements. Par une série de petit portraits, des gens du peuple, des bourgeois, un écrivain célèbre et vaniteux, l'auteur réussit une magistrale évocation de cette époque du chacun pour soi et du sauve qui peut ou, à de rares exceptions près, la lâcheté et la mesquinerie dominent. Pour sortir un chapitre du lot, je dirais que l'histoire du prêtre et de ses orphelins m'a coupé le souffle. La seconde partie raconte l'occupation d'un petit village, c'est tout aussi amusant à lire et vraiment intéressant de par le point de vue sur les allemands et sur la collaboration presque générale qui s'installe naturellement. La postface est tout à fait intéressante car on a accès aux notes de l'auteur sur son projet : elle voulait en fait faire une saga en cinq partie mais elle n'aura le temps de faire que les deux premières parties. Disons cependant que les deux parties se suffisent à elle-même. Ce qui est très intéressant c'est qu'on comprend que la construction de l'histoire répond à un plan, ce dont on ne se rend pas toujours compte en le lisant.
J'ai été ébloui par ce livre : le récit est captivant, magistralement écrit et construit, et il constitue un témoignage d'une femme hors du commun sur une époque
Un véritable enchantement
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 28 juillet 2005
Ne vous privez pas d'une telle lecture !
Destins croisés.
Critique de THYSBE (, Inscrite le 10 avril 2004, 67 ans) - 23 mai 2005
Les annotations en fin de livre de l’auteur pour construire son roman donnent toute la profondeur aux personnages, aux évènements et aux émotions. Ces correspondances insistent sur cet avenir incertain, sur le peu de temps pour réagir.
Je lui ai trouvé quelques longueurs, mais aussi quelques belles phrases toutes puissantes comme celle-ci par exemple :
« Les évènements graves heureux ou malheureux ne changent pas l’âme d’un homme, mais ils la précisent, comme un coup de vent en balayant d’un coup les feuilles mortes révèle la forme d’un arbre ; ils mettent en lumière ce qui était laissé dans l’ombre ; ils inclinent l’esprit dans la direction ou il croîtra désormais.
Quant à son prix littéraire, que serait-il s’il n’était sorti à une autre date que celle de la commémoration du génocide juif et où l’antisémitisme n’était pas tant d’actualité. Mais, bon, même si l’on sent une petite manipulation commerciale, il n’en reste pas moins pour une bonne cause et un bon livre.
Tableaux de l'Exode vers la Collaboration
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 5 mars 2005
Le titre l'indique, "la suite francaise" est un roman musical, initialement prévu en deux mouvements : "Tempête en juin", allegro con bio comme dans "la Pastorale" de Beethoven, et Dolce, Andante con moto.
.
L'Histoire encadre ces deux mouvements d'un prologue et d'une suite tragique : la préface de Myriam Anissimov, et les Annexes, tant les notes manuscrites d'Irène Nemirovsky que la Correspondance 1936-1945. Préface et postface à lire absolument, et qui se passent de commentaires.
L'Exode met à nu ceux qu'il met sur les routes. Incrédulité, étonnement, puis décisions pragmatiques des différents couples et personnages de ce feuilleton. Les situations sont parfois cocasses, mais l'auteur ne force pas le trait. On peut s'attendrir sur des personnages, on voit surtout des personnalités étroitement insérées et prisonnières de leurs classes sociales : grands bourgeois, petits bourgeois, artistes ou hommes d'argent, chacun suit sa pente, mais ce n'est guère en montant !
"Ce qui sépare ou unit les êtres, ce n'est pas le langage, les lois, les moeurs, les principes, mais une manière identique de tenir son couteau et sa fourchette !"
Plutôt que d'emprunter la caricature flaubertienne, souvent pesante, l'auteur joue du contraste comique, de la réflexion ingénue, du comportement instinctif, pour "croquer" les personnages.
Une petite vignette animalière, utilisant fréquemment le chat, caractérise et épingle les protagonistes. Le chat retombe toujours sur ses pattes, la danseuse mondaine aussi ; les Péricand sont à l'heure des choix : "Un chat tenait avec circonspection entre ses dents aiguës un morceau de poisson parsemé d'arêtes : l'avaler lui faisait peur, le cracher lui donnerait des regrets".
Le deuxième mouvement, "Dolce", présente une Province qui s'habitue peu à peu à l'Occupation. On prend ici à contrepied "le silence de la mer" de Vercors. Lucile se laisse peu à peu séduire par le jeune occupant, et à quelques exceptions près, une vie commune avec l'ennemi serait finalement, faute de mieux, envisageable. Dans le labyrinthe des sentiments et des réactions, l'auteur fait des analyses qui ont la drôlerie et la finesse proustienne.
L'épisode historique précis prend alors une portée générale :
"Les évènements graves, heureux ou malheureux ne changent pas l'âme d'un homme mais ils la précisent, comme un coup de vent en balayant d'un coup les feuilles mortes révèle la forme d'un arbre ; ils mettent en lumière ce qui était resté dans l'ombre ; ils inclinent l'esprit dans la direction où il croîtra desormais". p 207
"On sait que l'être humain est complexe, multiple, divisé, à surprises, mais il faut un temps de guerre ou de grands bouleversements pour le voir. c'est le plus passionnant et le plus terrible spectacle [...]; le plus terrible parce que le plus vrai; on ne peut se flatter de connaître la mer sans l'avoir vue dans la tempête comme dans le calme. Celui-là seul connaît les hommes et les femmes qui les a observés en un temps comme celui-ci" p 386
Enfin le troisième mouvement, Préface et Annexes : le nazisme à l'état brut(e).
Un témoignage qui sort du commun
Critique de Apostrophe (Bruxelles, Inscrit le 11 février 2001, 63 ans) - 9 février 2005
SUITE FRANCAISE
Critique de Nounours (FLEVILLE DVT NANCY, Inscrite le 27 janvier 2005, 59 ans) - 8 février 2005
Les personnages y sont décrits sans fard, tels qu'ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs craintes et leurs émotions. Il n'y a pas un héros beau, riche et intelligent mais une multitude d'individus, dont on aurait pu être... et qui peut dire ce que nous aurions fait ?
A lire, ne serait-ce que pour éviter que l'oubli n'enterre cette période du XXe siècle.
remarquable !
Critique de Ninon (Namur, Inscrite le 11 avril 2004, 71 ans) - 6 février 2005
Trés belle écriture, je me suis laissée emporter, curieuse de la suite, frustrée par l'inachèvement...et combien touchée par le destin que l'on sait de l'auteure.
Une différence !
Critique de Jules 2 (, Inscrit le 11 mai 2004, 80 ans) - 21 décembre 2004
Rien que cela me semble une terrible différence ! Quelle force de caractère et quelle force d'âme !...
Plaisant mais pas une découverte
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans) - 21 décembre 2004
Petit tableau, petite scène de la vie dans une période hors norme : la débâcle de juin 1940 et le début de l’occupation par les Allemands.
Ces petits tableaux nous montrent avec justesse la nature humaine. Humain, trop humain dans l’horreur, l’individualisme et le sauve qui peut.
Ce livre sonne juste. Mais il n’est pas une révélation. Juste des histoires d’hommes et de femmes, là où bien souvent l’Histoire nous parle chiffres.
Les Allemands étaient humains, capables de sentiments. Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc, encore moins dans ces périodes troublées. Alors ne feignons pas de le découvrir dans ce livre. Nos vieux nous le racontent souvent.
La débâcle est décrite admirablement : tous sont concernés, toutes les catégories sociales. Les réactions sont différentes mais toutes empruntent la même voie, légitime : survivre et pour cela on est prêt à tout. Mais là aussi, pardonnez-moi, je connais le concert de louanges sur ce livre, mais on a déjà lu. Ce n’est pas une découverte. L’histoire de la guerre a déjà été souvent « admirablement » décrite.
Alors, est-ce que livre peut être extraordinaire parce qu’écrit dans le flot de l’histoire, en 41-42 ? Est ce suffisant ?
Alors, est-ce qu’un tableau est magique parce qu’il est une rupture dans l’Histoire de l’Art ? Est ce suffisant ?
Dans les deux cas, c’est remarquable mais pas suffisant pour en faire un chef d’œuvre.
Ce livre me fut plaisant mais jamais frissonnant.
La France, au delà du pays, ce sont les français....
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 14 décembre 2004
Tentons d'expliquer tout ça.
Le roman est en 2 parties, d'abord Tempête en Juin, (description de l'exode en France pendant la 2° guerre mondiale. Tableaux très parlants, scènes insupportables de la nature humaine quand elle panique.) puis Dolce (récit du début de l'occupation jusqu'à l'entrée de la Russie dans la guerre, avec des portraits psychologiques ahurissants de perfection). Malheureusement ça s'achève là.
En préface, Myriam Anissimov nous raconte la vie et le destin d'Irène Anissimov, de sa famille. On apprend ainsi que le manuscrit de Suite française a longtemps dormi auprès de sa fille Denise, jusqu'à ce qu'elle trouve le courage et l'envie de l'offrir au public.
En post-face, les notes d'écriture d'Irène Nemirovsky; passionnantes, elles décortiquent les méthodes d'écritures employées, envisagées, ce qu'elle souhaitait faire ressortir de tout ça, son envie d'écrire là une symphonie en 5 temps de 1000 pages, ce qu'elle vivait, un peu.
Enfin, les correspondances échangées pendant toute cette période par l'écrivaine, son mari, leur entourage de l'époque. Poignant.
Tout cela forme vraiment un ensemble parfait, INDISPENSABLE à lire, à mon avis, mais l'écriture elle-même d'Irène Nemirovsky justifierait tout à fait le prix Renaudot.
Une romancière que je découvre, avec émerveillement, dont je lirai toute l'oeuvre, assurément !
Une vraie merveille !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 11 novembre 2004
Et heureusement pour la littérature et pour la mémoire d'Irène Nemirovsky, car c'est une vraie merveille !
Une merveille d'écriture d'abord, de finesse et d'humanité ensuite.
La première partie est pleine de bruit et de fureur: c'est l'exode sur les routes de France. La pagaille totale et on y retrouve de tout: la peur, la haine, l'avarice, l'amour, l'intérêt, la lâcheté, l'envie, la gentillesse, l'âpreté etc.
La seconde partie, comme dans un concerto, se déroule bien plus dans le calme. Les troupes allemandes occupent les villages et on y passe de la haine à la compréhension. Quoi ? ... On finit par les connaître ces occupants... Ils sont devenus plus que des occupants ou des boches, ils sont aussi Bruno, Hans, Werther, Wolfgang ou Kurt. Après tout, c'est la guerre, ils font leur métier et toutes les armées du monde ne sont-elles pas les mêmes ?
Et puis, qu'ils soient fermiers, bourgeois ou nobles, les habitants du village ne sont-ils pas aussi quasiment tous pétainistes ? Il a aussi bon dos Pétain, car cette occupation c'est aussi pour tous le moyen de se faire de l'argent sur le dos de l'ennemi et là ils sont tous d'accord !... La lâcheté est toujours là et l'âpreté au gain règne comme aux plus beaux jours.
C'est ici qu'Irène Nemirovsky nous dévoile ses plus grandes qualités ! Elle nous brosse des tableaux psychologiques nombreux et parfaits, d'une exceptionnelle finesse d'analyse. Elle réussit, malgré qu'elle se doute de son tragique destin, à ne pas nous faire hâïr ces occupants, tout au contraire. Ce sont, sous sa plume, des hommes tout à fait comme les autres. Crispants parfois, autoritaires souvent, mais aussi tellement humains ! Des hommes séparés de leur mère, de leur femme ou de leurs enfants. des hommes qui peuvent aussi être envoyés mourir Dieu sait où demain...
Je ne peux résister à l'envie de citer ici une phrase des carnets qu'elle tenait pour ce livre:
"Je fais ici serment de ne jamais plus reporter ma rancune, si justifiée soit-elle, sur une masse d'hommes quels que soient races, religion, conviction, préjugés, erreurs. Je plains ces pauvres enfants. Mais je ne puis pardonner aux individus, ceux qui me repoussent, ceux qui froidement nous laissent tomber, ceux qui sont prêts à vous donner un coup vache. Ceux-là... que je les tienne un jour.'
Pas de responsabilité collective, ils sont manipulés, mais bien une responsabilité individuelle !
Et encore ces quatre vers écrits par elle dans les carnets de ce livre:
" Pour soulever un poids si lourd
Sisyphe, il faudrait ton courage,
Je ne manque pas de coeur à l'ouvrage
Mais le but est long et le temps est court"
Ne manquez surtout pas ce livre, découvrez le grand art de cet auteur, vivez avec les Michaud, les Corte, les Péricand, les Montmort, les Géllinier, Lucile et Bruno... Vous ferez un tour complet de l'humanité...
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