Conte bleu de Marguerite Yourcenar
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Trésors, mariage et sorcellerie
De cette belle et grave écriture qui est la sienne, Marguerite Yourcenar nous conte tour à tour une chasse au trésor, les pensées secrètes de deux êtres qui viennent de s’unir pour la vie, et une histoire de sorcellerie, la nuit, dans un petit village italien.
« Conte bleu » s’inscrit dans la lignée de ses oeuvres orientalistes, pleines d'images et de couleurs : cela ressemble à un conte moral, où l'on apprend (ô surprise !) que la richesse n'est pas tout dans la vie. L'auteur s'y consacre à la description du réel, du paysage et des gestes des acteurs, alors que dans les récits suivants elle se concentre respectivement sur la psychologie des personnages puis sur la restitution d’une atmosphère très particulière.
La courte nouvelle « le Premier Soir » rappelle fort le sens de l'introspection typique à Stefan Zweig. Sa première version fut rédigée par le père de Marguerite Yourcenar, Michel de Crayencour, et remaniée par sa fille : un jeu auquel ils prenaient tous deux grand plaisir. Beaucoup se retrouveront dans ce beau texte, car cet état de conscience aigüe ressenti par le jeune marié est extrêmement bien décrit, ainsi d'ailleurs que le désarroi de l'épousée.
Dans « Maléfice », on retrouve la dimension surnaturelle chère à l’auteur, à travers le récit de la découverte d’une jeteuse de sorts : mais est-elle vraiment sorcière, comme tous - elle y comprise - en sont persuadés, ou les circonstances sont-elles trompeuses ? Marguerite Yourcenar repose habilement l’éternelle question : la sorcellerie existe-t-elle ou l'avons-nous inventée ?
Les éditions
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Conte bleu [Texte imprimé] Marguerite Yourcenar,... préf. de Josyane Savigneau
de Yourcenar, Marguerite Savigneau, Josyane (Préfacier)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070392872 ; 7,37 € ; 31/12/1998 ; 91 p. ; Poche
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Trois nouvelles
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 14 décembre 2007
« Conte bleu », le premier a effectivement l’allure, la consistance d’un conte. Paysages, décors, couleurs y prennent une dimension essentielle.
« Les marchands venus d’Europe étaient assis sur le pont, devant la mer bleue, dans l’ombre indigo des voiles largement rapiécées de gris …
Les marchands débarquèrent au crépuscule sur un rivage pavé de marbre blanc. Des veines bleuâtres couraient à la surface des grandes dalles de pierre, qui avaient autrefois servi au revêtement des temples …
Un conte, donc avec une morale : les marchands mûs par l’appât du gain connaissent une triste fin. La richesse n’est pas une fin en soi. C’est comme un conte pour enfants sauf que l’écriture est singulièrement plus dense et que la morale n’a rien d’enfantin !
« Le premier soir » est moins riche en couleurs, descriptions. Un homme part en voyage de noces avec sa jeune épousée du jour. Pour ce faire, il vient de rompre avec sa maîtresse aimée. Il n’est pas sûr d’aimer sa jeune innocente femme et c’est au moment d’aborder la nuit de noces qu’un télégramme le rattrape qui lui apprend le geste désespéré de sa maîtresse. Tout est dans l’analyse psychologique de cet homme un peu revenu de tout, qui se demande s’il a bien fait d’épouser sa jeune femme, s’il pourra évacuer sa maîtresse de son souvenir et qui découvre que celle-ci a décidé pour lui.
Ce texte présente la particularité d’avoir d’abord été écrit par le père de Marguerite Yourcenar (Michel de Crayencour) puis réécrit par celle-ci dans une espèce de jeu auquel ils semblaient familiers ? C’est ainsi qu’elle en parle :
« Je ne sais pas lequel de nous choisit pour ce petit récit le titre Le premier soir dont j’ignore encore s’il me plaît ou non.Ce fut moi en tous cas qui fis remarquer à Michel que ce premier chapitre d’un roman inachevé transformé ainsi en nouvelle, restait pour ainsi dire en suspens. Nous cherchâmes l’incident qui bouclerait la boucle. L’un de nous inventa un télégramme remis par le portier de l’hôtel à Georges au moment où celui-ci s’engage dans l’escalier, et annonçant le suicide de sa maîtresse à demi regrettée. »
« Maléfice ». Désenvoûtement autour d’Amande en Italie. Amande est tuberculeuse, les femmes du village préfèrent penser qu’elle a été victime d’un sort. Cattanéo d’Aigues, le désenvoûteur, est appelé pour officier dans la maison où l’essentiel des femmes du village sont rassemblées. Huis-clôs étouffant, limite surnaturel, où finalement rien que de très naturel se produira. Drame psychologique où l’écriture élaborée de Marguerite Yourcenar fait merveille.
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