Et ils meurent tous les deux à la fin de Adam Silvera
(They both die at the end)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

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Carpe diem !
Et tous deux meurent à la fin.
Quel abominable aigrefin
Nous en a volé la surprise ?
L’auteur lui-même, sans méprise,
Révèle dès l’intitulé
Sur quoi tout va se terminer.
Nul faux effet ou nul mensonge ;
C’est que tout l’intérêt d’un songe
N’est pas qu’on se réveille au bout,
Mais c’est le voyage qui bout,
Comme une eau chargée de sulfure
Qui petit à petit s’épure.
Et le voyage vaut le coup.
L’émotion y brille surtout :
On y révèle sa chair nue
Sans qu’une cuirasse tenue
N’en dissimule les rougeurs.
C’est aussi mignon, plein de cœur,
Ça se teinte d’une romance :
Peu à peu on se fait confiance.
Ce n’est toutefois, je le dis,
Pas le plus beau voyage qui
En livre m’ait montré ses charmes,
Même si j’ai senti des larmes.
Quelle est la source de ces freins ?
Rufus en est le premier point :
Dès son entrée, c’est la disgrâce ;
Que par jalousie il tabasse
Me le rend déjà assez froid ;
Mais qu’au plus fort de ses émois,
Il assène des « wesh » lyriques
Me le rend plus antipathique !
Ses chagrins m’ont certes touché,
Or trop d’éléments m’ont douché,
Et je me suis surpris à dire
Qu’un autre eût été bien moins pire.
Mateo par contre m’a plu :
Lecteur, craintif et ingénu.
Son portrait, ses mots, tout me touche,
Humain par l’acte et par la bouche.
Il est un modèle inspirant,
Le trésor qu’un heureux jusant
Dépose sur la triste plage
Pour en égayer les parages.
Ma larme naît bien plus de lui
Que de Rufus ou leurs amis.
Un oiseau meurt et lui l’enterre,
Dès cet acte il a su me plaire.
La composition en ballet
Où chacun va virevolter,
Où les hasards font les rencontres
Qui rajoutent du temps aux montres,
Est une idée du plus bon goût,
Mais qui laisse parfois des trous.
Victor rejoindra-t-il sa douce
Avant que la mort ne la pousse ?
Aller développer Wendy
Pour l’abandonner dans l’oubli
Me semble être une maladresse.
Je veux la suite, et il digresse !
L’écriture aussi m’a gêné :
Très simple pour faire plus vrai,
Mais trop composée pour bien l’être.
Autant tout bien soigner, bien mettre,
Gommer ces quelques « wesh » hideux
Pour n’offrir à nos chastes yeux
Que ces figures irréelles
Qui trouvent les paroles, celles
Que le torrent des sentiments
Dérobe aux plus sombres moments.
Coutumier de littérature,
J’aime ces douces impostures.
Mais ce qui a plus accroché,
Et m’a quelquefois décroché,
C’est l’écriture des incises.
Point de « dirent-ils » mais « ils disent ».
Leur trop grande simplicité
Qui antépose le sujet
Et use du présent m’évoque
Une planche qui se disloque :
Le fil qui me porte est rompu.
Je comprends le présent, son but,
Mais il change l’habit en hardes,
Se plante en moi comme une écharde.
Les éditions
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Et ils meurent tous les deux à la fin
de Silvera, Adam
Robert Laffont
ISBN : 9782221218235 ; 17,90 € ; 24/05/2018 ; 414 p. ; Broché
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