La Bibliothèque de Warburg : Version mixte
de Jacques Roubaud

critiqué par Fuku-san, le 20 octobre 2004
(Lille - 45 ans)


La note:  étoiles
Tentative d'épuisement d'une vie...
Jacques Roubaud continue ses mémoires débutées dans "Le grand incendie de Londres", avec les mêmes contraintes : écrire quotidiennement aux mêmes heures, ne jamais revenir en arrière, ne jamais corriger. Faire face à l’effritement de la mémoire.
Nous ne sommes pas en face d’une autobiographie habituelle, où l’on embellit volontairement, où l’on met en scène, où l’on sélectionne. Roubaud se livre dans le texte, dans ses « incises », ses « bifurcations ». On passe avec simplicité d’un pied de lit récalcitrant à sa thèse de mathématiques, on suit l’auteur sur les rives du Mississipi, on goûte son écriture.
Dans la dernière partie du livre, pour les amoureux de l’OuLiPo, les plus belles pages qu’il m’ait été donné de lire sur l’Ouvroir. Qu’est l’OuLiPo ? Un groupe de travail où se côtoient sciences et littérature, imagination et contraintes. Oui, certes, mais avant tout et surtout une bande de copains, aimant rire et se retrouver. Roubaud se propose de définir l’Ouvroir à travers ce qu’il nomme les « moments oulipiens », bribes de vies et de rencontres. Je laisse le plaisir aux futurs lecteurs de découvrir ces petits trésors.

Selon le principe du « bon voisinage » cher à Abi Warburg, ce livre peut trouver place auprès des livres que l’on chérit, de ces livres dont on ne sait pas toujours expliquer le plaisir qu’ils nous procurent. En m’excusant ainsi d’une première critique peut-être brouillonne, sûrement maladroite, je vous laisse en compagnie de Jacques Ru-Bô… What a man !