Michel Foucault Œuvres I et II
de Michel Foucault

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Foucault : révisions
Foucault n’a eu cesse de s’interroger sur les fondements des histoires (anonymes ou sociales) et leurs mythologies constituantes. Face aux malentendus des pactes sociaux l’œuvre résolument politique au sens profond du texte précise les archéologies des savoirs et des discours, les arcanes de l’enfermement (Surveiller et punir ; L’histoire de la folie à l’âge classique), de la médecine (Naissance de la clinique), des sciences humaines (Les mots et les Choses) et ceux de la sexualité (La volonté du savoir, L’usage des plaisirs, Le souci de soi).


Rassemblant les textes majeurs de Foucault ces deux volumes rameutent ses grandes idées et intuitions dans leurs cycles d’exploration des exils où il existe même parfois, comme l'auteur l’écrit dans une conférence publiée dans le tome 2, des « continents, des univers dont il serait bien impossible de relever la trace (…) tout simplement parce qu’ils n’appartiennent à aucun espace ». A la douceur des utopies s’opposent les divers lieux qui prouvent que dedans comme dehors nul « ne vit pas dans un espace neutre et blanc ». Traversant les domaines de connaissance, l’auteur fut un véritable pré-situationniste. Par ces travaux hétérogènes, dont les exils sont l’enjeu - celui du langage compris -, il démontre ce qui contamine et entrave l’être. Les deux volumes créent un champ immense qu’on n’a pas fini d’explorer. Il y a là une fugue inachevée, une forteresse volante.

Jean-Paul Gavard-Perret