Anthologie de la poésie chinoise
de Rémi Mathieu

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Panorama de le poésie chinoise
Contrairement à ce qu’on pense trop souvent la poésie chinoise est assimilable sur la scène littéraire mondiale. Contrecarrant la doxa idéologique des pouvoirs, des mouvements tels que « Bawu Yudong » ont marqué l’essor de pratiques expérimentales. Elles ont dépassé Shangai ou Pékin pour se répandre dans toutes les provinces et peuvent intéresser bien des cultures. Dès la dynastie Zhou lres poètes chinois n’ont cessé d’innover comme le prouve cette anthologie. Ils conjuguent abstraction, figuration, panthéisme et critique. De mystérieux paysages entraînent dans un voyage vers les profondeurs de l'âme : "dans la complainte de la pluie / le vague à l'âme est pareil à celui du lilas"

écrit Dai Wanghu. Se dessinent les contours d'une nature saisie dans un clair-obscur. Il n'est pas sans évoquer la contemplation romantique. Mais à travers ces paysages les poètes montrent les relations entre les êtres humains, c'est-à-dire, concrètement, les corps et le monde. Ils peuvent jouer avec les lieux de manière libre. Ils deviennent eux-mêmes parfois leurs propres personnages et influencent l'action, les sentiments, les relations des êtres. Faite d’expériences la poésie a pu flatter parfois les pouvoirs mais elles met aussi à nu les pires bourreaux de l'idéologie : ceux qui s'ignorent. Les 400 poètes de cette anthologie prouvent donc que l'individu doit être considéré comme tel par la communauté et non comme un moyen d'assurer l'existence de celle-ci.

Jean-Paul Gavard-Perret