Touiavii a parcouru l'Europe au début du XX siècle. De retour chez lui, dans les îles de Samoa, il décide de livrer ses réflexions sur son expérience. Il dépeint l'univers des papalaguis à travers les différentes observations de leurs us et coutumes pour le moins étranges. Avec cette sagesse qui caractérise les individus vivant au contact permanent de la nature et qui ont su garder les yeux ouverts sur les éléments qui fondent l'essentiel d'une existence pérenne et harmonieuse.
Il décrit dans une langue simple, juste et fortement imagée tous les fourvoiements d'une civilisation brisée par des comportements et des courants de pensée qui tendent à rejeter les valeurs sacrées qui unissent l'homme aux esprits de la nature et à ses semblables.
Il n'a de cesse de dénoncer les activités des papalaguis qui se divisent en deux groupes distincts, les hommes fentes et les hommes terres ; les premiers habitent dans des villes surpeuplées et vivent du travail des hommes terres. Il voit la cupidité des uns aux détriments des autres, la soif d'avoir toujours plus afin d'asseoir leur prestige social, sans jamais penser au bien de la communauté. La croyance en l'argent, l'envie de posséder des objets, la tentation de se faire l'égal de dieu, quitte à tout détruire, contribue à faire de cette société un laboratoire du pire.
Parfois empreints de naïveté, ces propos sont forts et percutants, mais en même temps ils recèlent une grande inquiétude vis à vis de ces papalaguis, armés de la bible, qui prônent l'amour des hommes entre eux tout en écrasant le rêve d'une humanité réconciliée avec elle-même.
A maintes reprises, il met en garde son peuple contre le mirage de cette civilisation porteuse du chaos intérieur, et formule le vœu que les papalaguis soient sauvés des démons qu'ils ont créés.
Un récit qui mérite toute notre attention, car il incarne une partie de la mémoire de nos origines physiques et spirituelles.
Heyrike - Eure - 57 ans - 16 février 2011 |