Trente-vingt-quatre
de Pierre Schwerzmann

critiqué par JPGP, le 26 décembre 2022
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Le minimalisme de Pierre Schwerzmann
Pierre Schwerzmann ne croit pas à la spontanéité du geste. Il travaille beaucoup, détruit sa facilité. De toute figuration il ne retient que l’essentiel. A savoir juste ce qui empêche l’image de basculer dans le néant. Demeure dans ses peintures et ses photographies les traces et les lignes essentielles qui échappent à la narration au profit d’une émotion dégagée de tout pathos. Les effets d’ellipses iconographiques provoquent une rythmique puissante au sein d’expérimentations de limites. La fixité est trompeuse. Tout peut toujours se détruire pour être recomposé de reprises en reprises, de montages en montages au minimalisme dont la rigueur s’accorde à un absolu plastique.

Le dépouillement, le monochrome sous leur austérité inscrivent une lumière étrange. La surface apaise mais en même temps elle remue. Elle instaure un désir de regard et fait éprouver des sensations contradictoires au sein de pulsations et de mécaniques d'oppression et de jubilation de la langue plastique en sa musique du silence. Des suites de lignes jouent de l'insistance et de la délicatesse. Les formes ferment et ouvrent avec, chez leur créateur, l’esprit d'analyse et de synthèse. C'est la marque d'une lucidité qui ne se satisfait pas d’elle-même et laisse libre court à la poésie. Plus Schwerzmann prend de risques plus son art devient la manière d’être au milieu de la nuit pour signifier le jour.

Jean-Paul Gavard-Perret