L'homme peuplé
de Franck Bouysse

critiqué par Pacmann, le 30 décembre 2022
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Version ésotérique du rat des villes chez le rat des champs
Dans une ambiance sombre et froide, on suit la confrontation à distance de deux jeunes hommes seuls dont le moral est dans les chaussettes, même si l'auteur n'écrit pas avec des gants.

Embourbé dans le manque d’inspiration après le succès phénoménal de son premier roman, Harry s'isole dans une ferme déglinguée pour tenter de vaincre le syndrome de la page blanche. Ses tentatives de contacts avec les indigènes sont très infructueuses ou se limitent à la jeune Sofie, qui tient l’épicerie du village, avare de confidences et plutôt taciturne.

Son voisin Caleb, orphelin de mère et de père inconnu, est propriétaire de la ferme d’à côté. Ce dernier est un peu sourcier, un peu guérisseur, mais surtout ermite proche de la nature. Ces deux être se sentent, s'observent, s'épient mais ne se croisent jamais. L’auteur alterne chapitre après chapitre, les deux histoires qui se déroulent à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, mais peut-être même davantage et dont la jonction est faite par « le chien » errant qui passe d’un à l’autre.

Si Caleb vit avec ses questionnements et la liste des recommandations de sa défunte mère, Harry reste coincé avec ses personnages de fiction.

On dépeint une ambiance qui ne donne sans doute pas l’envie d’un exil à la campagne et mais ce roman pousse surtout aux questionnements ; le titre évoquant les pensées, les préoccupations de ces deux hommes qui n’ont pas les outils pour s’en sortir, Caleb par son manque d’éducation, Harry par sa méconnaissance des codes du monde rural.

Un bon livre, assez sombre, mais qui se lit vite, qui divertit, qui ouvre l’esprit et dont l’épilogue va vous surprendre.
Ambiance mystérieuse, style magnifique 7 étoiles

Harry vient d’acheter une petite ferme en pleine campagne, sans même l’avoir vue au préalable. Il a écrit un livre qui a rencontré du succès, mais se demande s’il pourra un jour en écrire un second. Il débarque dans sa nouvelle maison en plein hiver, sous un paysage enneigé et désertique. Seule une autre ferme se trouve aux abords.
Harry fait la connaissance de Sofia, l’épicière, mais à part elle, tout le monde semble l’éviter. Il y a bien l’arrogant maire qui lui conseille de se méfier de tous…
Cependant, Harry se sent épié par son voisin, dont personne ne veut lui parler.
Caleb vivait avec sa mère pleine de hargne, une vie austère de fermiers silencieux. Jamais cette dernière n’a voulu révéler l’identité de son père à son fils, mais elle l’a toujours mis en garde contre les filles. Par ailleurs, elle lui a transmis des dons de guérisseur, qu’il n’utilise que pour les animaux. Un jour, sa tranquillité est rompue par une jeune fille...
J’ai beaucoup aimé le magnifique style de Franck Bouysse et l’ambiance qu’il réussit à créer dans son roman, dans cette nature brumeuse et qui inspire la peur, cette solitude calfeutrée et ces souvenirs qui affleurent. C’est d’ailleurs presque le personnage principal. Par contre, je suis toujours frustrée de côtoyer des personnages qui ne se parlent pas vraiment, qui n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments.
Franck Bouysse a de très belles phrases pour décrire notamment la littérature. La fin est un peu compliquée à saisir. L’auteur aime jouer à cache-cache et entretenir le mystère.

Pascale Ew. - - 57 ans - 25 mars 2023