Tu seras mon père
de Metin Arditi

critiqué par Pascale Ew., le 12 janvier 2023
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Rien n'est tout blanc ni tout noir
Francesco Barro, industriel dans la crème glacée, a été kidnappé par les Brigades rouges pendant plusieurs mois en 1978. A sa sortie, il est tellement dépressif qu’il finit par se suicider. Son fils Renato n’a alors que sept ans.
Onze ans plus tard, lorsque Renato entre dans un internat à Lausanne, une profonde amitié se noue entre lui et son professeur d’italien et de théâtre, Paolo Mantegazza...
Metin Arditi décrit très bien les ambiguïtés d'une relation amour-haine-culpabilité entre les deux personnages principaux. Renato a trouvé un père de substitution, avec qui il a beaucoup de goûts en commun et une tendresse, et qu’il admire. Cependant, il se sent redevable d’une fidélité envers son père, qu’il défend sans cesse en disant qu’il aimait et traitait bien ses ouvriers. Il finit tout de même par faire une thèse sur les Brigades rouges et leur apport. L’auteur nous emmène donc dans une réflexion complexe sur les motivations et les théories de ces ouvriers pauvres et révoltés. Il aborde également le thème du pardon, nécessaire pour pouvoir se construire. Un beau roman tout en nuances !
Instructif et émouvant 9 étoiles

De Metin Arditi, j'avais déjà lu "L'enfant qui mesurait le monde"
J'étais donc heureuse de le retrouver dans cette sélection 2024 du Prix du Meilleur Roman Points.
J'ai de nouveau été conquise ; ce fut un bonheur de retrouver son écriture.

Metin Arditi pare ses personnages d'une grande sensibilité, d'une très belle humanité. Son oeuvre prend racine dans la noirceur, la violence mais, entre ses mots, la lumière se fraye un chemin.

Dans ce roman, l'auteur démontre une grande connaissance de l'Italie et d'un pan douloureux de son histoire contemporaine : les brigades rouges.
On sent une fascination pour cette période de l'histoire et surtout pour les théories qui ont nourri les brigades rouges.
Monsieur Arditi ne se fait pas moraliste, on sent pourtant , à travers ses personnages, qu'il réprouve les actes des Brigades rouges.
Il m'a fait découvrir Elias Canetti et son écrit Masse et puissance (cet écrit joue un rôle clé dans le roman) et, quand un écrivain nous amène à explorer notre monde, nos sociétés, en nous offrant le plaisir de la lecture, pour moi c'est pari gagné. C'est une littérature qui ouvre les cœurs et les neurones.
Je me suis retrouvée à m'interroger à propos de l'engagement politique, de la lutte armée, sur les moteurs qui animent ces actions.

Enfin, le personnage de Renato est un personnage pour qui j'ai ressenti de la tendresse, je me suis identifiée à Rosa, sa gouvernante, toujours disponible pour lui et qui le guide, le soutient, l'aide à grandir malgré la noirceur de ce qu'il a vécu. Rosa est un pilier, un repère rassurant pour Renato.

Je reste avec une question à poser à l'auteur : y a-t-il un peu de vous et de votre enfance dans le personnage de Renato, y avait-il un peu de vous dans "l'enfant qui mesurait le monde " ?

Le style de Metin Arditi, ses thèmes de prédilection, la manière dont il documente ses écrits m'amènent aujourd'hui à l'ajouter à ma liste d'auteurs favoris et je pense que je le lirai à nouveau très prochainement.
Lequel de ses écrits me conseillez-vous ?

Bafie - - 63 ans - 1 mai 2024