Regain
de Jean Giono

critiqué par Saufiane, le 28 octobre 2004
( - 47 ans)


La note:  étoiles
Douce Provence
Il se situe parmi les premiers romans de Giono, ceux de la veine des romans-poèmes dédiés à la terre.
Dès l'incipit le ton est donné, on se trouve dans une ambiance presque onirique grâce a certains détails visuels ainsi qu'à l'omniprésence de Pan, Dieu de la terre et des paysans.
Regain possède une facette de nostalgie qui nous rappelle de quelle façon l'Homme pourrait s'épanouir loin des préoccupations matérielles qui nous animent et nous déshumanisent.
Pour conclure: un livre à lire et à relire.
Chef d'oeuvre 10 étoiles

Dernier volet de la "trilogie de Pan", "Regain" est le chef d'oeuvre de la trilogie et un des sommets, clairement, de Giono. Adapté au cinéma par Pagnol qui en a fait, lui aussi, un chef d'oeuvre (dans lequel Fernandel, qui campe le rémouleur Gédémus, y est très sombre, antipathique, à l'opposé de ses rôles habituels, et franchement excellent), ce roman est une pure merveille qui, en à peine 150 pages, nous raconte la lente remontée à la vie d'un petit hameau provençal déserté, grâce à une jeune femme échappée des mains d'un rémouleur grossier, et s'amourachant de l'unique habitant du coin, un homme un peu sauvageon. Une belle histoire, une écriture plus sobre que pour les deux précédents opus, et totalement magnifique. Un très grand roman, pas par la quantité (de pages), mais par sa qualité.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 23 août 2024


Pan 3... 10 étoiles

La renaissance d'un village mort abandonné par ses habitants est un thème récurrent chez Giono (voir « L'homme qui plantait des arbres »).
« Regain », qui symbolise le renouveau d'un village, est le troisième volume de la trilogie dite « de Pan », précédé de « Colline » et de « Un de baumugnes ». Ce troisième volume, publié en 1930, nous permet d'assister à la rencontre de Panturle et d'Arsule ; lui, Panturle, le chasseur errant devenu paysan « à cause » d'Arsule ; ils permettront par leur alliance au village d'Aubignane - un village imaginaire qui pourrait être Redortiers, en Haute Provence - de renaître.
Comme les deux précédents volumes de la trilogie, « Regain » est une belle histoire « à la Giono » pourrait-on dire maintenant, quatre-vingt ans plus tard : un village dont la terre est réputée aride dans toute la région se meurt. Ne restent que le chasseur Panturle et la vieille Mamèche. C'est elle, par un concours de circonstances qui fera se rencontrer Panturle et Arsule… Ces deux-là seront à l'origine de la production, dès la première année, du plus beau blé de la région…
Peu d'écrivains, à part Pagnol, sont capables d'évoquer la Provence comme le fait Giono. Ce petit « conte » est un régal ; quelque chose comme de la poésie… qui sentirait l'âtre et le terroir.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 31 janvier 2013


Les enfants de la Haute-Provence 7 étoiles

Ce roman est plein de fraicheur. Il baigne de la beauté des paysages et de la simplicité des paysans qui les habitent, de leurs goûts et habitudes. Il fait prendre du recul sur les nôtres, nous urbains du début du XXIème siècle, ce qui ne peut pas faire de mal, surtout à moi ultra-urbain.
Ce livre, qui ne m'avait absolument pas "parlé", la première fois que je j'ai lu, en début d'adolescence, au commencement des années 1990, me fait aujourd'hui écho au joli film Les Enfants du marais. S'il me semble assez beau et un peu suranné, je l'apprécie sans adorer. La rudesse de "ces gens-là", pour parler comme Jacques Brel, est toujours sincère, souvent sensible, pas toujours fine, et l'action est un peu languide, lente ; mais aussi est-ce un appel, que j'ai bien noté, à apprécier la nature, à la savourer, avec le temps nécessaire à cela. Il est donc loin d'être aussi vain que je l'avais perçu, de manière assez maladroite, à ma première lecture. Il mérite d'être médité, bien qu'il manque d'un zeste de romanesque, à mon goût, ce que Jean Giono sait retranscrire.

Veneziano - Paris - 47 ans - 12 août 2012


La pastorale de Giono 8 étoiles

« Regain » vient clore en beauté la trilogie de Pan. Les paysages y sont toujours peints avec autant d'originalité et de pureté à la fois. Amoureux moi-même de nature, j'ai souvent beaucoup de mal à apprécier les descriptions lyriques du type Terres Sauvages. À l'opposé, Giono a vraiment le don pour nous plonger dans l'univers naturel avec beaucoup de tendresse tout en sachant rester juste.
L'ordre des trois courts romans de la trilogie de Pan n'est pas dénué de sens. « Colline » est très négatif, on y voit l'homme misérable lutter contre lui-même et la nature, sans succès. « Un de Baumugnes », qui reste à mon avis le plus beau des trois, est plus axé sur l’étude des relations humaines. C'est un hymne à la bonté qui nous redonne confiance en l'homme en nous proposant un exemple, un modèle à suivre. Enfin « Regain » est une synthèse qui montre comment en partant d'une situation désolée telle que celle décrite dans « Colline », l'homme bon et sa femme encore plus vertueuse parviennent à recréer un cadre de vie aussi attrayant que la petite famille bienheureuse que l'on voit à la fin de « Un de Baumugnes ». Alors que « Colline » se termine sur la mort de l'homme (mort de Janet) et de la nature (mort du marcassin), « Regain » aboutit à une naissance attendue et au renouveau des champs.
Il y a tout de même un point qui m'échappe. Dans ces trois romans, la présence de la nature est fondamentale et constante, au point de constituer un personnage à part entière. Mais alors qu'elle est l'ennemie de l'homme dans le premier volume, elle est souvent l'objet de son admiration dans le second et même source de vie dans le dernier. Faut-il s'abstenir face à la nature (« Colline ») ou faut-il vouloir la dompter (« Regain ») ? Giono cherche peut-être tout simplement à nous montrer que l'environnement dans lequel nous vivons sera toujours autre. Il n'y a rien de plus neutre et strict que la nature !

Maufrigneuse - Saulieu, Bourgogne - 35 ans - 16 mai 2012


La Terre : bouillon de vie 9 étoiles

Ecrit dans les années trente, Jean Giono, dans ce court roman qui ressemble presque à un conte philosophique (dans la lignée d'un Siddharta), exalte les valeurs paysannes et la Terre, qu'il décrit comme le terreau originel de l'Homme, c'est-à-dire comme la source de la vie humaine.
L'histoire est simple : Panturle se retrouve tout seul dans un village de Provence, en plein dans la campagne, Aubignane. Il vit de la chasse, mais il dépérit. C'est en rencontrant Arsule, et en tombant amoureux d'elle, que la vie renaîtra au village, de par ses plantations de blé. En plus d'être une ode à la Terre, c'est aussi, bien évidemment, une ode à la Femme, qui sauve Panturle physiquement après sa noyade, mais qui le sauve aussi spirituellement, en lui redonnant une puissante envie de vivre, de construire un foyer, et de perpétuer l'espèce humaine en enfantant, ce qui représente l'apogée de ce roman.
Comment ne pas être marqué par ce lien - et même plus qu'un lien : cet attachement, cette relation passionnée - entre Panturle et la Terre? Comment ne pas être ému par l'amour que Panturle, ce paysan aux aspects rudes, porte à Arsule? Avant d'être un roman qui pousse à la réflexion, c'est un roman qui évoque les sentiments humains les plus nobles, les plus sains.
Aussi ce livre devrait-il interroger les citoyens sur l'effondrement écologique auquel ils participent, au moins de par leur inaction.

OC- - - 28 ans - 3 avril 2012


Vie et destin de la « civilisation paysanne » 10 étoiles

Regain, c'est l'herbe qui repousse dans un pré après la fauche... C’est l’éternelle victoire de la nature.
Regain de Jean Giono, c'est l'histoire d'un village, Aubignac perdu sur le plateau des hautes Provence et qui est mort, par abandon de ses habitants et qui va revivre grâce à un homme et une femme. L’homme laissera la chasse pour commencer à gratter la terre, « il pense à la charrue quand il pense à l’enfant qui vient… »
Le style de Giono est imagé et poétique. Dans Giono, la nature est vivante. C’est un organisme vivant, un être qui nous regarde et nous juge… Il y a « le gros œil du ruisseau couleur d’herbe qui clignote et qui guette », il y a « les doigts blancs du ruisseau qui se renferme sur Panturle » quand il tombe dans l’eau. Il y a « les voix des arbres qui parlent ensemble »…
C’est une écriture magnifique.
Un jour quand il n’y aura plus rien et s’il y a encore des hommes sur terre, ils reliront Giono pour savoir comment c’était avant, la nature…
Il sera alors hissé au panthéon des auteurs, il y aura un culte, ce sera le nouveau prophète…

Chene - Tours - 54 ans - 28 mai 2011


Ode à la terre 10 étoiles

Comment ajouter quelque chose après la superbe critique d'Hexagone ?
Oui , ce roman est magnifique pour les valeurs véhiculées par l'auteur ( la Terre , la Bonté , l'humilité du monde paysan , ...)
Comme le dit Sofiane ; il règne une ambiance onirique de la première à la dernière page .
Quand je pense à Regain ; il me vient immédiatement en mémoire L'Angélus (tableau de Jean-François Millet ) où l'on voit 2 paysans priant têtes baissées dans un champs labouré...... magique !

Frunny - PARIS - 59 ans - 17 août 2010


Que ma joie demeure. 10 étoiles

Oui, que ma joie demeure d'avoir lu la trilogie de Pan et surtout ce dernier opus. Etre entraîner sur les sentiers de la Provence de Giono a été un vrai plaisir. Sous chaque pierre, chaque caillou, chaque buisson de cet itinéraire se cache un émerveillement. Au delà de toute espérance ce dernier tome couronne magistralement une trilogie déjà bien engagée. Pour moi " Regain" en est le meilleur opus, même si les deux autres sont déjà extraordinaires. C'est toute une mythologie que Giono a mis en oeuvre, tout un Panthéon d'êtres incroyables de surprises, d'allégresse, cachées derrière la rudesse des hommes de l'époque. Sous couvert de dieu païen, comment ne pas voir dans " Regain" une allégorie chrétienne. La terre dénudée, oubliée qui devient par le truchement du destin une terre de lait et de miel. Comment ne pas voir dans la noyade de Panturle, une métaphore du baptême purificateur. Arsule la femme pècheresse qui devient rédemptrice et salvatrice. Les stigmates du travail sur les mains de Panturle sont sublimes de sacrifice annonçant le meilleur, l'enfantement. Une oeuvre courte mais évocatrice de sensations parfois oubliées. Une explosion d'odeurs, de couleurs, de sentiments avec l'apothéose de l'homme transformé, transfiguré pour un avenir radieux. On peut y voir un roman paysan, une contine rurale, mais diable, tant de symboles sont dissimulés dans ce livre que s'en est un plaisir d'aller les chercher, non pas entre les lignes, mais en soi. Ceci en fait un livre magnifique.

Hexagone - - 53 ans - 15 janvier 2010


Une réussite 8 étoiles

Dernier volet de la trilogie, après "Colline" et "Un de Baumugnes", je ne m'attendais pas à ce que ce livre dépasse à ce point les deux précédents.

C'est beau, ça porte une rudesse pleine de bonté, de bon sens et d'écoute de la nature.

Le café de... - Perpignan - Bordeaux - 40 ans - 13 septembre 2008


Une écriture poétique 8 étoiles

On ne peut une fois de plus rester insensible au charme de la Haute-Provence, malgré la dureté du milieu dans lequel évoluent les personnages.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 17 novembre 2005


Oui ! 8 étoiles

Un très beau livre que j'ai lu à 16 ans et qui m'avait fortement impressionné. L'écriture est une merveille, comme à chaque fois, et nous avons vraiment l'impression de sentir la terre. J'aime ces romans qui chantent la Provence et Giono la sent et la vit au mieux !

Nous ne pouvons cependant pas nier qu'il la magnifie aussi et en fait autant des hommes simples qui la peuplent. Cette Procence devient un territoire de rêve qui échappe peut-être un peu du réel...

Il n'empêche, ces livres sont à lire pour la beauté qu'il contiennent. Par la suite, Giono reviendra à un peu plus de réalisme, comme dans "L'Iris de Suez", "Le hussard sur le toit", "Les âmes fortes" etc. Des livres à ne pas manquer !

Jules - Bruxelles - 80 ans - 29 octobre 2004