Crépuscule de Philippe Claudel
Catégorie(s) : Littérature => Francophone

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Conte en Europe centrale
J'avoue que la couverture est belle. Ça fait penser à un conte et à vrai dire, je pense que le dernier roman de Claudel devrait être classé ainsi. Pour moi, en effet, ce n'est pas vraiment un polar historique. L'enquête n'est que secondaire. C'est plus l'ambiance qui prime.
Le personnage principal est un policier, pardon le Policier, car Claudel écrit avec des majuscules partout. Puis on découvre l'Adjoint, etc... Ce qui trouble quand subitement on lit le nom de Baraj. Je ne savais plus si c'était le Policier ou l'Adjoint.
Les 90 ou 100 premières pages sont assez lentes. Le Curé est découvert mort par 2 enfants. Il ne se passe pas grand-chose, les personnages principaux vont se réunir pour admirer la pierre qui a servi d'arme. Le reste de la prose de l'auteur décrit les comportements veules des hommes. Beaucoup sortent leur membre en toutes occasions. Le Curé a-t-il fait de même ?
Au fur et à mesure des chapitres, on peut situer un.peu plus où se trouve cet Empire et à quelle époque. La seconde moitié m'a fait penser à l'ambiance dans la BD Tintin "Le spectre d'Ottokar". Les tenues, les coiffes, les repas sont beaucoup décrits.
Je pense que c'est un roman qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Difficile d'y adhérer si le début ne plait pas. Pas contre les innombrables "celles et ceux" ou "les habitantes et les habitants" gênent plus qu'autre chose dans un roman qui se passe au début du XXème siècle et où les femmes sont rares.
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Les critiques éclairs (4)
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le peuple peut être vil quand il est manipulé

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 77 ans) - 14 février 2025
A quelle époque ? A la fin du 19 ème, à l'aube du 20ème, peut être mais qu'importe !
C'est une ville tranquille, très peu connue dans les autres provinces, il ne s'y passe rien.
Nourio, le Policier qui mène les quelques enquêtes, s'ennuie quelque peu. Il se laisse aller à ses pulsions sexuelles sur une femme qui peine à supporter les assauts de cet homme.
Attention au feu qui couve...
Un jour, le curé est trouvé mort assassiné, on retrouve près de son corps une pierre toute ensanglantée.
L'arme est trouvée mais quel est le mobile ?
Tout le monde pleure en public le « saint homme » mais certains se souviennent de sa dureté, voire de sa méchanceté.
Nourio commence à chercher des indices, aidé par son second, un géant un peu bête mais bon.
Pourquoi les paroissiens menés par les représentants de l'Eglise pour la procession mortuaire , s'arrêtent 14 fois....
Ya t-il une similitude avec ce qui est arrivé au Christ !
Nourio qui a beaucoup plus d'intelligence que de courage comprend que ces 14 arrêts ont lieu dans des lieux habités par des musulmans.
Il aurait pu très bien poursuivre, comprendre, empêcher que la machine infernale ne s'emballe mais rien ni personne n'empêchera la furie criminelle et stupide des hommes.
Le suspense est présent à tous les moments et le lecteur happé par le rythme du récit, conquis par la puissance et la beauté des descriptions a du mal à lâcher son livre pour vaquer à une autre occupation.
Philippe Claudel est un grand écrivain, il n'a rien à prouver mais son histoire qui évoque une époque relativement lointaine nous touche particulièrement.
Hier, comme aujourd'hui, des hommes se laissent aller à leur plus bas instinct et celui qui vit à côté de soi peut devenir son pire ennemi .
Comme l'explique au Policier, le Commandant :
« L'Empire, sa cohésion, sa puissance, sa pérennité, reposent certes sur sa force, mais aussi sur sa faculté à produire son propre récit, à célébrer sa grandeur et à l'affermir en désignant ses ennemis. »
Jean-François Chalot
l'empire éclaté

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 22 janvier 2024
Un beau jour, le curé du village est retrouvé assassiné, un soir sur le chemin .
Malgré l’enquête du policier aidé de son adjoint, on ne retrouve pas le coupable , mais les rumeurs vont bon train . Le médecin du village , Krashmir, musulman, décide de quitter les lieux , car il craint le pire pour sa communauté . Et effectivement son intuition lui donnera raison .
« Partez toutes et tous. Quittez cette ville. Faites vos bagages. Allez où vous voulez, où vous pouvez. Ne vous retournez pas.
Partez. Faites-le vite. Il y a ici un grand danger. Partez. Je vous le conseille. Ne pensez pas que je suis fou. Ne pensez pas qu'il me vient des idées bizarres et que j'ai perdu la tête. Si vous tenez à votre vie, à celle de vos enfants, à celle de vos aïeuls, partez. Partez. Partez ! Partez vite, mes amis ! Bientôt, il sera trop tard ! Partez ! »
Réponse de l’imam :
« Je suis né ici. Cette ville est la mienne. Je la quitterai au moment de ma mort….(.)
Vous êtes un lâche, Krashmir, j'ai honte pour vous, et vos conseils sont ceux d'un sans-couilles, excusez ma vulgarité. Gardez-les pour vous seul ! Ce n'est pas parce qu'on m'insulte ou me malmène qu'on me forcera à partir ! Je n'ai rien volé ! Je n'ai tué personne et n'ai causé aucun tort ! Je suis ici chez moi ! Nous sommes ici chez nous ! »
Indépendamment de cette recherche de la vérité , l’auteur se concentre sur la vie privée de Nourio, le policier , un homme dévoré par sa passion pour les femmes , impossible de se contrôler . Son adjoint, Baraj, lui, est uniquement préoccupé par ses chiens, les Beaux comme il les appelle.
Vie typique d’un petit village avec ses secrets, ses rumeurs, ses mensonges, son café où les hommes viennent s’y saouler et ses femmes qui n'existent que pour procréer.
Une histoire un peu triste et glauque parfois, mais sauvée par une écriture remarquable . Face à cela on se sent bien pauvre , car comment arriver à un tel niveau de rédaction littéraire ?
Un bémol : la fin bâclée bien dans la logique conservatrice : se marier et faire des enfants. J'aurais espéré autre chose pour Lémia, la rebelle..
Une somptuosité de plus chez Philippe Claudel

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 5 septembre 2023
Le coupable serait-il un membre de la communauté musulmane, minoritaire? Atmosphère lourde, portraits prodigieusement bien rendus, nous savourons ici un ouvrage remarquable par la sociologie du sujet et tout à fait somptueux par son écriture.
Fable politique

Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 27 juillet 2023
Un jour, le curé est découvert mort, la tête fracassée par une pierre. Qui, dans une contrée où chrétiens et musulmans ont toujours vécu en bonne entente, peut lui en vouloir ?
Le crime fait un heureux, le Policier, Nourio, qui voit enfin la possibilité d’exercer son intellect à d'autre chose qu’à des occupations routinières et sans intérêt. Le garçon au teint olivâtre et aux pulsions sexuelles incontrôlables y voit même la possibilité d’obtenir de l’avancement et de sortir de ce trou assommant. Il est secondé par son adjoint Baraj, dont l’apparence de bête placide et musculeuse dissimule l’âme d’un enfant poète.
Le récit démarre avec les interrogations classique d’un polar historique, mais laisse assez rapidement la place à une fable qui met en scène les ressentiments cachés de la population vis-à-vis de la minorité musulmane. Ces ressentiments sont aiguillonnés dans les sphères les plus hautes de l’empire au profit d’un plan machiavélique dont les habitants seront tout à la fois les marionnettes et les victimes.
Philippe Claudel possède bien son art et j'ai apprécié les description de cette province retirée, abandonnée à la dureté des saisons. J’ai été moins convaincu par le déroulement du récit qui met en place les questionnements logiques d’une enquête policière pour la délaisser au profit d’une fable politique.
Cette dernière n’est guère convaincante, la partie chrétienne de la population étant décrite comme une assemblée de croyants qui observent leur foi davantage par habitude que par conviction, ce qui est peu cohérent avec le reste du récit qui exige beaucoup de fanatisme et peu de discernement. Elle est de plus terriblement convenue par rapport à un certain esprit du temps. En effet, si, parfois, la fable politique est le miroir sans fard des folies des temps présents, ici, on se trouve, malheureusement, dans la simple représentation de ce que le conformisme intellectuel le plus rebattu se plaît à imaginer.
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