La beauté, tôt vouée à se défaire de Yasunari Kawabata

La beauté, tôt vouée à se défaire de Yasunari Kawabata
( Nemureru bijo)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Sahkti, le 1 novembre 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 642ème position).
Visites : 6 158  (depuis Novembre 2007)

Beauté impalpable

Peut-on dire que l’œuvre de Kawabata est à l’image de sa vie, à savoir prodigieusement ascendante dans un premier temps avant de connaître l’inexorable chute qui conduit vers un départ irréversible. Du Prix Nobel au suicide, de la joie au tourment. Il me semble que l’on retrouve cette évolution dans ces deux nouvelles longtemps inédites en France.

Le premier récit, le Bras, ressemble à une parabole cruelle. Tout commence pourtant comme dans un rêve, une jeune fille retire son bras droit et l’offre au narrateur pour lequel il devient un véritable objet de vénération le temps d’une soirée. Le bonheur avant la chute douloureuse. Si on peut longuement s’interroger sur les symboles liés à la sensualité qui se dégagent de cette forme de fétichisme, je préfère m’attarder sur les notions de beauté véhiculées par Kawabata. A quoi tient la splendeur d’une femme ? Un bras en moins peut-il la réduire à néant ? La beauté féminine semble si fragile… Kawabata plonge à pleine main dans cet univers éphémère et puissant, même si les moyens empruntés pour y parvenir sortent des sentiers battus.

La seconde nouvelle, qui a donné son titre au recueil, semble au départ plus pragmatique. Il est question d’un assassinat de deux jeunes filles, un meurtrier condamné et mort en prison avant d’avoir tout révélé. Le narrateur mène l’enquête, consulte les rapports, réécrit l’histoire, s’interroge longuement. Dans quel but ? Au lieu de faire la lumière sur cette affaire, il la couvre d’un voile obscur qui embrouille considérablement les pistes. Ici encore, l’énergie du début se mue lentement mais sûrement en un drame dont il est impossible de se relever.

Deux textes qui comportent, à mes yeux, des hauts et des bas, de beaux passages et quelques longueurs. La force qu’ils contiennent tend parfois à s’essouffler mais cela ne tiendrait-il pas au fait qu’il est si difficile de palper la beauté dans ce qu’elle a d’éphémère en quelques mots, épurés, et de nombreux silences. Kawabata nous livre quelques pistes, à nous sans doute d’imaginer la suite.

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Un raté pour moi

3 étoiles

Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 1 août 2005

Les belles endormies reposent toujours sur une de mes étagères sans que j’aie pris le temps de le lire, et c’est par la Beauté, tôt vouée à se défaire que j’ai abordé Kawabata. J’avoue que pour moi, hélas, c’est un échec. Ce livre regroupe deux nouvelles restées longtemps inédites en français, Le Bras, écrit en 1963, et La beauté tôt vouée à se défaire, plus ancienne, écrite en 1933. Ces deux textes étaient regroupés par l’auteur en 1967 avec les Belles endormies. Le bras m’a déroutée, même si l’allégorie est belle, le surréalisme me met mal à l’aise (je n’aime pas, c’est tout). Quant à la beauté etc, je ne suis pas allée au bout : cette reprise sans cesse du récit du présumé meurtrier m’a ennuyée, j’ai abandonné. Ce n’est pas par ce livre que je tomberai sous le charme de Kawabata. Tant pis…

Inégalité des nouvelles

8 étoiles

Critique de Don_Quichotte (Metz, Inscrit le 31 mai 2004, 37 ans) - 1 novembre 2004

On peut dire que je me suis fait grillé sur le fil, je voulais faire la critique de ce livre cet aprés midi, mais bon c'est peut être mieux comme ça...
Je donnerai juste mes impressions: la première nouvelle , le bras, est pour moi d'une beauté rare, un souffle d'étrange dans un Tokyo glaciale, une complicité magique entre l'homme et le frêle bras...J'ai été époustouflé par cette nouvelle, qui bien que trés courte renferme une émotion d'une intensité rare...
La deuxième nouvelle est bien plus longue et quelque fois rébarbative, les 20 dernières pages sont tout de même trés touchante...

Vive Kawabata!

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