Pensées prémonitoires

17 septembre 1986, rue de Rennes à Paris, une violente explosion jette à terre les piétons dont Suzanne et son grand frère Louis. Auvergnats d’origine, ils sont venus à la capitale pour poursuivre de brillantes études. Louis est étudiant à Normale Sup et Suzanne est entrée, au début de ce mois, en classe préparatoire au lycée Fénelon. Louis est le fils préféré, il est très doué, rigoureux, appliqué, travailleur et ne se disperses jamais dans des activités ludiques. Suzanne, elle, est plus sensible, émotive, elle donne une grande place à ses émotions qu’elle suit régulièrement. Littéraire, elle lit beaucoup et tient un journal intime dans lequel elle s’adresse à un certain François qu’elle a inventé pour lui servir à la fois de correspondant et de confident. Elle s’est rendu compte qu’elle vivait souvent des événements qu’elle avait pressentis auparavant, elle en a conclu qu’elle avait un pouvoir divinatoire qui l’encombrait et la mettait souvent dans des situations angoissantes.

A Fénelon, après l’attentat, elle se lie d’amitié avec une enseignante qui la visite pendant son hospitalisation, elle comprend son hypersensibilité et ses prédispositions à la divination. Cette amie professeure se passionne pour les relations des Poilus de 14 avec leur famille, elle accumule les lettres qu’ils envoyaient aux leurs, elle en distribue à ses élèves dans le cadre d’un travail littéraire. Suzanne reçoit une lettre émanant d’un certain Francis qui porte le même paronyme qu’elle, elle découvre vite qu’il s’agit de son grand-oncle Francis décédé sur le champ de bataille. Cette découverte la trouble, ce Francis est très proche du François qui lui sert de confident et de correspondant imaginaire. Coïncidence ? Son hypersensibilité et ses dons divinatoires sont en alerte, elle est perturbée, elle pressent que quelque chose ne tourne pas rond autour d‘elle. Des pièces semblent manquer au puzzle de sa vie…

Une aventure amoureuse passionnelle ne lui apporte que souffrance et déception, elle se rapproche alors des ses racines, des plaisirs de la nature, des plantes, surtout des fleurs qu’elle cultive au Jardin des Plantes avec le fils de son amies enseignantes. C’est avec celle-ci et son fils qu’elle découvrira les quelques maillons qui lui manquent pour boucler la chaîne qu’elle a ouverte en confiant ses joies, ses peines et ses inquiétudes face à ses dons, à son cher François.

C’est un joli roman d’amour que Sioux a écrit, avec cette histoire qui plonge ses racines au plus profond de la terre auvergnate, elle délivre un message écologique sincère et authentique à l’encontre de toutes les doctrines fumeuses qui courent un peu partout actuellement dans les médias et réseaux sociaux. Elle « a voulu, avec cette fiction, mettre en lumière l’héritage inconscient de que nous portons parfois de nos ancêtres ». Comme l’écrit son éditeur, « elle utilise habillement ses connaissances en psychogénéalogie pour enrichir d’une dimension spirituelle son univers romanesque ». Avec ce regard, en utilisant cet angle de vue, elle donne du sens à son histoire qui sort ainsi des sentiers battus de la littérature qui se contente de jouer avec les émotions des lecteurs.

Je retiendrai cette courte phrase que j’ai notée au fil de ma lecture : « Personne ne meurt vraiment, l’énergie circule, éternelle ». C’est un très beau message d’espoir pour tous ceux qui mesurent le poids que les ans font peser sur leur futur.

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  1986 [Texte imprimé]

  de Berger, Sioux
  Editions De Borée
  ISBN : 9782812928031 ; 18,00 € ; 02/02/2023 ; 233 p. ; Broché

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