Une nuit particulière
de Grégoire Delacourt

critiqué par Pacmann, le 27 avril 2023
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Réconfort mutuel pour des amours délaissés
Deux être délaissés se rencontrent et vont faire l’amour pour oublier leurs différents déboires, ceux de la rupture, de l’incompréhension, de la maladie.

Ce n’est ni un roman érotique, ni réellement romantique et cela ressemble à une chronique d’une tentative de sauvetage dans un mélange des corps qui sont conscients de n’avoir aucun avenir l’un avec l’autre. Une entraide mutuelle sans véritable amour, seulement un réconfort.

Rien non plus de très original dans cette histoire qui est racontée deux fois, d’abord du point de vue de la femme, et ensuite de celui de l’homme, mais je n’ai vu aucune grande dichotomie dans les approches.

Aussi quelques très belles phrases et des réflexions parfois empruntées à d’autres textes parsèment ce récit qui se veut fort, mais sans considérer qu’on est dans l’extase ou de l’original.
une belle romance amoureuse 8 étoiles

Une nuit particulière


Il existe des amours qui se quittent, qui disparaissent parce que l'un se lasse et laisse l'autre.
Faut-il émettre des jugements ?
C'est cela la vie !
Aurore qui a vécu jusque là un amour intense est désespérée, il l'a quittée sans un mot ou presque. Elle l'aime tellement, sans réserve.
Elle ne sait que faire. C'était pourtant pour la vie comme il lui avait répété si souvent.
Le soir de la séparation, elle remarque un homme seul qu'elle aborde en lui demandant de l'emmener là bas. Cherche t-elle une aventure ?
Certainement pas ! Elle veut l'amour !
Elle veut savoir si elle peut plaire et penser encore à son amour qui va quitter la maison conjugale ce soir...Il est peut être déjà parti.
Entre ces deux là qui ne se connaissent, va commencer une longue nuit au cours de laquelle ils vont se toucher, se parler et faire connaissance.
L'amour plein et complet n'est pas seulement la communion des corps enchevêtrés, c'est peut être des mots, des intentions, des caresses à peine esquissées, une rencontre au cours d'une nuit particulière.
Ces deux là comprennent vite qu'il n'y aura pas d'après et d'ailleurs y a t-il eu de l'avant ?
Smeone, cet homme rencontré là a sa vie, ses peines et ses secrets. Il pense à cette femme : « Aurore tombait et m'avait abordé pour une raison précise. Elle m'avait choisi pour être son amant. Son amant de deuil. »
S'agit-il là d'une rencontre fortuite où Aurore ne pense qu'à elle où la rencontre de deux êtres en recherche ou en solitude, l'un perdu et acceptant sa perte et l'autre disponible ?
C'est un roman d'amour qui touche le lecteur au plus profond de son être.

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 3 septembre 2024


Une brève et triste rencontre 9 étoiles

Aurore est désespérée. Olivier, son mari, vient de la quitter ; pendant trente ans, leur couple fonctionnait sur des bases originales, refusant les habitudes, maintenant des jeux de séduction, pour ne jamais sombrer dans la routine.
Elle aborde au hasard un homme dans la rue. Simeone, surpris, est séduit par cette femme, belle et si seule. Il accepte de l’écouter, de la prendre dans ses bras, puis de passer quelques heures avec elle. "Alors j’ai murmuré à mon inconnue que j’allais l’aimer."
Pourtant il est marié avec Marie.

J’ai commencé ce roman en pensant aux paroles de la chanson de Michel Fugain, "C’est un beau roman, c’est une belle histoire, ils se sont croisés au bord du chemin, ils se sont quittés au bord du matin" , une jolie rencontre sans lendemain.
Puis les personnages et leurs identités prennent de la profondeur. Leur manière de se comprendre, de s’aimer au travers des mots, découvrant les véritables motivations de ces deux écorchés de la vie.
Le récit repris ensuite par Simeone, n’apporte pas forcément de nouveauté.
Le plus admirable dans ce roman, c’est l’écriture ; les belles phrases, l’art d’écrire la douleur, les souvenirs. Du très beau travail, qui valorise ce roman original et très touchant.

Marvic - Normandie - 66 ans - 24 août 2024


chabadabada 10 étoiles

Un homme, une femme, chabadabada… Comme dans la chanson de Francis Lai, immortalisée par le film de Claude Lelouch, un homme et une femme se rencontrent, par hasard, du moins le croit-on même si la suite le contredira. Deux paumés de la vie en rupture d’amour qui vont vivre, en une nuit d’errance à deux, ce bonheur que la vie semble leur refuser. Une écriture soignée, tantôt minimaliste à la manière d’Annie Ernaux, tantôt osant quelques belles envolées lyriques, pour nous raconter l’amour, loin, très loin des clichés habituels. La fin est surprenante, éclairant certaines zones d’ombre du récit tout en en laissant apparaître d’autres, insoupçonnées jusque-là. Au final, un charme fou pour ce petit roman qui en vaut bien des plus grands…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 21 juillet 2024


Une si belle rencontre de hasard 9 étoiles

Un court roman animé par 2 narrateurs distincts : Elle, Aurore, larguée le jour même par Olivier son conjoint, en train de faire sa valise au bout de 30 années de mariage. Lui, Simeone, souffrant d'un cancer à la gorge et songeant à épargner à Marie son épouse sa fin de vie proche.

Sur une quelconque voie publique, Elle et Lui se croisent, ressentent une irrésistible attirance réciproque et passent une nuit ensemble.

Celle-ci demeurera-t-elle sans lendemain ou bien cette rencontre de hasard se fortifiera-t-elle dans la durée?

Après son "Danser au bord de l'abîme" Grégoire Delacourt redéploie ici, avec finesse et tendresse, son émouvante justesse d'analyse ...

En témoignent, ces quelques poignants extraits :

(Page 57) – Que retient-on de quelqu’un qui part hormis son dernier regard – toujours un regard de vaincu, d’ailleurs.
On se retrouve alors seul mais on oublie qu’on l’a toujours été. On s’est juste accouplés le temps de la traversée, le temps d’une vie, entre deux vides.
La joie, c’était la traversée. La violente beauté des vagues, la caresse des embruns.
C’était ça la vie. Traverser avec toi. Etre avec toi.

(Page 65) – Je me demande si tu es encore là, Olivier, si tu rôdes encore dans notre grand appartement, si tes sacs sont faits, tes cartons. Si vous évoquez des souvenirs de nous, notre fille et toi.
Mais méfie-toi des souvenirs. Ils sont des valises de plomb. Ils t’ancrent sur terre et t’empêchent les étoiles.
Le souvenir d’avoir été heureux par exemple est un poison. Il atteste que tu ne l’es plus.

(Page 70) – Nous étions un couple, toi et moi, et un couple est fait pour devenir un vieux couple. Un couple de vieux.
Mêmes silhouettes fragiles, mains rouillées, regards fatigués, une douceur de saule pleureur.
Elle est là la victoire du couple. La persistance. La persistance – comme un acte de guerre.
Elle est de clamer ‘Nous avons traversé, Nous sommes invaincus’.
Mais puisque tu pars, nous sommes tous deux défaits.

Ori - Kraainem - 89 ans - 26 mai 2024