Le Mahabharata de Jean-Claude Carrière
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités
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Il est très bon d’écouter des histoires. C’est agréable et, parfois, ça rend meilleur.
Le Mahâbhârata est une très, très longue épopée de l’Inde, un mythe fondateur rédigé en sanskrit et qui aurait été conçu par un certain Vyâsa, grand sage et poète. Ce personnage, n’est pas n’importe qui. Sage ermite, il vivait seul dans une forêt, retiré de tout et de tous. Dans sa tête, il avait composé ce poème, qui comprend tout de même rien moins que 200 000 vers répartis en 18 livres.
Si bien qu’un beau matin, Vyasa, bien qu’il eut une excellente mémoire, éprouva le besoin de fixer son épopée par écrit. Ne sachant s’acquitter seul de cette tâche, il fit appel aux dieux qui lui envoyèrent l’un d’entre eux (Ganesha, le dieu à tête d’éléphant) pour qu’il lui tint lieu de secrétaire et écrivit tout ce que le poète lui dicterait. Ce qui fut fait.
Ainsi naquit le Mahâbhârata, texte sacré de l’hindouisme que l’on date (Vyasa semble avoir fait preuve d’une jolie longévité) du 4ème siècle avant JC au 4ème siècle après. Plus sérieusement, le Mahâbhârata a d’abord, et pendant des siècles, été une tradition orale, qui s’est transmise de génération en génération, avant d’être progressivement fixée par écrit aux dates que je viens d’indiquer.
Pour le titre, Mahâ signifie grand et même total ; tandis que Bhârata est le nom d’une famille, d’une tribu et signifie donc « les Bhârata », mais aussi, par extension « les Indiens » et même « les hommes ». Donc, « La grande histoire des hommes »
Ce récit nous conte l’origine et la vie des Pandava et des Kauvara qui se feront la guerre pour obtenir le pouvoir en Inde.
Dans un premier temps, les fils des deux familles s’étaient partagé ce pouvoir, mais cela n’allait pas sans jalousies et rancunes qui devaient fatalement éclater un jour. Après que le chef des frères Padou ait perdu aux dés tout ce qu’il possédait, toute la famille dut s’exiler pendant 13 ans. Au terme de ce délai, ils revinrent et la guerre entre les deux familles éclata, à laquelle les héros et les dieux ne dédaignèrent pas de se mêler. Ce combat fut vraiment, vraiment, terrible. Ceci pour fixer à grands traits le cadre du récit.
Il est amusant de signaler que l’auteur (Vyasa) n’hésite pas à se faire personnage de l’histoire. Il se représente discutant avec les protagonistes et même, allons-y franchement, faisant des enfants aux princesses en panne de descendants quand cette stérilité bloque un peu son récit. De même, il se promène en racontant son épopée que Ganesha note et, au cours de sa promenade, il retrouve divers personnages, dans diverses scènes, et discute avec eux, sans se soucier de ce que sa promenade va d’une scène à l’autre qui sont séparées par des dizaines d’années. C’est un procédé qu’on a un peu oublié dans notre littérature occidentale...
Il faut dire encore que ce livre est un poème, une œuvre poétique. Il est propulsé à la force de la poésie. Ce n’est pas juste un sentiment que vous avez, c’est une donnée de base. Ainsi, parlant de l’enfant qui accompagne Vyasa et Ganesha, est-il écrit : « Et il vit qu’ils étaient parvenus, par la magie de la parole, dans un palais qu’il ne connaissait pas. ». Ce n’est pas extraordinaire, çà ?
Si je ne devais conserver de cette lecture qu’une idée (ce qui serait tout de même malheureux), ce serait celle concernant le Dharma, car elle contient toute la sagesse du monde. (Le Dharma, est la règle naturelle, la loi implicite des choses et de l’univers. « Cette mystérieuse et tenace solidarité entre toutes choses vivantes »). Le Mahâbhârata dit, pour chacun, comme pour le monde, « Le dharma, quand il est protégé, protège ; quand il est détruit, détruit. ». Si vous y réfléchissez, vous verrez qu’il n’y a rien de plus juste.
Le Mahâbhârata est 15 fois plus long que la Bible. Ne cherchez donc pas le texte intégral. On nous propose ici une édition résumée du poème épique, très facile et agréable de lecture. Cela se présente pour nous comme de la prose, un conte passionnant et clair qui nous fait rêver et nous permet en même temps de mieux comprendre cette civilisation si lointaine, pas seulement géographiquement.
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Cinq contre cent
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 1 septembre 2021
L’une des qualités du Mahabharata de Jean-Claude Carrière est sa très grande facilité de lecture. L’écriture est simple, fluide, et puis il y a beaucoup de péripéties dans le récit, on ne s’ennuie jamais. Le merveilleux y côtoie l’épique, et le tragique. On a ainsi une vue d’ensemble très précise du fil narratif et des forces en présence. Il faut noter que les personnages sont nombreux malgré tout, on s’y perd parfois un peu, un index ou un arbre généalogique aurait été le bienvenu ! L’affrontement final, la bataille ultime de Kurukshetra, est impressionnante, elle nous livre son lot de batailles « homériques » où les héros n’hésiteront pas à utiliser de terribles armes divines ou des ruses soufflées par les Dieux.
Du récit je retiens que le Mahabharata n’a rien à envier aux mythologies occidentales : les malédictions, les prophéties, les « demi-dieux » y sont légions. Le texte interroge le destin, le sens de la vie, de la guerre. La sexualité y tient également une place importante, ainsi que la violence. Cette violence peut y être très crue. Je retiens par exemple la scène de l’humiliation de Draupadi, la femme des Pandavas, qui doit se déshabiller devant le chef de leur ennemi, alors qu’elle a ses règles ; ou bien la vengeance de Bhima, qui va boire, comme il l’a menacé des années auparavant, le sang des entrailles de Dushasana, pour se venger de l’humiliation de Draupadi. Le concept de Dharma (la « droiture »), enfin, y est aussi discuté, en lien avec l’équilibre du monde.
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