Son odeur après la pluie
de Cédric Sapin-Defour

critiqué par Frunny, le 27 mai 2023
(PARIS - 59 ans)


La note:  étoiles
Ubac !
Cédric Sapin-Defour (1975- ) est professeur d'éducation physique et sportive. Il s'est installé au plus près des Alpes, dans le Beaufortain, d'où, avec sa femme, il n'a de cesse de s'adonner à l'escalade, à l'alpinisme et au ski de randonnée. Il a écrit six livres sur la montagne, ainsi que de nombreux articles dans la presse spécialisée.
" Son odeur après le pluie " parait en 2023 (Stock)

Répondre à une petite annonce de façon anodine, visiter un éleveur de Bouviers bernois et croiser son "âme soeur".
C'est - à peu de chose près - ce qui est arrivé à l'auteur.
Un coup de foudre, une relation fusionnelle, une vie à hauteur de chien... voilà ce qui attend Cédric Sapin-Defour.
Ubac et Cédric se " lisent " dans des chansons de geste, des odeurs, des regards.
Ubac comme un enfant, un ami et un ... père car un chien vieillit 7 fois plus vite qu'un humain.
Alors, le destin est tracé d'avance et on sait qu'on vivra l'inévitable.
Ce mâle de 50 kg va partager 13 ans de la vie de l'auteur. De balades légendaires en visites au vétérinaire; leurs vies va prendre une majestueuse saveur.

Un récit d'une rare puissance. L'émotion est omniprésente .
Ceux qui ont aimé un chien savent de quoi il retourne.
L'Amour inconditionnel, sans calcul, sans rancune.
A aucun moment, la pathos ne s'invite.
Il s'agit d'instantanés de vies d'un homme et de son chien, d'un chien et de son ami, son frère, son âme soeur mais jamais son maître (... )
Une superbe écriture (parfois un peu pompeuse) au service d'un récit qui prend aux tripes et qui décrit magnifiquement, chirurgicalement, les sentiments d'un homme pour son compagnon le plus fidèle .
MA-GNI-FI-QUE !!!!
Une belle histoire d'amour 9 étoiles

L’auteur décide un peu par hasard d’aller voir un élevage de bouviers bernois. Dès son arrivée au chenil, le courant passe bien avec l’éleveuse. Puis un chiot arrive et le choisit.
Commence alors une vie à deux, puis à trois avec Mathilde, pour arriver à former une meute.
L’auteur relate chaque moment crucial ou anecdotique d’une vie partagée avec un chien.
La première rencontre, les premiers moments ensemble, la découverte, la liberté, le choix d’un nom, l’obligation de sortir pour partager la joie du chien.
Quitte parfois à s’éloigner de ses amis, de la société.

Et tout ce qu’il apporte comme regard différent sur l’environnement, une perception nouvelle des bruits, des odeurs...
Avoir un chien, c’est l’histoire d’un apprivoisement mutuel qui se transformer en une connivence et une connaissance parfaite de l’autre.
L’auteur n’oublie pas les épreuves, les tiques, les maladies, les sacrifices financiers, jusqu’à l’épreuve ultime de la fin de vie, la séparation, quand on veut croire qu’il reste un peu de temps, qu’on manque de courage : faut-il ou non la piqûre ?, Est-ce de l’égoïsme, de la lâcheté que de reculer une agonie, d’assister à la déchéance de son meilleur compagnon ?

Et l’après. S’apercevoir qu’avoir trois chiens ne minimise pas la douleur mais la multiplie ;
traverser l’épreuve du deuil, du manque, chercher son odeur ; puis prendre conscience de tout ce qu’il nous a apporté pour enfin accepter son départ sachant qu’il restera dans nos vies.

L’auteur n’oublie pas, dans un passage que je partage, d’écrire une ode aux vétos, à tous ceux qui partagent sa vision des relations entre les hommes et leurs animaux.
"Les vétérinaires sont des êtres supérieurs. Je ne le dis pas, flagorneur, pour que le sort nous cajole, tout est trop tard. C’est une simple réalité... ils sont spécialistes de tout, font chacun ce qu’une cohorte de dix médecins peinerait à honorer, au milieu de patients infoutus de dire où ils ont mal. Ils baladent leurs compétences scintillantes au travers d’un joli désordre qui miaule, aboie, pue, chante et jamais ne remercie."

Un livre magnifique, émouvant sans être larmoyant, mais qui risque de ne pas "parler" aux lecteurs qui n’ont jamais eu de chien. Car cette relation est vraiment plus forte que tout. Il n’y a pas de hiérarchie dans la meute, mais la liberté et le respect de chacun.
Et puis il y a l’écriture ; magnifique elle aussi. L’écriture des sentiments mais aussi des décors, des portraits des chiens, de leurs mouvements, des détails, une écriture originale et riche.

Marvic - Normandie - 66 ans - 13 février 2025