Le seigneur de Lébioles ( Essai sur mon père) de Paul Dresse
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Un grand bourgeois de la Belle époque
En plus d’être un touchant témoignage de piété filiale, cet ouvrage offre un bel éclairage sur la vie de la grande bourgeoisie liégeoise au tournant des 19e et 20e siècles.
Edmond Dresse (1870 – 1940) a hérité d’une fabrique d’armes de son père et, de sa mère, des aspirations artistiques, ce qui fait de lui un personnage en soi.
Sous la plume brillante de son fils, devenu un écrivain accompli (1901 – 1987), ressurgissent les traits et anecdotes de celui qui, féru de traditions aristocratiques, était aussi garde-à-cheval et se fit bâtir deux somptueuses maisons de maître le long de la Meuse, puis acquit un domaine dans la région de Spa, ce qui explique le titre de cet essai. C’est d’ailleurs à Lébioles qu’il accueillit, et l’ouvrage y fait allusion, Léon Daudet en exil en Belgique.
Edmond Dresse fut le premier propriétaire d’une voiture automobile à Liège. Le récit d’une excursion à Aix-la-Chapelle vaut le détour.
C’est d’ailleurs la nécessité d’engager des chauffeurs compétents qui amène le chapitre sur la domesticité et ses vicissitudes. On voit comment et pourquoi ce type d’emploi va sur sa fin à cette époque.
La Grande guerre marquera bien entendu une rupture douloureuse dans la vie quotidienne, en particulier pour la famille Dresse puisque père et mère seront mis en prison durant sept mois pour avoir favorisé le départ de jeunes Spadois sur le front, et qu’un des fils engagé au combat y perdra la vie.
L’admiration du fils pour le père ne le dispense pas d’un droit d’inventaire, notamment en ce qui concerne son souci de justice sociale vis-à-vis de ses ouvriers. Si Edmond Dresse a été un enthousiaste disciple de Godefroid Kurth dans sa défense du catholicisme social, les réalités de l’économie le poussèrent à négliger cette option une fois parvenu aux affaires…
En tout état de cause, la résurrection si bien documentée de cette époque et de cet art de vivre est d’un intérêt de tout premier ordre. Les thèses sur la classe ouvrière abonde, la bourgeoisie a fait moins l'objet d'un tel éclairage.
Extrait
Mon Père était encore d’une génération toujours munie de son porte-monnaie. Parmi les hommes qui l’ont le mieux connu, certains le définissaient de la sorte : « Monsieur Dresse est regardant jusqu’à cent francs ; au-delà, il ne compte plus ! » Ils donnaient à entendre qu’Edmond Dresse tenait à la fois de Crésus et d’Harpagon. Eh bien ! Il y a du vrai dans cette boutade. À la fois généreux et parcimonieux : tel il fut et demeura jusqu’à la fin. Comment expliquer cela ? Par deux dates qui conditionnent sa vie entière plus encore qu’elles n’ont fait chez la plupart des capitalistes belges : celle de sa naissance en 1870 et celle de la grande crise de 1929, laquelle influença tellement notre devise nationale.
Les éditions
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Le seignuer de Lébioles ( Essai sur mon père)
de Dresse, Paul
la Renaissance du livre
ISBN : SANS000066249 ; 01/01/1981 ; 96 p.
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