L'annulaire de Yôko Ogawa

L'annulaire de Yôko Ogawa
(Kusuriyubi no hyohon)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Chat pitre, le 17 mars 2001 (Linkebeek, Inscrite le 23 février 2001, 53 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 295ème position).
Visites : 7 889  (depuis Novembre 2007)

Mes biens les plus précieux

Lorsque l'on perd un morceau de doigt et son boulot , avec Yoko Ogawa c'est la porte ouverte à tous les délires.
Une jeune femme à la recherche d’un nouveau travail tombe sur cette annonce étrange : « Recherchons employée de bureau, aide à la fabrications de spécimens, expérience, âge indifférents ».
Sans se poser d'autres questions, elle pousse la porte de cette étrange maison. Elle y fait la connaissance de monsieur Deshimaru., taxidermiste de son état et conservateur de tout et de rien. Elle se retrouve seule et unique employée de cette étrange société qui met en boîte des biens qui, aux yeux de ses clients, paraissent très précieux.
Il naturalise tout et n'importe quoi , des champignons qui ont poussé sur les ruines calcinées d’une maison où trois personnes sont mortes, ou encore les notes de musique d’une partition écrite par amour. Tout est répertorié soigneusement, classé et rangé par notre héroïne. La relation entre ces deux personnages ne va pas tarder à s'étendre à d’autres niveaux.
Un récit bref et très bien tenu sur le matérialisme, le pouvoir des choses et de l'attachement qu’elles peuvent susciter chez certaines personnes. La dépendance à certains biens matériels peut avoir des conséquences graves que l'on ne soupçonne pas toujours…

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A découvrir

7 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 6 juillet 2013

Yôko Ogawa est certainement une belle découverte. Dès les premières lignes, elle m'a fait penser au style d’Amélie Nothomb. On est directement plongé dans ce court récit semi-fantastique, voire tout simplement fantasque, mais non dénué d’une certaine poésie. Comme déjà souligné par ailleurs, il peut laisser certains lecteurs sur leur faim. Pour moi, l’issue de l’histoire reste tout de même fortement suggérée.

envoûtant

9 étoiles

Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 41 ans) - 28 novembre 2011

"L'annulaire" est un petit bijou de la littérature japonaise. Obscur, étrange et fascinant à la fois, le roman de Yoko Ogawa tire sa force de son côté flou et excentrique.

Le roman aurait pu s'intituler " le morceau d'annulaire" tant ce bout de peau perdu est au centre de la relation entre la narratrice et M. Deshimaru. En effet, M. Deshimaru aime à travers son métier étrange naturaliser les maux de ses clients. Il s'empare de ces "objets" et les place dans un lieu où le Temps disparaît, une sorte d'Eden psychique. Lorsqu'il aperçoit la narratrice, il se fascine pour ce bout de chair manquant. Quelle peut être la Nature de ce maux? Comment le matérialiser, y donner du sens? Comme happé par un vide plein de non-sens, M. Deshimaru sombre dans le fétichisme en idolâtrant les pieds de la narratrice, partie du corps la plus propice aux rapports de domination.

Métaphore du deuil, de la matérialisation à outrance et du désir humain, "L'annulaire" est un récit d'une grande originalité à mettre entre toutes les mains, même s'il y manque un bout de doigt.

2,5 étoiles!

5 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 12 août 2010

L'Annulaire est un court roman écrit par Yôko Ogawa. L'intrigue de départ est prometteuse, remplie de mystères. Le style est correct, concis. L'auteur réussit à créer une atmosphère particulière. Mais la fin à la fois ouverte et bâclée déçoit beaucoup, les mystères ne sont pas résolus ce qui est frustrant. Un livre moyen, inégal qui traite notamment du fétichisme.

Mioum !

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 20 novembre 2009

Où il est question de conservation par entubage, embaumement. Par exemple, sauvegarder avec grands soins et de façons efficaces des champignons, une partition musicale écrite et sonore, … et un annulaire.
Où il est question de chaussures dominatrices. De fétichismes, de rendez-vous quotidiens dans une salle de bains, de disparitions d’employées...
Ah ! Ces japonais ! A se demander où ils vont les chercher …

Trois fétichismes

9 étoiles

Critique de Harrespil (, Inscrite le 17 septembre 2009, 42 ans) - 17 septembre 2009

Dans ce court texte d’Ogawa, trois fétichismes: celui du souvenir, celui de la main et celui du pied, s’entremêlant dans une histoire au style épuré, servi par une traduction toujours très fine, au vocabulaire évocateur et poétique.

C’est l’histoire d’une jeune femme qui, ayant perdu un doigt lors d’un accident de travail, trouve un nouvel emploi dans un étrange musée. Les visiteurs s’y succèdent, chacun amenant un objet - souvenir à faire naturaliser par le professeur Deshimaru, taxidermiste du souvenir.
Entre l’homme et la femme se tisse une histoire de désir, de fétichisme, de vampirisation de l’autre par l’objet (la paire de chaussures) et la fascination (le doigt coupé).

Ce court livre est une véritable merveille de non-dit, peut être d’aboulie, de questions sans réponses. Tout y est flouté, comme les souvenirs conservés le sont pour tout autre que leur possesseur.

A s'en mordre les doigts !

5 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 3 mars 2008

Je ne suis pas bien entré dans ce roman, c'est un type de littérature que je ne sens pas très bien et qui me dérange un peu car on n'en voit pas bien l'issue. Yôko ne dit pas tout et si c'était elle qui se sentait mal dans ce monde et essayait de s'en échapper par petits bouts, progressivement ? Ou est-ce de la fantasmagorie pure qui nous rapprocherait de "Pénis d'orteil" le livre de Rieko Matsuura qui met en scène des personnages impossibles aux malformations inimaginables qui essaient de vivre des amours possibles.

Un livre que j'attribue à cette jeunesse japonaise échappée des entreprises à forte productivité qui cherche un sens a donné à sa vie à travers le sexe déjanté, l'extravagance, la fantasmagorie et les plaisirs éphémères dans un monde complètement imaginaire en opposition au pragmatisme forcené du Japon d'aujourd'hui comme dans "Bleu presque transparent" de Ryu Murakami.

J'ai du mal avec ce type de livre car il ne dégage aucune émotion. J'ai senti comme un courant d'air froid le long de mon dos en le lisant.

Etrange

8 étoiles

Critique de Clo31 (, Inscrite le 9 septembre 2005, 66 ans) - 30 septembre 2005

Fan du Japon, attirée par le résumé de la quatrième de couverture je me suis plongée dans ce livre. Original et bizarre à la fois. Idée intéressante que ce fétichisme-conservateur, il fallait y penser.
La fin me laisse un peu sur ma faim.

Le pied!

10 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 29 juillet 2005

Très vite, ben vu que c’est le titre, on comprend que la narratrice va vouloir faire un spécimen de son doigt blessé mais en cours de lecture on se demande si ce n’est pas plutôt son pied qu’elle va vouloir conserver, c’est-à-dire oublier comme c’est le principe dans ce laboratoire très spécial où on dépose des objets précieux pour ne plus avoir à s’en soucier ; pour, en d’autres mots, permettre l’action de deuil.

Ce double mouvement qui tend à délaisser notre héroïne de deux de ses extrémités constitue l'intrigue du récit. De quoi a-t-elle le plus besoin pour vivre, garder (ou se débarrasser de) ses pieds ou son annulaire ? On comprend que ses pieds ont déjà fait l’objet d’un rapt par l’obligation à laquelle elle a été tenue par M. Deshimaru de chausser en permanence de magnifiques escarpins. Cet épisode m’a fait penser à cette peinture de Magritte, Le modèle rouge, représentant des pieds/bottines.

Les vraies raisons de son acte final nous échapperont toujours car, en décidant de la sorte, ne court-elle pas le risque (même si c’est au fond ce qu’elle recherche) de disparaître entièrement ?
Superbe récit sur le fétichisme, sur ces parties qui rendent compte du tout... Le fétichisme est assurément une pratique de mise entre parenthèses morbide mais en même temps un mal nécessaire qui répond peut-être à des impératifs pulsionnels plus grands que la vie.
Tout en non-dits, en vides comme dans la peinture asiatique, ce récit parvient en peu de mots et moins de cent pages (format Actes Sud !) à nous troubler profondément.

Du pur fétichisme

8 étoiles

Critique de Kreen78 (Limours, Inscrite le 11 septembre 2004, 46 ans) - 29 juillet 2005

J'avoue avoir été très intriguée par ce récit. Yôko Ogawa ne nous dit pas tout. Elle nous enfonce comme s'enfonce la narratrice. Ses chaussures s'imprègnent aux pieds, l'histoire s'imprègne dans notre mémoire. On se pose une multitude de questions. Que va-t-il advenir de ces chaussures? Et qu'en est-il de la fille à la cicatrice? Et la fin??? On se doute, on imagine, mais on aimerait quand même bien savoir ce qui va se passer.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère étrange qui règne dans ce petit roman, ainsi que cette histoire dans un monde peu commun, le taxidermiste-fétichiste.

Je pense que lire en premier ce roman de Y. Ogawa est une bonne entrée en matière. Je ne le regrette pas.

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