Stella
de Johann Wolfgang von Goethe

critiqué par Pucksimberg, le 3 août 2023
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Affronter son passé et ses erreurs
Fernando incarne le héros romantique qui ne parvient pas à trouver sa place dans le monde. Il a quitté Cécile, son épouse avec laquelle il a eu une fille. Il a aussi abandonné Stella qui a été son amante … Le hasard fait parfois bien, ou mal, les choses et Fernando se retrouve dans un relais de poste où les deux femmes sont présentes. Il va donc falloir composer avec cette situation inextricable et douloureuse car il semble atteint par son propre comportement. Comme tous les héros romantiques, sa situation est tragique et semble impossible à démêler.

Goethe avait provoqué de vives réactions à la sortie des « Souffrances du jeune Werther » qui abordait la question du suicide. On lui a reproché de faire l’éloge de celui-ci. Ici, il en est venu à dépeindre une situation dont la fin idéale serait qu’il reste avec ces deux femmes, une situation qui alimenterait certains débats actuels. La pièce a été interdite à cause d’un pasteur influent qui trouvait évidemment que cette pièce était amorale. La présente édition propose une seconde fin rédigée par Goethe qui a permis à cette pièce d’exister sans faire trop de remous puisqu’ainsi elle répondait à certains codes romantiques avec une fin plus traditionnelle … Contrairement à l’image qu’on lui a parfois accolée, il n’est pas si tiède. Il est même surprenant qu’à ce siècle-là il ait défendu ce point de vue. Du polyamour avant l’heure ?

Ce drame romantique répond aux règles du genre. Tout est dramatisé, les réactions sont poussées à l’extrême et certains hasards échappent à la vraisemblance, mais peu importe. Fernando se retrouve face à son passé, face à ses erreurs, face aux femmes qui ont souffert à cause lui. Cette situation l’atteint et il tente tant bien que mal de raisonner dans une situation qui est bien difficile de dénouer. Certains personnages peuvent nous exaspérer mais ils correspondent aux canons du romantisme.

Ce drame romantique n’a été joué que tardivement chez nous. Sylvie Testud jouait le rôle principal. J’avoue que j’aurais adoré voir cette représentation car je n’imaginais absolument pas Stella comme cette comédienne. La pièce, avec sa fin initiale et voulue par Goethe au départ, est plus provocante, plus libérée et plus moderne que la seconde fin plus aseptisée. Derrière cet univers ancré dans on époque, il y a de la modernité dans ses idées. Libre au lecteur de préférer l’une ou l’autre fin.