Le dragon de Cracovie
de San-Antonio

critiqué par Erve, le 22 novembre 2004
(Jalhay - 58 ans)


La note:  étoiles
Dard pique juste
Sur un point de départ historique (le suicide d'Hitler dans un bunker), San-Antonio greffe une intrigue abracadabrante, comme souvent chez lui. Il peut ainsi se lancer dans son exercice préféré : peindre des personnages cocasses, caricaturaux parfois, qui se débattent dans des situations alambiquées mais qui tiennent la route. Car si on ne vient y chercher que ce que Dard a voulu y mettre, et pas plus, on ne sera pas déçu : ce n'est donc pas (encore) la Pléiade mais le style est enlevé (plus "classique" cependant que les romans policiers de San-Antonio, Bérurier et consorts) et les rebondissements nombreux tiennent aisément le lecteur en haleine pour quelques heures (le roman n'est pas très long).
Pas le meilleur, loin de là ! 5 étoiles

A Berchtesgaden, en novembre 1937, Adolf Hitler sympathise avec une jeune infirmière blonde qui, bizarrement porte le même nom que lui. Il finit par se jeter sur elle et par la trousser comme l'eût fait un feldwebel. De cette étreinte furtive, neuf mois plus tard, naîtra un gros bébé qu'on prénommera Richard et qui n'aura aucune ressemblance avec son géniteur. Il devint boucher, se maria et eut lui-même en 1970 un fils qu’on prénomma Adolf et qui se retrouva doté de nombreux points communs avec son tristement célèbre grand-père. Tout jeune, il commença une carrière de tueur sadique et sans le moindre état d'âme en trucidant le riche homosexuel qui l’avait recueilli chez lui avant de le mettre dans son lit. La suite de l’histoire se résume à une accumulation de cadavres jalonnant le parcours de ce psychopathe qui finira par intéresser la redoutable Camorra sicilienne…
« Le dragon de Cracovie » se présente comme une sorte de thriller parodique doublé d’uchronie, car il va sans dire que Frédéric Dard se permet bien des fantaisies avec l’Histoire tout au long d’une intrigue alternant lourdement copulations et liquidations pour finir sur une fin en apothéose abracadabrante. Le lecteur cherchera en vain l’humour et le picaresque présents dans de nombreux autres titres. Ils ont totalement disparu et c’est bien dommage car seuls le sadisme, la paillardise et une sorte de désenchantement généralisé subsistent. Aussi répétitifs et lassants les uns que les autres. Au total, pas le meilleur titre du grand Frédéric Dard, et de très loin.

CC.RIDER - - 66 ans - 11 octobre 2018


De la belle ouvrage ! 10 étoiles

S'appeler "Adof Hitler", hors période, ce n'est pas facile à porter ! Etre détaché de tout et s'aventurer dans le monde, sans émotion, sinon le mépris de la faiblesse, c'est corrosif !
Une description échevelée d'un personnage hors norme qui s' inscrit dans un univers volontairement choisi comme différent et on se retrouve avec l'humour décapant et grinçant d'un Frédéric DARD qui fuit la bêtise de son San Antonio habituel et nous offre une autre facette de son talent (idem avec : La nurse anglaise).
Adolf , 20 ans, étrangement mûr, se construit dans un rapport au bien et mal très personnel : tuer n'est pas un problème, mais une nécessité froide. Et s'il faut utiliser la Camorra, pas de problème.
Le plus horrible dans ce livre c'est que nos sympathies vont vers tous : tueurs, victimes, proches de victimes et des tueurs ... De Vienne, Naples à Cracovie, on découvre des êtres pleins d'humanité et de cruauté et c'est douloureux et jouissif !
Un vocabulaire merveilleusement adapté, un humour décalé, une vision du monde délicieusement ignoble et une envie folle, ce livre achevé, de le relire pour essayer de comprendre...
A vous de voir !

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 5 avril 2014


Assez drôle ! 8 étoiles

On retrouve dans cet ouvrage la verve habituelle de San Antonio et de ses truculents personnages. Une pointe de faveur pour Bérurier.
Ici, on intègre le milieu de la mafia, où la vie des ennemis ne vaut que clopinette. S'intègre à ce réseau un frêle autrichien, ... le petit-fils du Führer, un homonyme parfait, puisqu'il a même son prénom. Drôle d'idée de départ ! Mais cela permet à l'auteur de se lâcher sur la conception de ce personnage glauquissime comme il se doit et sur les quiproquos qui laissent pantois ses interlocuteurs.

C'est l'un des derniers de la série, mais il est fidèle à l'esprit. Il est riche en expressions argotiques croustillantes. Il m'a pas mal fait rire. Ce n'est pas un des meilleurs tout de même. Le personnage en question m'a tout de même gêné un brun - je dirais même plus un brun à moustache ! - , mais ce n'est que de l'humour, alors... mieux vaut se laisser tenter.

Veneziano - Paris - 47 ans - 17 février 2006