La partie n'est jamais nulle
de Icchokas Meras

critiqué par Sahkti, le 22 novembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Partie vitale
Isaac (Izia) est un adolescent de seize ans qui vit dans un camp, à Vilnius, dirigé par Schoger, un homme dur et étrange. Ce dernier lui propose de disputer une partie d'échecs. Une partie primordiale et cruelle. Si Isaac gagne, les enfants du ghetto seront sauvés mais lui mourra. Si il perd, il aura la vie sauve et tous les autres seront tués. Sa vie contre celle des autres enfants. Que choisir ? ! C’est impossible, cruel et douloureux. Comment infliger un tel choix à ce jeune garçon ? La seule solution, celle qui arrangerait tout le monde, serait de faire match nul, mais est-ce possible ?
La partie semble interminable, elle s’étale sur plusieurs soirées, chacun y mettant toutes ses forces et toute son âme. Isaac veut à tout prix obtenir une partie nulle. En se demandant de plus en plus si cela servira vraiment à quelque chose. Car ce que Schoger aime par dessus tout, c’est la privation de liberté et de dignité qu’il peut asséner aux autres, se placer en supérieur et les mépriser. Leur prendre la vie est moins amusant, si je puis me permettre ce mot, que les faire longuement souffrir.

Voici un roman fort et bouleversant, le récit d’une partie dont je ne veux pas vous en dire plus sous peine de révéler la fin, un enjeu qui prend aux tripes, qui voit s’affronter deux êtres aux personnalités opposées. Le lecteur assiste à une agonie, à un duel qui laisse sans voix et dont l’issue sera de toutes façons la mort. Impossible dès lors de tenir avec l’un ou l’autre des candidats, on espère une partie nulle. Et un minimum de compassion et d’honnêteté chez Schoger.