L'épopée du buveur d'eau
de John Irving

critiqué par Erve, le 23 novembre 2004
(Jalhay - 58 ans)


La note:  étoiles
Un Irving du meilleur cru
Les pérégrinations de Bogus et ses amis sont l'occasion pour l'écrivain de nous exposer à nouveau toute la panoplie de son talent : des situations burlesques (la scène d'ouverture chez l'urologue ou le retour de la chasse aux canards sont des exemples marquants du style d'Irving), des dialogues savoureux et des personnages aux défauts attachants, qu'il s'agisse de Bogus lui-même ou des nombreux personnages "secondaires" gravitant à ses côtés. Quelques trouvailles géniales viennent en outre émailler le roman, la moindre n'étant pas la traduction de "Achtel et Gunnel" (je ne garantis pas l'orthographe, n'ayant plus le roman sous les yeux) qui sert de fil rouge tant au roman qu'à son anti-héros central et permet à Irving de s'échapper régulièrement dans des envolées lyriques dont beaucoup aimeraient avoir le secret. La construction du roman est également très originale, oscillant sans cesse entre deux époques (personnalisées par les deux femmes de la vie de Bogus, Biggie et Tulpen) pour finalement les rassembler dans la dernière partie de ce grand roman de plus de 400 pages. Une brique, certes, mais de celles dont je bâtis volontiers ma maison de la culture.
Un "John Irving" quelconque 5 étoiles

L’épopée du buveur d’eau est mon quatrième roman de John Irving et pour l’instant celui que j’ai le moins apprécié.
La lecture n’a pas été désagréable mais ne m’a pas laissé un souvenir impérissable comme l’a été l’œuvre de Dieu, la part du Diable.
A l’image de la critique précédente j’ai trouvé ce roman parfois désopilant, un peu immature à l’image de son personnage principal.
Le style quant à lui est quelconque, passe-partout : ni bon ni mauvais.
Comparé à Dernière nuit à Twisted River ou à l’œuvre de Dieu, la part du Diable ce roman ne fait clairement pas le poids.
Un roman que l'on oublie vite, dommage…

Sundernono - Nice - 41 ans - 27 avril 2017


Drôle mais sans originalité 6 étoiles

Il y a bien longtemps, déjà, que « l’épopée du buveur d’eau de John Irving » traîne dans ma bibliothèque. Au moins dix années.
Il y a des livres comme ça, qui sont là, et on sait qu’un jour on les lira ou peut-être jamais...
Celui-là je ne l’avais jamais ouvert et je ne savais même pas très bien comment il avait atterri là.
Un soir, j’ai visionné un documentaire sur ARTE consacré à John Irving et cela m’a donné envie de lire, de nouveau, une de ses œuvres. J’avais dévoré, autrefois, « un enfant de la balle ».
Après ce reportage, je sortais, enfin, de ma bibliothèque cet ouvrage, « l’épopée du buveur d’eau » qui avait attendu tout ce temps. C’était une édition « du Point » des années 80 et de la poussière s’était installée sur la tranche.
Enfin, je l’ai lu.
C’est un livre d’adolescent attardé.
Bien que assez drôle, je ne l’ai pas trouvé très original.
En effet, on a déjà suivi ces histoires de paumés, poursuivant une thèse de doctorat sans intérêt, sans cesse à court d’argent, père assez piètre, divorcé et dont les femmes refont leur vie avec un ami proche, bref des types qui ne savent pas bien comment mener leur vie.
Je pensais à Philip Roth, John Fante, David Lodge mais aussi à Philippe Djian. Est-ce que ces auteurs ont voulu peindre le même genre d’antihéros pendant les années 80 ?
John Irving se moque-t-il de lui-même ?
A la moitié de l’ouvrage je pensais au prochain livre que je pourrai lire, ce qui n’est pas bon signe pour celui que je tenais dans les mains.
Il n’empêche que, John Irving a du talent. Il sait transformer des petites choses banales de la vie quotidienne, qui arrivent à tout à chacun, en des pages sublimes et en des histoires extraordinaires.

Chene - Tours - 54 ans - 10 mai 2015


Les déconvenues burlesques d'un anti-héros 6 étoiles

Malgré ses espérances, sa ténacité et son ineffable bonne volonté, le personnage principal se faufile dans les méandres de déconvenues qui prêtent à rire.
Ce roman burlesque, souvent placé en-dessous de la ceinture, est assez répétitif un tantinet longuet, et franchement potache. Ce n'est pas sans intérêt, mais assez franchement lassant et parfois lourdingue. J'ai eu du mal à le finir.

Veneziano - Paris - 47 ans - 20 janvier 2012


Une eau plate qui pétille 8 étoiles

John ton bouquin m'a bien fait marrer et il est bien rare qu'un américain arrive à me dérider tant le marketing du sordide, de la déchéance et de la misère pèse sur la création de ton pays.

Le gars qui se balade avec sa bouteille d'eau et son problème d’urètre est vraiment pathétique mais drôle. L'histoire part en vrille mais on s'en fout, c'est l'ambiance qui compte et ça donne envie de faire la fête même si on a mal à la tête après et qu'il faut boire beaucoup d'eau pour éliminer.

Ce bouquin, je me dis souvent, il faut que je l'offre à un de mes copains fêtards et il en reste quelques-uns qui ont échappé aux recommandations médicales.

Débézed - Besançon - 77 ans - 26 mars 2008


Les méandres d'un méat 10 étoiles

En ce qui me concerne, L'épopée... est mon tout premier Irving. Peut-être pas son meilleur? Ni le plus représentatif? Rien à foutre. Après les quelques chapitres nécessaires pour l'adaptation (car Irving fait bien ce qu'il veut de la narration, chose qui agace au départ et qu'on oublie très vite par la suite), je me suis laissé glisser dans cette histoire invraisemblable comme si c'était de ma vie qu'il s'agissait.

Comme l'a soulevé FéeClo, l'histoire, on ne sait trop quoi en faire, ni où elle s'en va. Il n'est pas tant question d'intrigue, plutôt que de personnages. Et c'est bien ce que nous démontre la scène finale. L'important, c'est plus ou moins l'histoire que ceux qui en font partie.

Biggie, Tulpen, Couth, Ralph et Merrill Overturf, sans bien sûr oublier Trumper, le Buveur d'eau en question, sont des personnages que vous laisserez aller à regret une fois le livre terminé.

J'aurais bien pris 200 pages de plus.

Grass - montréal - 47 ans - 28 janvier 2008


urologie 8 étoiles

John Irving est américain. Il connait l’Europe pour avoir séjourné à Londres, en Autriche, en Grèce. Mais que diable a-t-il contre la France, ou du moins les urologues français ?
Car c’est par un morceau d’anthologie que s’ouvre cette épopée :

« Elle avait parlé de moi à son gynécologue ; il m’avait recommandé ce confrère. O ironie ! le meilleur urologue de New York est français. « Dr Jean-Claude Vigneron, uniquement sur rendez-vous. » J’avais pris rendez-vous.
- Vous préférez New York à Paris ? lui ai-je demandé.
- A Paris, j’osais circuler en voiture.
- Mon père est urologue, lui aussi.
- Et il n’a pas vu ce que vous aviez ? C’est un urologue de deuxième classe !
- J’ai un truc pas banal.
… …
Plus tard, alors que je suivais scrupuleusement la méthode aqueuse, je me remémorai les quatre possibilités, et en découvris une cinquième : “les urologues français sont des charlatans, demande d’autres opinions, des tas d’autres opinions, et parmi elles …”
Ma main reposait sur un sein véritable quand j’appelai Vigneron pour lui exposer cette cinquième éventualité qu’il devrait offrir à ses patients.
- Remarquable ! s’écria-t-il.
- Ne me dites rien. Encore dix sur dix ?
- Dix sur dix ! Et toujours après trois jours d’examen. Vous êtes dans les temps !
A mon extrémité du téléphone, je me sentais tranquille. Sous ma main, le sein ressemblait à du plastique, mais ça ne dura qu’un instant ; ma compagne reprit vie en entendant Vigneron crier :
- Consultez qui vous voudrez, mais ne vous leurrez pas : la topographie de votre canal urinaire est une réalité. Je pourrais vous en dresser le plan exact, à l’échelle …
Je raccrochai et dis à ma compagne :
- Je n’ai jamais encaissé les Français ! Ton gynécologue devait m’avoir dans le nez pour m’avoir recommandé ce sadique. Parole, il déteste les Américains. Je suis sûr que c’est pour ça qu’il s’est installé ici, avec ses saloperies de sondes et de canules … »

Car « l’épopée du buveur d’eau » nous conte les bobos de Bogus (Trumper), bobos urinaires, bobos à l’âme. Américain lambda, velléitaire irrémédiable,en train de rater sa vie sentimentale, sa vie professionnelle, sa vie sociale, … bref sa vie quoi. John Irving se saisit de cette « pâte humaine » pour la pétrir, la modeler, pour nous narrer une épopée américaine, au ras du quotidien.
Comme d’habitude avec Irving, c’est bourré d’inventions, d’intentions secondaires, de détours hilarants. Il y a dans cette épopée la matière pour au moins plusieurs romans. C’est foisonnant, restituant de la sorte une véritable impression de la vie, la vie qui mélange tous les épisodes, les sentiments, les issues et qui ne vous laisse pas les choisir en définitive.
Cette “épopée d’un buveur d’eau” date de 1972 et c’était le second roman de John Irving. Il lui faudra attendre le quatrième : “Le monde selon Garp” pour atteindre une notoriété mondiale. N’empêche, cette épopée vaut bien le détour. Urologue français ou pas !

Tistou - - 68 ans - 1 octobre 2007


L'épopée du buveur d'eau 9 étoiles

J'ai adoré ce livre quand je l'ai lu, comme beaucoup des premiers romans de John Irving.

Queenie - - 45 ans - 8 mai 2006


La lecture de Patryck Froissart 8 étoiles

Le ressort central est un urètre trop étroit, qui a la fâcheuse manie de se boucher lorsqu’il est contrarié.
Toute la loufoquerie et le désespoir du roman tournent sans cesse autour du pot (de chambre ?) que figure ici cet organe vital.
Le narrateur, qui est tantôt le personnage lui-même, Fred Bogus Trumper, tantôt un « Il » qui prend le relais, sans doute lorsqu’il devient urgent de mettre un peu de distanciation, nous entraîne dans une succession d’aventures burlesques, triviales, amoureuses, sportives, sexuelles, qui aboutissent l’une après l’autre à autant d’échecs.
Car c’est bien du roman d’un raté qu’il s’agit, mais d’un raté sympathique, d’un bon à rien touchant, d’un va comme je te pousse hilarant, qui se moque de lui-même en se mettant en scène dans une série époustouflante de gags invraisemblables. Pour peu que vous lisiez ce livre assis dans un fauteuil, ce fauteuil devient siège d’une salle de cinéma. On est dans la lignée des Buster Keaton, des Laurel et Hardy et autres Marx Brothers.
Parfois c’est gros, énoooorme, et ça ne cesse de gonfler, comme le préservatif que Bogus a oublié de retirer après une scène d’adultère (raté bien entendu) avec une amie, et qui devient, au retour près de l’épouse, le corps si ostensible du délit qu’il provoquera une belle scène de rupture.
Certains épisodes sont inoubliables, tel celui dans lequel notre Bogus, parti à Munich à la recherche d’un vieux complice perdu de vue, se retrouve, ayant pris une chambre à l’hôtel Taschy, notoire maison de passe, pris dans une descente de police à la suite du vrai faux décès d’un client en pleine action dans une chambre voisine, et possesseur d’un paquet de haschich pur qui lui vaudra d’autres mésaventures rocambolesques.
On en a ainsi pour ses 370 pages de plaisir.
Le délassement est garanti.

Traduction de Michel Lebrun
Patryck Froissart, le 14 avril 2006

FROISSART - St Paul - 77 ans - 14 avril 2006


Mais où nous emmène-t-il? 7 étoiles

Irving nous offre ici un livre vraiment très drôle, mais dont l'histoire m'a complètement échappé. Durant tout le récit je me suis demandé où il nous emmenait, ce qu'il voulait réellement raconter... Oui, l'histoire d'un homme atypique.

Je n'ai donc pas vraiment accroché à l'histoire mais j'ai passé un bon moment tout de même. A lire pour rire...

FéeClo - Brabant wallon - 48 ans - 24 août 2005


UNE EPOQUE 9 étoiles

Il y a quelque 15/18 ans, j'ai eu mon époque John Irving, qui a commencé avec "Le monde selon Garp". Mais j'ai souvenir que "L'Epopée du buveur d'eau" est celui qui m'a plu le plus.
Il va donc falloir que je le relise, car aujourd'hui, je suis bien incapable d'en faire la critique. Je n'en ai retenu que l'impression qu'il m'a laissée. Impression d'un livre qui m'a beaucoup plu, typique du style de Irving, attachant et drôle, avec des personnages à prendre par "les six faces" car rien n'est à jeter.
Promis, je le relis dès que possible.

Alandalus - BORDEAUX - 67 ans - 23 novembre 2004