Les Sept contre Thèbes
de Eschyle

critiqué par Jules, le 25 novembre 2004
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Le sacrifice et la fin de la malédiction
Oedipe est mort et ses deux fils se disputent sa succession au trône de Thèbes. Tous les deux ont été maudits par lui. Etéocle est dans la ville qu’il n’a jamais quittée. Par contre, Polynice, lui, s’est enfui à Argos, où il a épousé la fille du roi. Il est arrivé à décider celui-ci de lui confier toute une armée dans le but de conquérir le trône qui, à ses yeux, lui appartient.

Le voilà devant Thèbes et ses troupes s’apprêtent à attaquer chacune des sept portes. Les forces en présence semblent donner l’avantage à Polynice et le chœur des femmes thébaines pleure déjà ce qui lui semble une défaite assurée.

Mais elle résistera grâce à l’énergie et au courage de ses chefs et surtout d’Etéocle. Les deux frères vont s’entretuer et la malédiction d’Apollon sur la descendance du roi Laïos, mari de Jocaste, elle-même mère puis femme d’Oedipe, mais aussi mère d’Etéocle, Polynice, Ismène et Antigone, est accomplie.

Pour cela, Etéocle devait aussi mourir et il le savait. Sa mort et celle de Polynice étaient indispensables pour tenter de sauver Thèbes de la même malédiction. Il se sacrifie donc…

Au départ, c’est Laïos qui porte toute la responsabilité de ce qui est arrivé. Il veut un descendant, et c’est son droit, mais Jocaste semble stérile. C’est alors qu’il apprend la malédiction d’Apollon qui pèse sur lui et sa descendance éventuelle. Il décide de passer outre.
Dès lors il aura beau éloigner son fils Œdipe dès sa naissance, la machine infernale est en route !

Il est intéressant de noter que les individus ne sont pas que des victimes innocentes face aux dieux. Laïos a agit en connaissance de cause. Et les dieux se sont empressés de faire tomber celui qui enfreignait leur décision.

Laïos, Œdipe et Polynice ont en commun de ne s’être occupés que de leur propre gloire et non de Thèbes. Toute la grandeur d’Etéocle vient de son sacrifice, conscient, en faveur de sa ville.
Il est le véritable héros que Racine glorifiera encore des siècles plus tard.

Cette pièce ne comprend que deux personnages, Etéocle et le Messager, plus le chœur des Thébaines. Et Etéocle devra autant combattre le chœur que l’ennemi ! Fou de colère, tant ces femmes démoralisent ses propres troupes, il s’écrie : « O Zeus, qu’as-tu créé en nous créant la femme ? »

Ceci peut nous frapper tant les légendes et les pièces grecques contiennent de personnages féminins à la très forte personnalité ! Il suffit de penser à Hécube, Andromaque, Iphigénie, Antigone, Pénélope etc.

Comme pour toutes les tragédies anciennes, l’histoire est parfaitement connue du public.
Seuls comptent la façon de les raconter, le rappel des messages que les histoires contiennent et la possibilité pour leurs auteurs d’en rajouter quelques-uns uns suivant leurs désirs personnels.

Ces héros ne sont pas figés et c’est ce qui attire encore certains auteurs contemporains.
La sanction de l'inceste 9 étoiles

S'il n'est pas possible d'échapper à son destin, surtout quand il est annoncé sous la forme d'un oracle quasi-divin, l'inceste reste une faute indélébile dont il faut répondre, quitte à ce que la réparation prenne une forme arbitraire, en ces temps archaïques. La sanction paraît disproportionnée, en ce qu'elle vient toucher tout le royaume du Monarche fautif. Les relations familiales et la responsabilité pénale connaissent ici des prémices intéressants, qui n'en finissent pas de faire réfléchir psychanalystes, historiens et juristes.
Cela reste un grand moment de littérature.

Veneziano - Paris - 47 ans - 26 février 2017


Le plus beau titre du théâtre antique 10 étoiles

"Les Sept contre Thèbes", rien que le titre donne envie de le lire... pour voir les frasques d'Antigone après qu'on a décidé de jeter le cadavre de son frère aux chiens...

Joachim - - 44 ans - 7 avril 2006