Album Marcel Aymé
de Michel Lécureur

critiqué par Jules, le 1 décembre 2004
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un homme très humain et un bon écrivain
Marcel Aymé est né en mars 1902 au sein d’une famille nombreuse. Il perdit sa mère alors qu’il n’avait que deux ans. Son père était militaire et l’argent était loin de couler à flots dans la famille. Mais le jeune Marcel vivait dans une ambiance chaleureuse et ne manquait pas d’affection. Les liens entre les enfants resteront toujours forts et cela malgré les différences d’âges assez importantes.

Après des études tout à fait normales, il envisagera de faire Polytechnique, mais c’est en 1926 qu’il écrira son premier livre « Brûlebois » qui ne sera que le premier d’une longue série. Tout en écrivant, Marcel Aymé fera du journalisme.

Il épouse Marie-Antoinette, une jeune femme réaliste et pragmatique qui sera une très grande aide pour lui. Elle avait déjà une petite fille d’un premier mariage aussi la course à l’argent débute bien vite.

Heureusement, en 1929, à défaut du Goncourt qu’il espérait, « La table-aux-crevés » obtint le Prix Renaudot et lui apporta une véritable notoriété. Puis arrivera « La jument verte » qui en bousculera plus d’un, à commencer par « une » en la personne de sa sœur Camille qui lui reprochera vivement son langage cru. Une certaine presse demandera même la saisie du livre en disant « …ouvrage que le talent de son auteur rend plus infâme encore, et qui est de nature à pourrir la jeune génération de notre pays. »

A partir de 1933 Marcel Aymé, journaliste, va s’opposer aux théories racistes d’Hitler mais aussi à la guerre.

Les publications nouvelles se suivent mais il est de plus en plus préoccupé par les événements politiques et sent venir l’entente germano-soviétique. En 40 il commande une division d’infanterie.
A la suite de l’exode, il se retrouve à Bordeaux et le comportement des hommes politiques le dégoûte. Il restera donc en dehors des partis et de la politique, mais se déclarera profondément offusqué par la décision de faire porter l’étoile aux Juifs. Il publie un de ses meilleurs romans en 43 « La vouivre » puis envisage de faire de plus en plus de pièces de théâtre et de collaborer au cinéma.

Son refus de s’engager en politique lui vaudra une certaine suspicion à la libération, mais il ne fut jamais mis à l’index. C’est avec courage qu’il lutta pour défendre certaines personnes lors de l’épuration et, notamment, Louis-Ferdinand Céline en 1950. Indigné par les lâchetés de bons nombre de gens, il écrivit : « l’écrivain devait être non plus le témoin, mais la conscience de son temps. » et il s’engagera de plus en plus. Ce revirement donnera une œuvre comme « Uranus »
Viennent aussi « Lucienne et le boucher » et « Clérambard »

L’iconographie donnée dans ce beau volume nous montre ceux qui ont travaillé avec lui ou pour ses pièces. Il s’agit, entre autres, de Gabin, Andréa Ferreol, Yves Robert, Mouloudji, Bourvil, Fernandel, Robert Lamoureux, Gaby Morlaix, de Funès. Il va aussi adapter les pièces d’Arthur Miller « Les sorcières de Salem » avec Yves Montand, Signoret et « Vu du pont » avec Raf Vallone.

L’élégante silhouette de Marcel Aymé, très apprécié pour sa gentillesse, parcourait régulièrement les rues de Montmartre. En 1951 il fut même nommé ministre de la République de Montmartre par son président. Il aura pour amis des écrivains comme Simenon, Mac Orlan, Félicien Marceau, Blondin, Nimier, Déon mais aussi Brassens et Gainsbourg..

Marcel Aymé meurt en octobre 1967.


note de la modération: mail reçu de la Société des amis de Marcel Aymé:
En 1940, Marcel Aymé qui se trouvait au Cap Ferret, a été réformé pour raison de santé.
Il y a probablement confusion avec son frère Georges Aymé qui fut général de corps d’armée et commandant en chef des troupes françaises en Indochine en 1945 lors de l’invasion japonaise.