Récitatif
de Christine Laferrière, Toni Morrison, Zadie Smith

critiqué par Septularisen, le 14 novembre 2023
( - - ans)


La note:  étoiles
TONI MORRISON EN… UNE NOUVELLE!
Au début de l’histoire nous sommes au début des années 50, aux États-Unis d’Amérique. Nous faisons la connaissance de deux fillettes de huit ans, Twyla et Roberta. Toutes les deux ont été enlevées à leurs mères, - incapables de s’en occuper -, par l’assistance sociale, et placées à l’orphelinat St-Bonaventure («St-Bonny»), auprès de Mme. Itkin, («Bozo le Clown»), la directrice. C’est donc au travers des yeux de Twyla que nous suivons l’histoire.

Très vite les deux jeunes filles, qui occupent seules une grande chambre deviennent inséparables et durant quelques mois partagent tout, et vont faire les «quatre cent» coups ensemble. Elles seront ensuite séparées par la vie, mais se retrouverons plusieurs fois par hasard (elles ne font rien pour se revoir…), dans des circonstances toujours très différentes.

Nous les suivons donc «jeunes adultes», femmes, femmes mariées, mères de famille s’inquiétant pour leurs enfants… Elles auront l'occasion de parler, s’aimer, se détester, s’opposer et d'échanger autour de leurs souvenirs du foyer, souvenirs parfois très différents, sans jamais vraiment savoir qui a tort et qui raison?..

Quel tour de force de Mme. Toni MORRISON (1931 – 2019, Prix Nobel de Littérature 1993), outre nous présenter un véritable panorama de la vie des communautés dans les années 1950, avec sa pauvreté endémique, sa violence, la place des femmes et surtout la question raciale, avec un racisme ordinaire, quasiment institutionnalisé!
Mais, surtout elle de réussit à faire disparaître tous les «codes» habituels catégorisant les individus, tous les préjugés, tous les poncifs, toutes les idées reçues, toutes les références culturelles, tous les indices…
En effet, le lecteur se demande du début à la fin de l’histoire, quelle est l’enfant (et ensuite l’adulte) qui est blanc et laquelle est noire? On ne le saura d’ailleurs jamais, chaque lecteur étant invité à se faire sa propre idée et à trouver sa propre réponse, dans le jeu de piste et de détails disséminés dans toute la nouvelle.

Que dire de plus? Toni MORRISON a écrit onze livres, mais seulement deux nouvelles, dont celle-ci ! Raison de plus pour ne pas passer à côté. Sans compter l’incroyable «exercice» d'écriture, qui rend l'expérience de lecture absolument unique! Inutile de se mentir, même si comme pour moi, l’on n’y accorde aucune importance, l’on ne peut s’empêcher de chercher des petits «indices » pour tenter de savoir qui est la jeune femme de couleur entre Roberta et Twyla?
Finalement, ce que je propose à un éventuel futur lecteur de cette nouvelle, c’est plutôt de tranquillement profiter de ce court récit très bien construit! Même chose bien sûr, si vous voulez profiter de la magnifique écriture de Mme. MORRISON, toute en puissance, précision, sobriété, nuances et… mystère!

La deuxième partie de ce livre est donc une postface de l’écrivaine anglaise Mme. Zadie SMITH (*1975) (1), intitulée : «Quelqu’un dans ce corps, après tout», qui étonnamment est plus longue que la nouvelle de Mme. MORRISON.
Un véritable livre dans le livre! Que dire? C’est certainement intéressant… Mais qu’est-ce que c’est chiant! Non seulement Mme. SMITH a une fâcheuse «tendance» à faire «correspondre» ses désirs à la réalité, mais en plus elle prend vraiment ses lecteurs pour des imbéciles!
Que dois-je comprendre quand vous écrivez une phrase comme P. 105 : «Il m’a fallu faire des recherches sur Google…». Et donc Mme. SMITH? Vous êtes en train de dire au lecteur que parfois il faut faire des recherches pour bien comprendre ce que l’on est en train de lire? Et? Je peux vous garantir que je le fais pour chaque livre que je lis!.. Mais, je dois avoir un niveau d'intelligence inférieur à celui de vos lecteurs habituels, je suppose?

D’après elle, la chose la plus importante pour le lecteur est de savoir laquelle des jeunes filles est noire et laquelle est blanche… Franchement Mme. SMITH? Je m’en fous, comme de la couleur de ma première paire de chaussettes!.. Le savoir n'apporte rien à la compréhension du texte et de l'histoire...
C’est chiant aussi à cause du style de l’écriture, des phrases de 12 lignes de suite, sans un seul point, ça vous tente? Il y a aussi p. ex. des comparaisons ridicules et qui ne veulent rien dire, entre le poète irlandais Seamus HEANEY (1939 – 2013, Prix Nobel de Littérature 1995) (2) et Mme. MORISSON. Mais aussi des digressions sur tout et n’importe quoi, - un peu comme si Mme. SMITH avait été payée au nombre de mots écrits, et je peux vous garantir qu’elle en a écrit! Et avec des phrases «posées» là à «l’emporte pièce», et qui ne veulent absolument rien dire du style : p. 102 : «Je crois que le cerveau de beaucoup de gens cale vraiment, à ce stade. Mais MORRISON avait un cerveau plus gros.»…

Alors qu’en dire? Lisez-là, cela apporte certainement un éclairage différent sur le livre, sauf vers la fin quand la préface d'un livre tourne en pamphlet anti-raciste et anti-fasciste, et que cela n'a absolument rien a voir avec la nouvelle que vous venez de lire. Et surtout, faites l’impasse sur «la grosse tête» de Mme. SMITH et ne tenez pas compte de sa condescendance envers vous!...

Pour finir, est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Oui bien entendu! Surtout si vous aimez l’œuvre de l’autrice américaine, parce que c'est comme toujours une pépite!.. D'autant plus que comme déjà dit, c'est une courte nouvelle, et donc quelques heures de lecture suffisent. Et, si vraiment vous n’avez pas trop le temps, ou pas trop envie de vous fatiguer, faites l’impasse sur la postface, de toute façon, pour peu que vous ayez lu la nouvelle attentivement, tout ce que vous lirez vous l’avez déjà compris par vous-même!..

(1). : Cf. ici sa page sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/2137
(2). : Cf. ici sa page sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/5723