Ces grandes figures qui ont fait l'histoire. Charisme et politique au XXe siècle
de Ian Kershaw

critiqué par Colen8, le 19 novembre 2023
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Et toujours le chaos mondial à l’horizon
Le choix s’est porté sur douze Européens, communistes, fascistes, démocrates, du siècle précédent entre 1917 (révolution bolchevique) et 1991 (réunification allemande, fin de l'URSS). Les régimes abominables de terreur et de barbarie institutionnalisés en période civile sont un signe commun aux dictateurs : Lénine puis Staline son successeur en URSS, Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne, Franco en Espagne, Tito en Yougoslavie. Pendant la guerre face à leurs crimes renforcés se sont dressés Churchill et De Gaulle obstinés jusqu’à la victoire militaire des Alliés après laquelle une paix durable s’est installée.
Quelques années plus tard le Traité de l’Elysées (1963) entre De Gaulle et Adenauer instituait la prééminence du couple franco-allemand au sein de la CEE. Puis Margaret Thatcher Première ministre britannique forte de sa victoire aux Malouines (1982) a promu l’ère du néolibéralisme débridé et donc l’abandon délibéré de la politique socio-économique keynésienne. Enfin en URSS Gorbatchev débordé par sa politique de réformes libérales a assisté impuissant à la fin de l’ère soviétique laissant le chancelier allemand Kohl en position de réunifier les deux Allemagnes (1991) sans effusion de sang.
N’étaient les circonstances particulières durant leur vie, les très graves crises mondiales ou nationales traversées, rien ne vient confirmer que le destin de ces douze portraits aurait basculé au point de les inscrire dans l’Histoire. Dictateurs comme démocrates ont dû leur réussite à des situations apparues opportunément, malgré leurs talents sans pareil fait de courage, d’opiniâtreté, d’intelligence, d’habileté à mobiliser des soutiens, et aussi de cynisme. Ils se sont sublimés grâce à une ambition dévorante doublée d’une addiction inextinguible au pouvoir une fois celui-ci conquis.
Reste que les dictateurs ayant éteint volontairement ou non toute faille personnelle sensible, leur monstruosité inhumaine est une des raisons pour laquelle leurs successeurs peuvent effacer les symboles de leur place au futur. Quant aux démocrates parfois taxés d’inertie et de faiblesse leurs velléités d’autoritarisme sont freinées par les alternances du pluripartisme. En conclusion le XXIe siècle reste bien menaçant : insécurité permanente, conflits toujours aussi dévastateurs, attaques terroristes asymétriques, dérèglement climatique allant jusqu’à remettre en cause un avenir collectif.