Aléas jactèrent à l'ouest
de Éric Dejaeger

critiqué par Débézed, le 21 décembre 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Superpoète
Le « superpoète du Pays Noir », n’a pas vieilli, il ne s’est pas usé, il n’est pas émoussé, il est toujours aussi sémillant de la plume, …, il est seulement plus patiné, ses angles sont moins saillants, son vocabulaire est moins virulent, on a l’impression qu’il a découvert une certaine forme de sagesse qui le conduirait vers une paix intérieure mais pas que, la paix il voudrait aussi « qu’on la lui foute ». « Je me sens sur le bon chemin pour devenir un bon pépé tranquille à qui on foutra la seule chose qu’il acceptera qu’on lui foute : une paix royale ».

Dans cet objectif, il a convoqué ceux qu’il aime, ceux dont il apprécie particulièrement les écrits, les poètes, superpoète, les surréalistes, « Autour d’une table carrée / recouverte d’un tapis vert / Brautigan Bukowski /Mariën & Sternberg / tapent le carton. / … ». Ils constituent un aréopage chargé de l’inspirer pour écrire ce petit recueil de poèmes construits de vers courts dans lesquels « Le poète / parle de lui. / De ce qu’il voit / autour de lui. / Le poète / n’a plus que / deux yeux / et un nombril. / Son cerveau / est vide/ … ». Superpoète est peut-être un poil désabusé mais il a conservé une bonne dose d’ironie, de satire, de sarcasmes, et comme toujours de drôlerie. Tous ingrédients qu’ils distillent au fil de ses vers sans mesure ni pondération. Il a décrit son monde comme il le voit et comme il le vit avec tous les arias qu’il connait actuellement.

Tout au long de ce recueil, il adresse aussi quelques clins d’œil à des auteurs qu’il a aimés lire, fait des allusions à certaines œuvres culturelles, sa culture est grande son réservoir est bien garni, et également cité en référence des auteurs qu’il juge digne d’intérêt. J’ai eu aussi l’impression, dans certains poèmes, qu’il tutoyait un peu l’Oulipo mais j’ai eu, cette fois, la certitude qu’il aimait les mots rares et qu’il en faisait un large usage pour le plus grand bonheur des chercheurs de mots.

Pour conclure ce recueil, il fait un détour par une de ses villes d’élection, en l’occurrence Londres où il mange mal mais où les filles sont belles et court vêtues et les trains en retard…