L'or
de Blaise Cendrars

critiqué par Sahkti, le 8 décembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Simplicité trompeuse
"L'or", c'est la formidable aventure de Johann Augsut Suter, suisse allemand qui quitta sa patrie au début du 19e siècle pour fonder la Nouvelle-Helvétie en Californie, s'enrichir et vivre dans un paradis, jusqu'à ce qu'un de ses employés ne découvre de l'or dans la propriété. Le début de la richesse? Non, le début de la fin! La nouvelle se répand comme traînée de poudre, des colons arrivent de partout, prennent possession des terres de Suter, pillent à tout va, creusent et découvrent.... la folie, qui le ruine, il n'a plus rien et quand la justice lui donne raison, c'est la vie des siens qui disparaît face à la colère des nouveaux riches. Suter s'éteindra seul, fou, malheureux et pauvre.

Ce texte de Blaise Cendrars ressemble à un roman d'aventures. Pas un récit haletant ou époustouflant, mais une épopée étonnante racontée avec des mots simples, des phrases courtes et saccadées, sans gros rebondissements. Tout se déroule d'une manière limpide, cela se lit facilement et rapidement.
A mes yeux, l'aventure n'est pas le point essentiel du récit. Je distingue entre les lignes et de plus en plus présente au fil des pages une fameuse leçon de morale sur la cupidité de l'homme, les aléas de la vie, l'impuissance de la justice et le destin jamais clairement défini. Sans s'intercaler dans le récit, Cendrars distille pourtant, avec des anecdotes ou des petits faits apparemment anodins, son fiel contre ces nouveaux riches qui pensent que tout est à eux, contre ces spéculateurs qui prennent possession de territoires sur le dos d'autres personnes (indiens ou canaques dans le cas présents, les premiers étant les dépossédés et les seconds les esclaves), contre la justice qui ferme les yeux face à la voix du plus fort (en l'occurence une masse populaire qui gronde, mais auparavant, un homme qui arrose le pays à coups de billets verts), contre la bêtise humaine saoulée par l'odeur de l'argent, contre tous ses défauts de l'homme, qui apparaissent ici dans un récit extraordinaire sur le plan des faits et formidablement juste sur le plan des travers humains.
L'argent pourrit tout, jusqu'au plus profond de l'âme. Ce n'est pas nouveau, mais c'est ici simplement et efficacement raconté.
Droit au but 10 étoiles

Je me souviens précisément de ma première lecture de "L'Or" : je devais me rendre à Paris XIX pour des raisons professionnelles. Bus, RER, métro, un trajet de plus d'une heure, presque 90 minutes, tous moyens de transport, et attente, compris. La durée d'une comédie de Louis de Funès.
Bref, il me fallait un livre.
Or (jeu de mots !! ;) ), j'avais acheté ce livre tellement récemment qu'il sentait encore l'odeur du rayon 'livres' de la FN*C et il y avait encore l'étiquette de prix dessus.
Bon, ben voilà, j'avais trouvé mon livre à lire pendant le trajet.
La brièveté des phrases de cette critique est peut-être un hommage à l'écriture de Cendrars.
Ou pas. Qui sait.

Mais trêve de..., je commence à lire le livre dans le RER, et avant même d'être arrivé à destination finale, je l'avais terminé. Je lis vite, c'est vrai, capable d'engloutir un livre de 400 pages en une journée, mais "L'Or", des pages, il n'en fait même pas 170 (édition poche Folio). Et le style est si direct, sobre, simple, qu'il se lit encore plus facilement qu'une BD.
Comme en plus, cette histoire, inspirée de la réalité, est passionnante, ça n'a fait qu'empirer les choses en mieux, si on peut dire. Cette histoire d'émigré suisse parti aux USA du XIXème siècle pour y chercher fortune, qui fait fortune, mais qui se retrouvera finalement ruiné à cause de la présence d'or sur ses terres et de la ruée vers l'or (la première de ce nom) qui en a découlé et qui a littéralement niqué son terrain, cette histoire, surtout racontée par Cendrars son compatriote, est inoubliable.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 24 juin 2021


Résistible escalade 7 étoiles

Sous la plume de Blaise Cendrars, « L’or » c’est l’histoire d’une malédiction, celle infligée à son compatriote Johann August Suter émigré en Californie où il a construit une immense fortune totalement détruite par la découverte sur ses terres, en janvier 1848, des premières pépites d’or de Californie. « La merveilleuse histoire du Général Johann August Suter » comme il a sous-titré cette biographie écrite sous forme d‘un roman d’aventure, d’une épopée dans l’Ouest américain, pourrait figurer aux côtés des nouvelles écrites au début du siècle dernier par Jack London et publiées dans le fameux recueil « La ruée vers l’or ». Jack London est, bizarrement, probablement né sur un des terrains revendiqués tout au long de sa vieillesse par Johann Suter. L’or semble avoir relié les deux personnages mais ce n’est pas étonnant puisque London est né à San Francisco quelques années avant que Suter décède, seulement quelques années après qu’il a quitté la Californie pour la côte est.

Johann August Suter, issu d’une famille de la bourgeoisie industrieuse et commerçante suisse de la région bâloise, fait de mauvaises affaires, plaque tout : famille et créanciers, pour partir à la découverte de l’Amérique où il ne sera pas poursuivi. Il entreprend un long périple d’abord à pied par la Franche-Comté et la Bourgogne avant de rejoindre Paris par le coche. Il ne s’y arrête pas beaucoup, file vite vers Le Havre où il embarque pour New-York où il exerce mille métiers pour mille misères et trempe dans autant de carambouilles pour autant de misères. Il comprend vite que l’avenir est à l’ouest, il s’installe d’abord dans le Missouri où il écoute attentivement tous ceux qui reviennent de l’ouest et comprend tout aussi vite qu’au-delà des grandes montagnes, il y a un pays à conquérir. Il entreprend une nouvelle expédition vers Vancouver d’où il gagne Honolulu puis les Aléoutiennes et enfin San Francisco qui n’est alors qu’une minuscule bourgade.

Arrivé sur sa terre promise, il travaille très fort, entreprend beaucoup, et tente de nombreuses innovations en commerçant avec les Russes, les Chinois et tous ceux qui traversent le Pacifique, il a même l’idée de faire venir des Canaques à la place des Noirs qui reviennent trop chers à importer d’Afrique en Californie. Son sens politique avisé lui permet d’éviter les embûches des guerres entre les Espagnols et les Américains et d’obtenir des territoires très importants en rendant service au pouvoir local dans la lutte contre les Indiens. Il construit ainsi un immense empire où il implante des fermes et des établissements pour la transformation de ses productions. Vers le milieu du XIX° siècle, il est devenu l’un des premiers géants de l‘économie américaine avant qu’apparaissent ceux de l’automobile, du pétrole, etc… Il est à la tête d’un énorme trust qui intègre la filière agricole de la production au négoce. Il possède la quasi-totalité de la Haute Californie.

Mais ce bel empire va un jour s’effondrer irrémédiablement quand un de ses forgerons, James Marshall, découvre des pépites d’or en creusant les fondations d’une scierie. Les ouvriers vont déserter, un flot énorme de chercheurs d’or va déferler sur ses territoires volant tout, cassant tout, emportant tout… Il se relève, rechute, conteste, devient quasiment fou, espérant toujours justice pour tout ce dont il a été spolié dont la quasi-totalité de l’emprise foncière de la ville de San Francisco.

Ce livre, c’est l’origine de la ruée vers l’or, l’histoire de la naissance de l’Etat de Californie, de la fondation de San Francisco, l’épopée extraordinaire d’un pauvre suisse failli mais surtout l’histoire d’une malédiction, de la malédiction de l’or qui rend fou aussi bien le vieux Suter qui croit posséder une part de tout l’or trouvé ou à trouver en Californie, que son forgeron qui voit de l’or partout depuis qu’il a ramassé les premières pépites. Cendrars est allé au-delà de l’épopée, la folie le hantait, il l’a trouvée dans cette aventure où il a voulu voir une forme de morale : la fortune mal acquise rend malade et condamne ceux qui en profitent.

Débézed - Besançon - 77 ans - 28 novembre 2015


efficace 9 étoiles

"L'or", c'est ce roman magistral de Cendrars qui nous fait voyager à travers le temps. Roman sur le changement d'ère, toujours lié à une nouvelle façon de se faire de l'argent, "L'or" décrit la déchéance irréversible d'un homme qui possède tout. Tout, c'est bien le mot: Suter appréhende l'avenir et sait se placer là où il faut. Alors qu'il est en train de devenir l'homme le plus riche du monde, la découverte d'or le fera chuter.

Ce roman est très bon lorsqu'il décrit les paysages en mutation, après la découverte d'or. Ces villages qui se désertifient, ces hommes incontrôlables qui semblent hypnotisés par leur soif d'argent.

Mais finalement, "L'or" est un grand roman dans sa manière de décrire la chute d'un homme qui a tout. Optimiste ou effrayant, Cendrars a su montrer que rien n'est prévisible et stoïque, que l'on n'est pas à la merci d'un changement radical et que nul, riches comme pauvres, ne peut s'estimer protégé. Magnifique

Ravachol - - 41 ans - 30 décembre 2011


La ruée vers l'or 6 étoiles

Un court roman tiré de faits réels qui commence comme un documentaire mais que le style nerveux de Cendrars rend intéressant. Après la découverte de l’or et la chute du héros, l’histoire se transforme en drame et prend une dimension beaucoup plus humaine jusqu'à la triste conclusion qui donne toute sa force à ce récit. Un livre qui appelle à réflexion.

Kabuto - Craponne - 64 ans - 27 décembre 2010


Un très bon roman 9 étoiles

Tout a été dit avant moi : bon roman, pas représentatif du style de Cendras, écriture en mode journalistique.

L'essentiel étant que personne ne perdra son temps en lisant ce court livre qu'on peut qualifier de roman d'aventure dans la conquête de l'ouest. Evidemment c'est surtout une histoire d'hommes.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 30 septembre 2010


L'argent pour «L'or» 7 étoiles

Nom de l'auteur: Blaise Cendrars
Titre: L'or
Maison d'édition: Folio
Date de Publication: 1960
Nombre de Pages: 169
Genre de l'œuvre: Aventure et Histoire




Résumé:

Johann August Suter, l'auteur a décidé de mettre un seul «t» à Suter, est le personnage principal du roman «L'or» de Blaise Cendrars, aussi connu pour son livre «Le Panama ou les Aventures de mes sept oncles». Dans «L'or», Johann August Suter est le fils d'un chef d'entreprise dans le domaine de la papeterie, situé en Suisse. Il décide dès lors de quitter son pays pour les États-Unis. Il y travaille pendant plusieurs années et apprend les habitudes des étasuniens. Il apprend plus tard l'existence de la Californie et décide d'aller la conquérir. Alors, plusieurs péripéties se succèdent. Où l'on voit Johann August conquérir la Californie, où des guerres font rage et notre héros est récompensé par sa bravoure, où le gouvernement mexicain lui remet officiellement les terres de la Californie et malheureusement où l'on voit M. Suter, devenu milliardaire, ruiné par la découverte de l'or sur ses terres. On assiste alors à une folle poursuite de Johann suter envers le gouvernement américain pour retrouver les droits de sa Californie. Retrouvera-t-il ses terres conquises ou les abandonnera-t-il ? Un dénouement inattendu et une fin émouvante attend le lecteur.

Après un début un peu lent où j'ai eu de la misère à m'accrocher au livre, il faut dire que ce n'était pas trop mon genre de roman, je me suis tout de suite attaché à Johann August Sutter. En effet, C'est un très bon roman. Malgré quelques changements apporté par l'auteur, ce livre nous apprend l'origine de la Californie actuelle. Il faut savoir qu'au début, l'auteur voulait faire une biographie de la vie du général Suter, mais il a décide de faire plutôt un roman historique. J'ai trouvé que le livre a un côté informateur parce qu'il nous apprend un peu sur le passé des États-Unis, en décrivant la ruée vers l'or, la conquête de la Californie et aussi le système judiciaire dans le temps. De plus, Johann August Suter est , selon moi, une personne à laquelle on s'attache dans le roman. Par exemple, lorsqu'il a été ruiné par l'or, j'ai partagé sa peine, j'ai eu de la pitié envers cette personne. Je crois que c'est aussi parce que le général Suter a vraiment existé qu'on a plus de facilité a s'y attacher. Et il ne faut pas oublier la morale que le général Suter nous démontre à travers ses gestes et son comportement: Ne jamais abandonner ce que l'on a commencé. Bref, j'ai aimé cette «Histoire» malgré le fait que ce n'était pas mon genre de livre et j'espère que vous aussi chers internautes, aurez envie de lire ce «genre de biographie» après avoir lu ma critique.


Rashid Mahmood

Rashid - - 33 ans - 4 juin 2010


Une leçon de vie 7 étoiles

Nom de l'auteur : Blaise Cendrars
Titre du livre : L'or
Maison d'édition : Éditions Denoel
Lieu et date de publication : 1927
Nombre de pages : 168 pages

L'or raconte la merveilleuse histoire du premier milliardaire américain, le général Johann August Suter. L'histoire commence lorsque Suter abandonne sa femme et ses quatre enfants. Il se rend en direction des États-Unis où il construit « La Nouvelle-Helvétie ». En 1848, Mr. Marshall, le charpentier de Suter fait la découverte d'or sur les terre de Suter, l'or suivra donc Suter jusqu'à la fin de sa vie. On assiste à la montée de Suter vers la richesse et à sa sa descente.

Les valeurs qui sont véhiculées dans le roman sont très importantes, la religion et la justice sont des valeurs qui animent le personnage principal tout au long de l'histoire.

Il est bien important de noter que c'est la merveilleuse histoire de Suter, parce que Suter a bel et bien existé mais l'histoire que Cendrars a écrit n'est pas exacte en tout point avec la vraie vie du général, il y a des détails de plus mais l'histoire est tout de même basée sur sa vie. Probablement que sans ces détails, ce n'aurait pas été aussi intéressant.

Moi, j'ai beaucoup apprécié ce roman, on ressent de l'admiration devant ce personnage aux qualités exceptionnelles tel que son leadership incroyable et son extrême détermination qui le guide tout au long de sa vie. Par exemple, il continua de défendre sa cause durant des années, rien ne l'arrêtera mis à part son décès. C'est une bonne leçon que l'auteur transmet, ne jamais se décourager, voilà en grande partie ce que j'ai retenu de ce roman.

Je conseille ce roman aux fans d'aventure ou tout simplement aux gens qui seraient intéressés à connaître l'histoire du général Suter. En général, ce roman peut plaire à beaucoup de personnes. Si vous êtes comme moi qui n'aime pas lire de gros roman, ce roman vous plaira puisqu'en plus d'être de courte durée, il est très bien écrit, chaque étape est juste assez longue et l'élément déclencheur arrive assez tôt pour garder le lecteur alerte.


Joe

Joe - - 31 ans - 3 juin 2010


« L'or », un roman? 8 étoiles

Nom de l'auteur : Blaise Cendrars
Titre : L'or
Maison d'édition : Denoël (Éditions Gallimard)
Lieu et date de publication : 10 juin 2004
Nombre de pages : 272

Quand on regarde le livre « L'or » de l'extérieur, qu'on en lit l'envers, il nous a l'air d'un roman comme les autres. Cette idée a été accentuée chez moi par la description qu'on m'en avait faite : un roman palpitant qui saurait rassasier de fougueux jeunes hommes désirant se plonger dans une prenante histoire d'aventure.

Puis, on ouvre le livre et on le lit. Surprise et déception, oui, je l'avoue, déception. Ce livre relate la formidable aventure de Johann August Suter qui passe de pauvre Suisse à premier millionnaire d'Amérique. Vous vous demandez pourquoi déception maintenant j'imagine? J'y arrive! Ce roman, librement inspiré de la vie du Général Suter, est écrit sous la forme d'un livre historique. Le narrateur est extérieur, il survole l'histoire comme s'il avait le diable aux trousses et accorde autant d'importance et le même ton à la plantation d'un champ de navet et à une guerre indienne.

J'ai été déçu, mais simplement parce que, victime de fausse publicité, je m'attendais à autre chose. Mon seul conseil face à ce livre, si vous n'aimez pas les livres d'histoires, tenez-vous en loin, il n'a rien de palpitant. S'il génère en vous un désir de connaître la fin, ce désir loin d'être celui engendré par la culmination d'un roman policier, il s'approche plutôt de la toute humaine curiosité qui nous interdit bien souvent d'abandonner une histoire avant d'en connaître le fin mot.

Hors la déception, reste la valeur du livre en tant que roman historique. Je lui donnerais la meilleur mention dont on puisse affubler ce type de lecture : intéressant. L'histoire est somme toute bien enchaînée, le roman ne s'éternise pas, l'impression de ne tremper que le bout des pieds dans l'histoire est certes déplaisante, mais la vie de Suter est définitivement intéressante. Je comprends aussi pourquoi l'auteur a choisi cette manière de conter l'histoire, car s'il s'était attardé sur chaque détail, avait présenté chaque personnage, décrit chaque combat, chaque magouille, on en serait arrivé avec un roman dont l'acabit serait à même de faire pâlir d'envie Ken Follet et ses piliers de la terre.

Bref, je recommande cette lecture à des gens qui ne craignent pas de lire histoire où l'on lui refilerait de l'information sans emballage alléchant ou affriolant. Je pense faire des recherches et m'attaquer à d'autres ouvrages traitant de Suter qui est un personnage qui m'a vivement intéressé de par son ambition, sa déchéance et sa persistance.

Emilerg - - - ans - 1 juin 2010


Quand l'or et l'argent s'unissent... 5 étoiles

Nom de l'auteur : Blaise Cendrars
Titre : L'or
Maison d'édition : Denoël (Éditions Gallimard)
Lieu et date de publication : 10 juin 2004
Nombre de pages : 272

C'est l'histoire du général Johann August Suter, père de famille et marié. Celui-ci est décidé : il veut partir en Californie. C'est ainsi qu'il abandonne sa femme et ses quatre enfants pour s'exiler volontairement en Californie. C'est le début d'une ascension inattendue vers l'or pour ce suisse républicain. Qui, honnêtement, aurait cru que la récompense offerte à un quadragénaire engagé dans une lutte solitaire pour gravir l'escalier économique serait d'être le premier milliardaire des États-Unis d'Amérique ? Personne, même pas lui. Ses terres et possessions le rendent confiant, et avec raison : Suter a le plus grand domaine des États-Unis. Tout va bien pour l'empire, la sienne, aucun souci. Mais ô que dire du jour où un de ses employés découvre des pépites d'or sur ses terres... Une fois la nouvelle répandue, des milliers de colons s'installent sur les terres de Suter et s'approprient même leur gain : de l'or. Quant à lui, le général Suter se retrouve seul et pauvre, noyé dans une mare de folie, qui elle, l'envahit. Ses lumières s'éteignent, tout comme les mots de Cendrars.

Pour ma part, je dois dire que je n'ai pas particulièrement apprécié le récit de Blaise Cendrars, bien que, devant tenir compte du côté historique de l'histoire de Suter, il y a peu de marge de manœuvre.

D'une part, je blâme Blaise Cendras. L'auteur de « L'or » ne parvient pas à s'effacer du roman. On a l'impression de sentir sa présence à travers les lignes, ou même à travers les gestes de Suter, ce qui fait en sorte qu'il devient pratiquement impossible de s'attacher au personnage principal, Johann August Suter.

Mesdames, messieurs, Blaise Cendrars l'a prouvé : il a de l'imagination et est doué pour décrire un paysage. Cependant, il n'est pas parvenu à trouver son juste milieu. Il y a trop de séquences descriptives pour si peu d'actions. Résultat : trop de mots inutiles qui n'hésitent pas à nous faire complètement décrocher du roman. Les impatients ou les personnes qui lisent peu s'en lasseront rapidement.

Le débat déjà ouvert, j'ajoute un point décisif sur l'appréciation du récit. Oui, il y a le contexte historique à conserver, mais le déroulement de « L'or » est trop mécanique : on peut, et ce, aisément, le diviser en quatre parties, qui elles, résument à elles seules l'ensemble des 272 pages que compte le roman. Ce déroulement mécanique, même trop mécanique, ne présente aucun suspense dans le récit, laissant l'aspect « imprévisibilité » de côté. En lisant « L'or », on a plus l'impression de lire un fait historique dans un vieux bouquin d'histoire qu'un roman racontant une aventure pleine de rebondissements !

Amateurs de romans d'aventures fantastiques et de suspense, ce roman n'est pas pour vous. Par contre, je conseille « L'or » à ceux qui cherchent un récit racontant une aventure VVV. Vraie. Vécue. Véritable. Malgré tout, mon constat reste le même, me fiant à une simple citation maison : cette œuvre écrit par un Suisse est bonne, mais pas autant qu'un bon vieux fromage suisse ! Cette citation maison signifie qu'il y a pire et qu'il y a mieux que « L'or » dans l'immense masse de livres dans l'Univers de la littérature française.


En accord ou en désaccord avec mon point de vue, je vous remercie vous, usagers de CritiquesLibres.com, en espérant vous avoir fait partager mon opinion clairement et en toute simplicité.

Mes plus sincères remerciements,
Alain Térieur

Alain Térieur - - 31 ans - 1 juin 2010


Le plus connu mais le moins représentatif de Cendrars 7 étoiles

Soyons franc, "L'Or" est un bon roman. Un livre, qui comme souvent chez Cendrars a été longtemps en gestation, depuis son enfance où il découvre les aventures du Général Sutter dans un journal pour enfant puis de 1912 à 1925, date de sa parution.
Une constante chez Cendrars, sa capacité à broder autour d'un fait réel. Et c'est ce qui fait la magie de cet auteur.
Du coup, l'ouvrage n'est pas un précis d'histoire sur la naissance de la Californie, mais comme se plaisait à le dire son auteur "une œuvre d'artiste, et non pas d'historien" ... Pas étonnant dès lors (l'or ?), que la parution du livre outre-Atlantique ait été suivie de critiques parfois virulentes à l'égard du Frenchy qui avait osé toucher au mythe d'un des pères fondateurs ! Car il est vrai qu'au détour des invraisemblances ou autres incohérences historiques, le Général Sut(t)er n'en sort pas forcément grandi.

Mais réduire le livre à cette polémique serait vraiment dommage car il n'en reste pas moins que ce roman est captivant, facile à lire et idéal pour aborder Cendrars, même s'il est assez peu représentatif de ses autres œuvres.

Popaul - - 54 ans - 7 octobre 2009


l'or a ruiné Sut(t)er mais l'Or a été un succès de Cendrars 8 étoiles

Cette biographie romancée du général Sutter (Cendrars l'écrit Suter) raconte l'épopée la ruée vers l'or californienne, comment l'homme qui devrait être le plus riche du monde a été ruiné par la découverte d'or sur ses terres.

Le style est assez journalistique s'intéressant à Suter allant directement aux faits, pas de descriptions en profondeur des lieux et de l'époque, juste assez pour que le lecteur puisse imaginer l'époque, Cendrars ne quitte que très rarement son sujet, Suter.

Un écrivain d'origine suisse qui raconte le destin d'un autre Suisse.

Killeur.extreme - Genève - 43 ans - 25 mai 2009


La naissance de la Californie 8 étoiles

Brutale, épique, découpée comme un synopsis de film - qui en rend la lecture niannian, oui, mais assez rapide-, Cendrars nous relate l'histoire vraie ( du moins aux 3/4 ) d'un des plus importants pionniers de la Conquête de l'Ouest.

Quelques détails en plus : capitaine dans l'armée suisse, il s'était en fait enfui en Amérique pour échapper à des dettes... n'hésitant pas à abandonner femme et enfant, obligé alors de se débrouiller avec SES problèmes !
Après la ruine de sa "Nouvelle Helvétie" son fils John August Suter Junior exploitera les terres de son père pour y créer une ville : Sacramento.

Navrant, triste et révoltant tout à la fois.
L'orgueil, l'égoïsme, l'hypocrisie, la cupidité vorace... Un tableau bien noir !
Suter qui s'accapare les territoires indiens -qu'il exploite sans scrupule sur ses fermes- avant de se faire ruiner une décade plus tard par une meute qui s'accapare à son tour ses terres... Quelle leçon et quelle vie tragique !

Une aventure à découvrir.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 1 février 2009


S'empirer 8 étoiles

Blaise Cendrars, après la Grande Guerre, où il a perdu son avant-bras droit en 1915, célèbre avec enthousiasme la naissance du cinéma. Pendant environ cinq ans, il se jettera à corps perdu dans le septième art. Puis, en 1925, le cinéaste Cendrars reviendra à la littérature, en publiant L’Or, la merveilleuse histoire du général Johann August Suter. Le livre rencontre un succès en librairie. Étrangement, en France on le lit comme une œuvre de fiction, tandis que le lectorat américain le lit plutôt comme un documentaire sur le général Suter.

L’écriture de L’Or est à l’image de son personnage principal, le général Suter, sur lequel tout repose. Le texte défile lentement; le rythme est elliptique, fragmenté en courtes séquences. Le lecteur doit presque relire le texte pour s’assurer de n’avoir rien manqué. Ce récit se lit très bien, si l’on aime le style reportage de l’auteur : phrases brèves, scènes projetées sur les pages, comme lisses et informations succinctes claires et suffisantes.

Une jolie suggestion de lecture pour pénétrer en douceur dans l'univers romanesque de Cendrars.

DomPerro - - - ans - 24 octobre 2006


Classique 6 étoiles

L'eldorado ! L'histoire véridique mais néanmoins romancée du premier pionnier Suisse qui s'installa dans l'Ouest américain et y fit fortune, avant de se voir totalement et très injustement ruiné par la découverte de l'or sur ses terres. Le titre, le sous-titre et l'histoire escomptée ne pouvait que me faire saliver d'avance... Las ! C'est une bien morne façon de raconter que nous offre Blaise Cendrars. Le ton est descriptif, ça manque d'anecdotes, de sentiments, et en même temps d'un certain recul si on voulait considérer Suter de façon objective.
Malgré tout, ça reste évidemment intéressant à lire de par l'époque évoquée, la construction de la Californie, le personnage tout à fait hors du commun qu'était Sutter.
Mais je regrette fortement de lire cette histoire sous la plume de Cendrars !

Cuné - - 57 ans - 13 décembre 2005


Reportage 8 étoiles

Cette histoire du Général Suter a fait partie des projets d’écriture de Cendrars pendant plusieurs années avant qu’il ne l’écrive vraiment. C’est dire que c’est un sujet qui lui tenait à cœur, et on le comprend, c’est une aventure immense que la vie de cet homme.
Moi, ce qui m’a frappée dans ce récit, c’est son aspect documentaire. C’est vrai qu’il est inspiré d’une histoire vraie, mais il y a plus que cela. Il semble également que Cendrars se soit appliqué à prendre le ton d’un journaliste ou d’un historien. Loin de nous emmener un peu plus loin que la réalité des faits, il tient au contraire à nous y maintenir. Ainsi toute ces précisions historiques, les chiffres mêmes qu’il donne volontiers, renforcent encore l’impression de lire un compte-rendu plutôt qu’un roman. C’en est un pourtant et, pour preuve, je crois que si plus tard je ne me souviens que d’un passage de ce livre, ce sera celui-ci, peu après la découverte de l’or sur ses terres : «Ils ramassaient tous de l’or qu’ils échangeaient contre de l’eau de vie (…) Mes blés pourrissaient sur pied ; personne pour faire la cueillette dans mes vergers ; dans mes étables, mes plus belles vaches laitières beuglaient à la mort » Je me souviendrai de ce passage à cause du temps que j’ai passé d’abord à déplorer le gâchis puis à me demander s’il s’agissait seulement de l’effet destructeur de l’or ou si les choses auraient été différentes si cela n’avait pas été Ses blés, Ses vergers, Ses vaches…
Beaucoup aimé cette histoire, justement parce qu’elle est vraie.

Sibylline - Normandie - 74 ans - 26 février 2005


La malédiction 7 étoiles

Cendrars tient à nous faire passer le message suivant : l'or, c'est la malédiction. Il nous fera suivre pas à pas l'irrésistible ascension de Suter (pas un enfant de choeur quand même), sa fabuleuse réussite, et sa tout aussi irrésistible déchéance à partir du moment où de l'or est trouvé sur ses domaines.
C'est court, à mi-chemin du reportage et de l'épopée. Pas inoubliable mais curieux. A l'heure de l'ultralibéralisme, on voit bien dans quel camp est né l'Amérique.

Tistou - - 68 ans - 15 décembre 2004