Avec les fées
de Sylvain Tesson

critiqué par Veneziano, le 4 février 2024
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Les péninsules celtes en bateau
De la Galice à l'Ecosse, ne passant par la Bretagne, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande, l'auteur nous présente les paysages des pays formant une même culture, avec la légendes, l'imaginaire, qui l'entourent. Cette épopée étant pratiquée en groupe et en bateau, le mode de locomotion multiplie les sensations et détails de voyage à rapporter. Les marins, combattants, rois et fées viennent l'habiter, comme la série de paysages et de climats marins.
Ce livre nous en apprend ainsi beaucoup, notamment à quelqu'un comme moi qui suis resté à l'écart de la navigation et qui connais peu à la civilisation celte. Il incite au voyage, fait rêver, sur un ton souvent lyrique, grandiloquent, malgré les descriptions prosaïques de logistique. C'est intéressant, pour le savoir comme pour l'imagination.
Un voyage extraordinaire 10 étoiles

L'auteur nous invite à un grand voyage, celui qu'il a effectué en voilier au pays des celtes.
Ils sont trois à composer un équipage .
Leur but c'est de parcourir tout l'arc que constituent les promontoires maritimes de Galice, en Espagne, de Bretagne, des Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Ecosse.
Que font les fées dans cette histoire ? Elles sont les compagnes historiques qui ont façonné ces lieux ou qui leur ont donné cet aspect féérique.
Les lecteurs, entraînés dans cette balade découvrent des espaces magnifiques, peu connus ou mal connus.
L'auteur raconte le périple fait en bateau et en vélo et à pied. Quand ses deux compagnons naviguent, il les suit sur la côte et les rejoint pour les traversées et les parcours un peu longs. C'est une forme de tourisme permettant de tout voir, tout comprendre et lier la mer et la côte.
L'humour est constamment présent dans ce récit précis, bien écrit et passionnant. Lors du passage du voilier en Bretagne, l'auteur n'hésite pas à évoquer une théorie sexuelle « avec menhir incarnant le priapisme du grand Pan ! Le menhir serait la preuve que la mer excite la terre. »C'est une théorie comme d'autres aussi étonnantes qui existent à propos de ces menhirs ! Laquelle est la bonne ?
Le lecteur captivé par cet écrit n'en perd pas une miette. C'est amusant et aussi instructif.
Prenons par exemple l'histoire de l'Irlande qui serait « une énumération de guerres. Pour quelques moutons, les clans se lançaient des raids sanglants ? A chaque vallon son roi, à chaque tertre son dieu.... »
Tout ceci n'a pas empêché ce peuple, de se rassembler, de s'unir – du moins en partie- pour réussir à ce que la République d'Irlande naisse contre la puissance « coloniale » anglaise.
L'auteur qui manie avec un vrai talent la langue française nous présente sa propre interprétation .
Le voyage décrit dans le livre se déroulant au moment du décès de la reine d'Angleterre, Sylvain Tesson qui affirme que l'absence d'un mythe était notre malheur tricolore, précise : « La France découvrit ces anglais inclinés devant un roi qui s'inclinait devant Dieu. Le Français ne s'incline jamais. »

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 22 novembre 2024


La quête du Graal 6 étoiles

Sylvain Tesson part à la rencontre des fées. Et quel meilleur endroit pour les croiser que naviguer ou marcher sur les côtes celtiques de la péninsulaire ibérique, aux côtes bretonnes, " la Bretagne ce corps doux aux pieds déchiquetés", puis les côtes anglaises et irlandaises.

L’auteur nous raconte l’histoire des lieux, les légendes, les reliefs, les vieilles présences, sur les promontoires, et comme une cérémonie, l’adieu au soleil chaque soir.
"La ruine obscure, la mer en rage, le ciel en feu : c’était presque trop beau… .un peintre aurait été taxé du plus pitoyable kitch.. "
Mais il y aussi des rencontres, des échanges avec ses deux amis Humann et Benoît avec qui il navigue. " Nous nous étions bien écoutés et donc bien entendus."

J’ai toujours beaucoup de plaisir à lire Sylvain Tesson, son écriture particulière, cet art de la prose qui magnifie la langue française.
Mais, petit bémol, au fil des pages, le récit devient inévitablement un peu répétitif, redondant.
"Il ne fallait pas se leurrer ! Les ingrédients étaient monotones : pont des caps, crénelure des roches , coiffes des graminées , vagues de sable, émulsion de l’écume. La diversité des compositions laissait croire à l’imagination de la Nature. En réalité, elle se servait d’une géométrie simple à variables infinies."

Marvic - Normandie - 66 ans - 24 août 2024