Le livre disparu
de Colin Thompson

critiqué par LOUBNA, le 10 décembre 2004
(Lille - 40 ans)


La note:  étoiles
Résumé et commentaires
L'histoire se déroule dans une bibliothèque avec un millier de salles. Ce fameux endroit est doté de tous les livres du monde, sauf un qui manque à l'appel. Il a pour titre "Comment ne jamais vieillir". Peter est le seul à connaître l'existence de ce livre manquant, et décide de retrouver à tout prix ce livre perdu. Les deux années suivantes, Peter et Brian partirent chaque nuit à sa recherche, ils passèrent ainsi devant des rangées de livres où des gens en survêtement sautillaient de tous côtés. Peter voyait que tous ces gens avaient des rides sous les yeux, ils ne savaient donc rien du fameux livre qui permettait de ne jamais vieillir ?. Sa mère se demandait où pouvait bien se rendre son fils chaque nuit ? Un jour Peter suivit des vieillards à l'intérieur d'un vieux livre volumineux, un des vieillards lui demanda si le garçon était venu pour le livre, et le lui tendit. En poursuivant son chemin, il apprend par le vieil enfant que ce livre est plus que dangereux. Et décide de ne pas le lire. Le vieil enfant le reconduit vers le monde.

Une histoire originale, il y a également de belles images. Les couleurs sont au jour ! Ce livre est magnifique !
Une
Une mosaïque d’images, de sens, de trouvailles 10 étoiles

Si le pouvoir m’était donné de dédicacer cet album, je le dédicacerais à tous les parents et enseignants qui s’ennuient devant les livres de nos chers bambins. Dans le monde parfois fatigant de la lecture aux enfants, Le livre disparu de Colin Thompson constitue un îlot de plaisir et de découvertes, un goûter sucré fait d’échanges et de silences. Chaque page réserve de nouvelles surprises, que ce soit pour nous ou pour les jeunes apprentis lecteurs.

Un des premiers charmes de l’album réside dans l’histoire, facile à suivre. Les phrases et le vocabulaire, tout en étant simples, réussissent à faire passer un message nuancé et fort. Nous sommes dans une bibliothèque immense, infinie même, qui laisse émerger la nuit venue un véritable microcosme. Un jeune garçon, Peter, part à la recherche d’un livre disparu qui devrait lui donner le secret de la vie éternelle. Cette quête, qui peut d’abord paraître peu originale, devient l’origine de réseaux de sens, de niveaux d’interprétations et de trouvailles très différents.

De nombreux liens se trouvent par ailleurs portés par l’image, d’un style si particulier à Colin Thompson. Réalisées à l’encre avec des mélanges de couleurs personnels à l’auteur, elles sont un vrai festin pour le regard. L’on a même parfois tendance à laisser de côté pour un temps le fil de l’histoire afin de découvrir les nombreuses surprises cachées sur les pages. Nous pouvons nous perdre, émerveillés, dans la grande bibliothèque, où chaque livre reprend le titre d’un roman célèbre en le modifiant légèrement : La petite sereine, Le père goret, L’amour du monde en 80 jours, etc. Pendant ce temps, l’enfant peut chercher les quelques titres qu’il connaît ou partir plus simplement à la chasse aux personnages et scènes fantastiques : un oignon en balade, une fusée au décollage, etc. Chaque page réserve ainsi ses surprises. Tout à coup, on se retrouve dans un jardin chinois, un autre monde, bleu.

Le livre disparu porte, à mon avis, un autre charme fort : celui d’inviter à la relecture. Non pas qu’une lecture unique soit insuffisante pour la compréhension de l’album, mais chaque nouveau passage mène à un nouveau plaisir, que ce soit pour l’adulte ou pour l’enfant. De notre côté, nous pouvons profiter des questions plus profondes soulevées par l’album, nous remettre en cause même. Pourquoi avons-nous si peur de vieillir ? Plus sérieusement encore, la quête de la connaissance et de l’immortalité est discutée, éclairée. On retrouve ainsi dans Le livre disparu le vieil espoir de l’alchimie : trouver la pierre philosophale (équivalente du livre disparu) qui devrait apporter connaissances et prolonger la vie. Parallèlement à ces considérations plus savantes, l’enfant de son côté peut partir, nous emmener même, dans la recherche par exemple de Max, Wallace et Belle, les chiens de Colin Thompson qui se retrouvent sur presque chaque page à la mode de Trouvez Charlie.

On le comprend donc, l’album de Colin Thompson ouvre sur des lectures multiples et variées, pour tous les goûts. Dédicacez-le donc à vous-même et autorisez-vous à ressentir du plaisir face à un album pour la jeunesse.

Carbonara - - 40 ans - 4 juillet 2011