Le passager d'Amercœur
de Armel Job

critiqué par Catinus, le 20 février 2024
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Quatre sur cinq
Nous sommes en 1988, dans la vallée de L’Aisne (près de Bomal). Le professeur Dumont, en promenade avec son chien, découvre le cadavre d’une femme. Il s’agit de Grâce Bonjean qui habite avec son mari, Maurice Modave, dit « Momo », la magnifique villa qui surplombe la vallée. De toute évidence, il s’agit soit d’un accident … soit d’un suicide. « Momo » propriétaire de la villa, est également à la tête du magasin de chaussures de luxe « Au pied levé », rue de la Régence à Liège. Il fut, il y a peu encore, une des gloires du RFC liégeois.
Le gendarme adjudant-chef Guillaume (qui aspire à une promotion dans sa carrière) mène officiellement l’enquête qui est de mise puisqu’il y a mort violente. Contrairement à sa hiérarchie, lui, il pencherait plutôt pour …un crime.
Voici encore un brillant roman policier dont monsieur Armel Job a le secret. Cotation : quatre étoiles (et même un peu plus) sur cinq.

Extrait :

Après mes études, j’ai quitté Liège pour une autre ville où j’avais trouvé du travail et où j’ai fini par m’incruster. Liège, cependant, est une ville dont on se détache difficilement. Pour quelle raison, je ne saurais le dire, mais c’est un fait que la plupart des Liégeois confirmeraient, quels que soient leurs justes griefs à l’égard de leur langoureuse patrie. Liège est un peu comme la frayère des truites et des saumons. Si on y est né, on a beau lui préférer des eaux plus profondes, on finit toujours par y faire retour afin de s’y ressourcer.
Amours destructeurs 9 étoiles

C’est un récit beaucoup plus glauque et sombre que d’habitude que nous conte l’auteur ardennais en gardant ses recettes qui rendent ses romans si savoureux, en particulier par son analyse psychologique de personnages plus entiers qui tournent autour d’un anti-héros qui semble plus subir que vivre l’histoire.

Comme l’ouvrage précédant celui-ci "Le meurtre du docteur Van Loo", on assiste à une enquête policière après que deux suicides soient venus hanter une villa à la vue imprenable sur une vallée de l’Ardenne liégeoise. Mais s’agissait-il de suicides ou n’aurait-on pas quelque peu aidé les victimes à passer au-dessus de la balustrade ?

Au fil du récit, le lecteur est baladé dans toutes les hypothèses possibles, fermant une porte pour ouvrir une nouvelle fenêtre vers ce que pourrait être la vérité, qui, et je cite l’auteur, n’est jamais qu’un horizon.

L’écrivain laisse aussi croire qu’il se met en scène, tant au début qu’à la fin de ce roman, tout en laissant passer des réflexions sur la mort, le bonheur et ce qui est l’amour lorsqu’il prend des formes destructrices.

Ainsi, encore un très bon roman d’Armel Job, auteur au style si prenant de réalisme, et qui ne déçoit que rarement.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 30 juin 2024