Suite inoubliable
de Akira Mizubayashi

critiqué par Jfp, le 10 mars 2024
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
la paix dans l'âme
Un merveilleux petit roman, hymne à la paix et à l’amour, où l’on retrouve avec le plus grand plaisir quelques-uns des personnages qui ont marqué nos lectures des deux précédents romans de cet auteur, "Âme brisée" et "Reine de cœur". Amour de la musique, amour tout court, et la mort, prégnante lorsqu’il s’agit d’évoquer cette période trouble de l’histoire du Japon où un empereur, avide de conquérir le monde et d’un pouvoir absolu sur ses "sujets", était considéré comme un dieu vivant incarnant le "peuple élu". Une époque heureusement révolue, du moins pour le moment, mais qui hante l’auteur et ses personnages. Le violoncelle, cet instrument si proche de la voix humaine, est mis à l’honneur à travers les six suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach, dont la puissance évocatrice est minutieusement décrite dans l’interprétation qu’en donne le jeune virtuose Guillaume Walter. Le mystère est omniprésent, captant si besoin en était l’attention du lecteur, déjà accaparé par son attachement aux personnages, tant masculins que féminins. Décidément, on ne se lassera jamais de la prose de cet auteur japonais, écrivant merveilleusement bien dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle mais dont il a su capter toutes les subtilités. Une petite merveille, avec un message humaniste faisant chaud au cœur en ces temps où nos oreilles de mélomanes sont douloureusement meurtries par des bruits de bottes…
Fracture d'âme 9 étoiles

1945 . Hortense Schmidt, luthière au Japon, s’est éloignée de Tokyo à cause des bombardements intensifs sur la ville où elle s’était installée sur les conseils de Ken Mizutani, jeune violoncelliste de génie de 25 ans, qu’elle avait rencontré en France où il avait étudié de 1936 à 1939.
Mais ce jour de 1945, Ken est venu dire au revoir à sa luthière ; il a reçu le "fatidique papier rouge" l’informant de sa mobilisation alors que le pays est en plein désastre.
Pour quelques heures , ils oublient leurs 10 années de différence, pour une dernière nuit, loin de la barbarie·
Avant de partir il lui laisse son Goffriller, violoncelle exceptionnel, rare et ancien, fabriqué en 1712 dont il avait l’usage pour 7 ans. Charge à Hortense de le rapporter à la fondation Lorenzetti à Lausanne.

2016. Guillaume Walter, lors d’un concert croit entendre "un petit dérèglement" à l’intérieur de son violoncelle. Le lendemain, il se rend chez son luthier de 89 ans Jacques Maillard-Rei Mizusawa, qui lui présente son apprentie, une jeune et brillante luthière Pamina Schmidt. Celle-ci est troublée par le violoncelle : "cet instrument qu’elle n’avait jamais vu mais qu’elle avait quand même déjà vu quelque part."
Pamina chargée de vérifier et détabler l’instrument y découvre une lettre cachée.
Guillaume, intrigué par cette découverte, part à la recherche de l’histoire des grands-parents de Pamina.

Je retrouve dans ce merveilleux roman, tout ce qui m’avait séduit dans Âme brisée. Akira Mizubayashi n’est pas seulement un grand écrivain, un grand musicien, il maîtrise superbement l’art de nous offrir un voyage musical avec des lettres et des mots, dans le silence d’une lecture passionnante, sur les traces d’un passé douloureux et d’un présent lumineux.

Marvic - Normandie - 66 ans - 27 août 2024


La musique contre la guerre ! 9 étoiles

SUITE INOUBLIABLE


C'est par hasard que j'ai pris ce livre sur le présentoire de la bibliothèque de Vaux-le-Pénil.
Je l'ai ouvert ce matin et je viens de le terminer il y a dix minutes.
Je suis conquis.
L'auteure nous transporte d'une époque à une autre, d'un pays à l'autre.
Nous commençons en France pour partir avec l'un des héros avec son violoncelle à Tokyo et au Japon.
C'est le déclenchement de la deuxième guerre qui se prépare , Ken retourne au Japon après avoir appris le français et gagné un grand concours de musique.
Il est pris dans l'engrenage où il devient la victime de la folie de l'Empereur du Japon qui décide de sacrifier la jeunesse de son pays pour sa propre grandeur.
Ce musicien et d'autres, ivres de musique et amoureux de la paix vont disparaître lors de combats dont ils ne comprennent ni les raisons qui poussent les belligérants ni la réaction passive d'une immense majorité de la population.
« Le gouvernement militaire, malgré la débâcle générale, continue à faire croire à la nation entière à la victoire finale du « Pays divin » ? »
Gare aux pacifistes même si leurs armes sont à priori inoffensives : les notes et les sons sont craintes par les dictateurs.
Les puissants dans leurs folies n'aiment ni les romances, ni la culture ni l'art !

Longtemps après, à notre époque, ou presque, des musiciens retrouvent par hasard les noms et les traces de certains de ces disparus et notamment de Ken.
Le violoncelle ou plutôt les violoncelles vont livrer leurs secrets et ce roman nous appelle à la réflexion sur la folie de gouvernants, sur l'égoïsme des fomenteurs de guerres et sur la musique et l'amour qui se veulent plus forts que la violence.
Bach et ses suites inoubliables pour la paix nous accompagnent durant ce roman.

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 20 mars 2024